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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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un touriste innocent ! s’exclama-t-il d’une voix acerbe. Et d’ailleurs, tu peux avoir l’air inoffensif, mais on a vite fait de s’apercevoir que rien ne t’échappe.
    Il avait donc cessé de me prendre pour un Romain dissolu vêtu d’une tunique rapetassée.
    — Tu caches un poignard dans ta botte et tu t’en sers pour couper des asperges à la façon de quelqu’un qui l’a utilisé pour des tâches inavouables.
    S’il était exact que mon poignard avait parfois plongé dans de la viande avariée, ça ne le regardait en rien. Je me contentai donc de lui sourire en disant :
    — Je suis agent de l’empereur.
    — Je ne veux rien savoir de tout ça, Falco, même si j’admets qu’il faut sans doute que quelqu’un fasse le travail qui est le tien.
    Je lui tapotai gentiment l’épaule pour le rassurer dans la mesure du possible. Le pauvre avait l’air tellement innocent. Et, à en croire ma vaste expérience, ça signifiait certainement que ce sournois allait essayer de me berner à la première occasion.
    Nous reprîmes tous les deux la direction de la maison, en suivant une piste dont le sol était déjà sec et poussiéreux à cette époque de l’année. La terre rouge du pays avait marqué mes bottes d’une façon qui me paraissait indélébile. C’était une belle journée ; un temps idéal pour que les hommes qui souhaitaient truquer le marché de l’huile d’olive enfourchent leurs fringants chevaux hispaniques et se rassemblent chez l’un des membres du cartel afin de peaufiner leurs plans.
    — Optatus, je t’ai mentionné quelques noms. Dis-moi ce que tu sais sur ces hommes. J’ai surtout besoin d’apprendre quel genre de relations ils entretiennent entre eux et avec leur ami Attractus.
    Je le vis lutter contre la répulsion qu’il avait à aborder le sujet. Certaines personnes n’aiment rien tant que cancaner ; d’autres, beaucoup plus rares, trouvent que révéler la moindre chose sur leurs voisins est de fort mauvais goût. Ce sont celles qui présentent le plus grand intérêt pour un enquêteur : elles se sentent offensées si on leur offre de l’argent et elles disent la vérité.
    — Allons, Marius ! insistai-je. Tu n’arriveras jamais à me faire croire que tu ne connais pas les gros bonnets du coin. Les Annæi sont une des familles les plus éminentes de Cordoue. Annæus Maximus doit donc peser d’un grand poids en Bétique. Il appartient à la famille des Sénèques, c’est-à-dire une des plus grosses fortunes du pays.
    — Ça, c’est vrai.
    — Oui, tout le monde le sait, alors pas besoin de faire ton timide. Et Licinius Rufius ?
    — Il n’appartient pas à la même catégorie.
    — Ils comptent des sénateurs dans leurs rangs ?
    — Non, mais je suppose que ça viendra. Licinius lui-même est assez âgé, mais il a consacré toute sa vie à améliorer sa position sociale à Cordoue. Il compte bien avoir encore le temps de bâtir une dynastie. Il se montre très ambitieux pour ses deux petits-enfants. Leurs parents sont morts jeunes et c’est lui qui les a élevés.
    — Des prêtres, des magistrats dans la famille ?
    — Il est prévu que Rufius Constans aille à Rome, mentionna-t-il. C’est pas du tout le même genre de carrière.
    J’eus l’impression qu’Optatus n’approuvait pas.
    — J’ai toujours cru qu’une carrière menait à l’autre.
    — Pas en province, Falco. En province, il faut choisir. Tu as parlé des Annæi. Et bien justement : Sénèque avait beau être un auteur célèbre, il est resté obscur, socialement parlant. De ses trois fils, l’un est tout de suite devenu sénateur, ce qui lui a valu très vite une grande notoriété. Le deuxième est également allé à Rome, où il a d’abord fait partie de l’ordre équestre avant d’être élu lui aussi au Sénat, mais bien plus tard. Il a d’abord laissé le temps à ses qualités naissantes de se développer. Et il est également devenu un personnage important. Le troisième a passé toute sa vie à Cordoue.
    — Comme le font les Annæi de nos jours.
    — Il n’y a pas de honte à vivre en province, Falco !
    — On peut aussi passer de bons moments à Rome, commentai-je. Mais parlons plutôt de Rufius Constans. Ce jeune homme est donc l’un des joyaux de la haute société bétique. Il a une vingtaine d’années, et pour le lancer dans le monde, son grand-père l’a récemment emmené à Rome.
    — En effet, c’est ce que j’ai entendu

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