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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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génération. Et on jouissait même d’un certain prestige dans la région. Et puis, je n’étais pas sans ressources en quittant le domaine de Quadratus. Mes grands-parents d’abord, et mes parents ensuite, comprenaient la précarité de notre situation ; ils ont donc tenu à jour la liste de tout le matériel qui nous appartenait en propre. Le moment venu, ça m’a apporté une certaine satisfaction de tout emporter.
    — Est-ce que Quadratus a essayé d’ergoter ?
    — Il en avait envie. Je souhaitais qu’il le fasse. Mais il est bien trop habile pour ça.
    — Ç’aurait été du vol, ni plus ni moins. Et son image publique en aurait pris un sacré coup. Est-ce qu’il est intelligent, d’après toi ?
    — À n’en pas douter.
    Ils sont toujours intelligents, ces jeunes arrivistes qui passent leur vie à détruire celle des autres.
     
    Nous prîmes ensuite la direction de la pépinière où je m’obligeai à inspecter les jeunes pousses dont Optatus était si fier. Il n’en aurait confié le soin à quiconque pour rien au monde. Il profita de notre visite pour les arroser en puisant de l’eau dans un tonneau, encourageant au passage d’une parole aimable celles qui avaient la feuille un peu tristounette. C’est seulement en le voyant agir de la sorte que je pris toute la mesure du chagrin qu’il avait éprouvé en perdant la ferme gérée par sa famille pendant plusieurs générations. Ce qui n’améliora évidemment pas l’opinion que je m’étais forgée de la famille Quinctius.
    Il avait beau ne pas se départir de sa politesse, je sentais qu’il avait envie d’être débarrassé de moi. De toute façon, j’avais eu ma dose. Optatus insista pour me raccompagner jusqu’à la maison, comme pour s’assurer que je n’allais pas rester dans ses jambes.
    Nous nous arrêtâmes en route afin de jeter un coup d’œil dans quelques bâtiments, dont un qui abritait les olives destinées à la consommation de la maison jusqu’à la récolte suivante. Conservées dans des amphores, elles baignaient dans divers assaisonnements dont il me détailla la composition pendant le reste du trajet. Juste à ce moment-là, il se produisit un véritable désastre. Nous étions en vue du petit jardin qui précédait le bâtiment principal et nous aperçûmes Helena Justina qui s’efforçait d’attraper Nux. Sans y parvenir. Dès qu’elle nous vit, la chienne fonça fièrement vers nous en brandissant un bout de bois dans sa gueule.
    Je compris presque en même temps qu’Optatus de quoi il s’agissait et laissai échapper un juron bien senti. Mon compagnon, lui, hurla comme s’il venait d’être blessé à mort. Se saisissant d’un balai appuyé contre le mur, il essaya de le briser sur l’échine de la chienne. Helena Justina se recula en poussant un cri. Tout en protestant, je réussis à saisir la coupable par la peau du cou. Je la tirai vivement en arrière, hors de portée du balai brandi par le fermier. Je parvins à lui retirer son trophée de la gueule, mais elle s’était libérée de ma prise et bondissait autour de moi dans l’espoir que j’allais le lui lancer. Ce n’était vraiment pas le moment !
    Le corps d’Optatus était devenu rigide et son visage d’une pâleur inquiétante. La fureur l’empêchait de prononcer la moindre parole. Après maints efforts, quelques mots arrivèrent à franchir ses dents serrées.
    — Falco ! Ta sale chienne a déterré un drageon dans ma pépinière !
    Difficile à nier.
    Helena, qui avait de nouveau capturé Nux, l’entraîna avec elle pour la gronder. Quant à moi, tenant toujours le précieux bébé, je repris la direction de la pépinière, Optatus sur les talons. En réalité, nous pûmes constater que Nux n’avait arraché qu’un seul rejet et déterré deux ou trois autres.
    — Désolé, crus-je bon de dire. Nux est une chienne des villes, elle n’est pas habituée à se trouver en liberté dans une ferme…
    Après avoir replanté moi-même le futur olivier contre son tuteur, comme mon grand-père et mon grand-oncle me l’avaient appris quand j’étais encore enfant, j’aplatis la terre tout autour de la semelle de ma botte. Ce faisant, je ne pouvais m’empêcher de songer que le fermier avait un peu trop tendance à dramatiser. Toujours sans rien lui demander – son air furieux était suffisamment dissuasif ! –, j’allai chercher de l’eau dans le tonneau pour arroser ma nouvelle plantation.
    — Les

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