Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
la politique locale, par l’entremise d’un petit nombre de familles influentes, leur était aussi naturel que de cracher.
    — Je suis certain que notre cher gouverneur se fait un plaisir d’assister à toutes leurs réceptions, dis-je à Helena Justina sans élever la voix. Et quand lui-même organise un banquet au palais, on retrouve les mêmes noms sur sa liste d’invités. Étant donné ce que nous voyons, j’avoue être surpris que le proconsul se soit montré aussi franc qu’il l’a été.
    Helena paraissait inquiète.
    — Est-ce que tu regrettes d’être allé te présenter à lui ?
    — Non, c’est un homme de Vespasien et je me sens en sécurité. De toute façon, je représente Læta et je n’avais pas le choix. Mais maintenant que j’ai constaté quelles sont ses obligations sociales, je me garderai bien de retourner le voir si je peux l’éviter.
     
    Le spectacle commença. Il consistait en une série de courtes scènes qu’on avait jugées appropriées pour ce genre d’auditoire. Le texte était d’une platitude infinie et il était impossible d’y déceler la moindre trace d’humour. Grâce au Ciel, j’avais déjà assisté à de meilleures pièces. J’en avais d’ailleurs écrit une moi-même, nettement supérieure à ce qu’on prétendait nous infliger.
    Nous prîmes notre mal en patience pendant un certain temps. Moi qui avais passé une longue période dans l’armée, j’avais appris à supporter des platitudes d’un mortel ennui. Ce fut Helena Justina qui renonça la première à prolonger le supplice. Elle décida de regagner la ferme paternelle.
    — Je ne vois pas l’intérêt d’attendre. L’occasion que tu cherches de parler avec Annæus n’a aucune chance de se produire ici.
    — Tu as raison. Mais un magistrat de son importance se doit d’habiter à moins d’un mille de la cité. Et je pourrais lui rendre visite chez lui ce soir.
    Helena parut encore plus déprimée à l’idée de traîner en ville tout l’après-midi, jusqu’à ce que mon bonhomme soit enfin disponible, pour répondre à quelques questions.
    Le portier du théâtre eut l’air fort surpris de nous voir partir au beau milieu d’un si beau spectacle. Nous récupérâmes Marmarides, qui paraissait encore suffisamment sobre pour conduire. Je lui demandai de raccompagner Helena Justina à la maison. Quant à moi, je me débrouillerais à trouver un moyen de transport plus tard dans la soirée ou le lendemain. Plutôt le lendemain, car louer une mule pour parcourir des chemins inconnus dans l’obscurité totale pouvait réserver de bien mauvaises surprises.
    Je les accompagnai jusqu’au pont franchissant le Guadalquivir.
    — Je vais passer un marché avec toi, déclara ma compagne. Je rentre toute seule à la maison, sans histoires, et tu restes pour essayer de parler à Annæus. Mais demain, c’est moi qui me rendrai dans la propriété de Licinius Rufius pour faire la connaissance de sa petite-fille.
    — Alors qui sait ? Demande-lui si elle sait danser ! ricanai-je.
    Le pont conduisant à Cordoue mesurait trois cent soixante-cinq enjambées, une pour chaque jour de l’année. Je les avais comptées en rebroussant chemin le cœur gros.
    Pour tuer le temps, je décidai d’aller jeter un coup d’œil aux bureaux de fret, dans l’espoir de rencontrer un autre de mes suspects. Vain espoir. Toutes les huttes plantées au bord du quai étaient fermées. Un pêcheur aux yeux vitreux me précisa que c’était à cause du festival et que tout resterait fermé pendant les trois prochains jours.

25
    Plus tard dans la journée, je quittai la cité par la porte nord-ouest. Je n’avais eu aucun mal à apprendre l’adresse d’Annæus Maximus. Il était l’heureux propriétaire d’une magnifique résidence à l’extérieur de la ville. Il devait y être tranquille pour préparer les prochaines élections, tandis que son épouse tenait salon pour les autres femmes de notables. Pendant ce temps, leurs enfants livrés à eux-mêmes pouvaient accumuler les idioties.
    Au-delà de la nécropole, très espacées les unes des autres, s’élevaient quelques superbes demeures constituant une enclave réservée aux richissimes. Là, rien ne venait les troubler, à part les aboiements de leurs chiens de chasse, les hennissements de leurs chevaux, les hurlements de leurs enfants, les disputes de leurs esclaves et les allées et venues de leurs visiteurs. Celle d’Annæus se dressait au centre

Weitere Kostenlose Bücher