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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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les fruits et les olives s’abîment en tombant. Il n’y a pas mieux que le ramassage à la main. Et il faut renouveler l’opération plusieurs fois pour chaque arbre, en ne cueillant que les olives mûres à point.
    — Vertes ou noires ? Lesquelles préfères-tu presser ?
    — Ça dépend de la variété.
    Il me montra alors où il dégageait le sol, pour exposer les racines et retirer les drageons. Il avait également commencé à tailler sévèrement les branches supérieures pour réduire sensiblement la hauteur des arbres.
    — Tu infliges un traitement de choc à ces oliviers ! Ça ne va pas les affecter ? demandai-je.
    — C’est un arbre particulièrement résistant. Même déraciné, un olivier va produire des fruits si le moindre bout de racine reste en contact avec le sol.
    — Et ils vivent très vieux.
    — On parle de cinq cents ans.
    — À condition de bien s’en occuper, je pense. Ça doit être pénible pour un locataire de tout recommencer à zéro, compatis-je en l’observant attentivement.
    Son expression ne se modifia en rien, mais jusqu’à présent je l’avais toujours vu garder le contrôle de soi.
    — J’ai planté des drageons le mois dernier dans la pépinière, mais ils ne donneront pas de fruits avant au moins cinq ans. Et il faudra attendre vingt ans de plus pour que leur rendement atteigne son maximum. Oui, s’occuper d’oliviers est un travail de longue haleine.
    J’avais beau mourir d’envie de lui poser des questions sur Quinctius Attractus, son ancien propriétaire, j’ignorais comment m’y prendre pour ne pas le brusquer et le voir se refermer comme une huître. La veille, après avoir bu un certain nombre de coupes de vin, il avait laissé percer ses sentiments. C’était loin d’être le cas ce matin. Or, si je suis le premier à respecter la vie privée d’un homme, je m’assieds sur mes principes quand j’ai un urgent besoin de renseignements.
    En fait, il m’évita le problème de mal commencer la discussion. Ce fut lui qui déclara d’un ton assez maussade :
    — Je suppose que tu veux que je te parle des Quinctii !
    — Exact, mais tu es libre de le faire ou non.
    — Vraiment ? (Je voyais la colère monter en lui.) Ça t’intéresse de savoir comment le père m’a complètement démoli pour la plus grande satisfaction du fils, hein ?
    — C’est donc ce qui t’est arrivé ?
    Optatus respira profondément. Mon attitude décontractée l’avait poussé à se détendre un peu lui aussi.
    — Bien sûr que non.
    — J’avoue que j’aurais eu du mal à y croire, remarquai-je. Si tel avait été le cas, je pense que tu te serais défendu et que certaines personnes se seraient rangées de ton côté. Alors, si tu es parti sans histoires, c’est que tu étais persuadé que – techniquement parlant – les Quinctii avaient la loi de leur côté.
    — J’ai naturellement beaucoup de mal à me montrer partial, avoua le fermier. J’ai été incapable de réagir car ils ont procédé avec la plus grande subtilité. J’éprouve toujours un immense sentiment d’injustice, mais il est impossible de prouver qu’ils ont agi malhonnêtement.
    — Pourquoi tenaient-ils tellement à se débarrasser de toi ?
    — Ils voulaient agrandir leur propre domaine. Le moyen le plus simple était donc de m’expulser des terres dont ma famille améliorait le rendement depuis des générations. De cette façon, ils n’avaient pas besoin d’investir pour récolter. Et c’est moi qui leur ai fourni un motif de rompre le bail.
    — Je suppose qu’ils n’ont pas pris de gants ?
    — Le père était à Rome. C’est son fils, le jeune Quinctius Quadratus, qui m’a regardé partir avec mon lit, mes outils et ma boîte à sel. Et visiblement, l’idée qu’il était en train de me causer du tort ne lui effleurait même pas l’esprit.
    — Tu l’appelles « jeune » ! m’exclamai-je. On vient de lui confier la charge de la fiscalité de cette province ! Il n’a plus rien d’un enfant.
    — Il a tout juste vingt-cinq ans.
    — Oui, il a obtenu son poste de questeur dès que ça a été possible. À notre époque, la jeunesse dorée n’a pas envie de perdre de temps. Elle veut obtenir les premiers honneurs au plus tôt afin d’en accumuler un maximum au cours des années.
    — Écoute, ça n’a rien à voir avec moi, se résigna Optatus. Dans ma famille, c’est par goût qu’on a été fermiers de génération en

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