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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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était furieuse.
    — C’est monstrueux ! s’écria-t-elle. Je suis certaine qu’il n’est pas trop tard pour traîner ton propriétaire devant le conseil régional et exiger d’être rétabli dans tes fonctions.
    — Mon ancien propriétaire, précisa Optatus d’une voix posée, est un homme extrêmement puissant.
    — Mais il est possible de porter ce genre de contestation directement devant le gouverneur de la province, argua-t-elle.
    Helena Justina refusait toujours de céder devant l’injustice.
    — Ou devant le questeur, acquiesça Optatus d’une voix tendue, quand le proconsul le délègue à sa place pour instruire les plaintes. C’est d’ailleurs ce qui se passe à Cordoue.
    Je me rappelai alors que le nouveau questeur était Quinctius Quadratus, le fils du sénateur que j’avais rencontré deux fois et qui m’avait inspiré une si vive antipathie. Mais je n’oubliais pas que j’étais un Romain à l’étranger et qu’il était de mon devoir de défendre le système :
    — Quand le questeur parle au nom du gouverneur, il est tenu de traiter consciencieusement les affaires qui lui sont soumises.
    — Oui, sans doute, railla Optatus. Je dois cependant vous informer tous les deux d’un petit détail. Mon ancien propriétaire s’appelle Quinctius Attractus, et il faudrait que je soumette ma plainte à son fils.
    Helena Justina elle-même ne trouva rien à rétorquer.

20
    Je tenais à connaître mieux Optatus avant de tenir des propos ayant une connotation politique. Je feignis donc de bâiller à me décrocher la mâchoire et nous allâmes nous coucher. Il nous avait parlé d’antagonismes locaux et de diverses tricheries, mais ces choses-là arrivent partout. La vie urbaine paraît bruyante et violente, mais c’est souvent pire à la campagne où des brouilles tenaces s’enveniment derrière chaque buisson.
    Le lendemain, je n’eus aucun mal à persuader le fermier de me faire faire le tour de la propriété. Nous prîmes d’abord la direction des oliviers qui étaient en quelque sorte responsables des ennuis d’Optatus. Folle de joie, Nux gambadait autour de nous en aboyant contre les nuages, visiblement persuadée que cette promenade était organisée à son intention. Mon compagnon m’apprit que le long du Guadalquivir, en direction de l’ouest, on trouvait de vastes domaines appartenant soit à de riches familles locales soit à des investisseurs romains. Il y avait aussi nombre de fermes plus petites dont beaucoup étaient louées à des fermiers.
    Camillus Verus, perpétuellement à court de liquidités, avait acheté une propriété qui, bien que modeste, offrait beaucoup de possibilités grâce à son emplacement. Les collines basses au sud du Guadalquivir s’avéraient aussi fertiles que les montagnes s’élevant au nord du fleuve étaient riches en cuivre et en argent. Et il m’apparaissait déjà clairement que le nouveau locataire saurait tirer parti de toutes ces opportunités.
    Optatus m’avait montré un immense silo souterrain, où le grain, stocké sur un lit de paille, pourrait se conserver pendant un demi-siècle.
    — La qualité du blé est excellente et le terrain permettrait de planter d’autres céréales, avait-il précisé.
    Un peu plus tard, en passant devant un lit d’asperges, je m’étais permis de couper quelques turions avec mon poignard. Si mon guide bénévole remarqua que je savais choisir les meilleurs et laisser ce qu’il fallait pour la repousse, il n’en laissa rien paraître. Nous marchâmes quelques instants en silence avant qu’il reprenne la parole :
    — Il y a un vignoble dont il faudrait sérieusement s’occuper, et aussi des prunes de Damas et des noix.
    — Des amandes ?
    — Également, oui. Et puis les oliviers qui souffrent beaucoup.
    — De quoi ? demandai-je.
    Nous étions arrivés devant et je ne remarquais rien de spécial. Il faut dire que pour moi, une oliveraie est une oliveraie. À moins que des nymphes se faufilent entre les arbres toutes draperies au vent.
    — Les arbres sont trop hauts. (Certains mesuraient au moins deux fois ma taille.) Pour faciliter la cueillette, ils ne devraient pas dépasser la hauteur d’un grand bœuf.
    — Je croyais qu’on faisait tomber les olives à coups de bâton et qu’on les ramassait dans un filet ?
    — C’est une très mauvaise méthode, rétorqua Optatus, qui dissimulait mal son agacement. Les coups de bâtons cassent souvent les rameaux qui portent

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