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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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je n’avais obtenu aucun résultat concret, j’étais néanmoins conscient d’avoir touché des nerfs sensibles. Il était resté bien trop calme. S’il était innocent, il aurait dû réagir à mes insultes mal déguisées. S’il ignorait tout de l’existence d’une conspiration, il aurait dû se montrer outragé à l’idée que certains de ses invités si richement habillés en faisaient peut-être partie – trahissant ainsi les critères de transparence et d’honnêteté qu’il attribuait au commerce bétique de l’huile d’olive. Et il aurait dû se montrer inquiet de la réaction éventuelle de Rome.
    Sans aucun doute, il savait que des intrigues étaient en train de se nouer parmi les gros propriétaires. Et même s’il ne participait pas personnellement au complot, il en connaissait les membres.
     
    En quittant le domaine, j’eus un aperçu de ses obligations familiales. Alors que leurs aînés commençaient à festoyer, la jeune génération partait s’encanailler en ville. Si les trois fils Annæus étaient devenus des amis d’Ælianus, le frère d’Helena devait garder un excellent souvenir de son séjour en Bétique. Les âges variaient un peu, mais la mentalité paraissait la même.
    Ils sortaient des écuries au grand galop au moment où je reprenais péniblement à pied la direction de Cordoue. Ils me frôlèrent d’un peu trop près pour mon goût et s’éloignèrent en hurlant de rire à la pensée du bon tour qu’ils venaient de me jouer.
    Je vis alors une jeune femme, peut-être leur sœur, sortir à son tour de la maison. Âgée d’environ vingt-cinq ans, paraissant sûre d’elle, enveloppée dans une étole garnie de fourrure. Et je n’avais encore jamais vu autant de perles et de saphirs orner une seule poitrine. Beaucoup trop, en vérité, pour que quiconque puisse se forger une idée sur la poitrine – qui toutefois s’annonçait prometteuse. Elle se dirigea vers une voiture d’où sortait la tête d’un garçon à peu près du même âge. Un jeune homme immoralement beau. Il encourageait de la voix un autre mâle plus jeune que lui et apparemment beaucoup plus ivre, qui venait de se précipiter hors du cabriolet pour vomir sans retenue sur le perron immaculé de la maison. Décidément, Cordoue s’en donnait à cœur joie en période de festival.
    Je leur aurais bien demandé de m’emmener, mais à la pensée que ce jeune freluquet allait probablement me vomir dessus, je m’abstins.
     
    C’est donc sans avoir ni mangé ni bu que je poursuivis mon chemin vers la cité. Il n’était pas question de regagner le domaine des Camillus avant le lendemain. J’allais donc devoir me trouver une auberge dont le patron ne serait pas trop soûl et aurait encore un lit de disponible malgré la foule des visiteurs. Et auparavant, je devais emprunter une route de campagne dans l’obscurité la plus complète, pour ensuite me retrouver dans les ruelles tout aussi sombres de la ville après avoir longé la nécropole. Or, si je n’avais jamais eu peur des fantômes, je me méfiais des personnages de chair et d’os qui se dissimulent souvent parmi les tombes pendant la nuit.
    J’avançais d’un bon pas. J’avais plié ma toge – pour autant qu’il soit possible de plier cette espèce d’ellipse –, afin de la jeter sur mon épaule. Avant de quitter la zone éclairée par des torches, je n’avais pas hésité à en voler une. Tout en récapitulant les événements de la journée, je tendais l’oreille pour m’assurer que personne ne me suivait. Je n’entendais absolument rien. Et pourtant, une pierre surgie de nulle part me frappa à la base du cou, me causant une vive douleur.

26
    Je fis brusquement demi-tour en tirant mon sabre. Si, à Rome, il est illégal de porter une arme, il en allait autrement en Bétique. Aucun Romain n’ignore que les provinces sont des repaires de bandits ; alors, qu’ils s’y trouvent en vacances ou en service commandé, ils ne s’y déplacent que bien armés.
    Ironiquement, mon sabre, relique clandestine de mes cinq années passées dans l’armée, possédait une lame courte et résistante forgée dans le meilleur acier hispanique.
    J’écoutais, tous mes sens en éveil. S’il y avait plus d’un assaillant, je risquais d’être rapidement débordé. Je ne pouvais m’empêcher de penser à la façon dont Anacrites et Valentinus avaient été agressés.
    Toutefois, personne ne se précipita sur moi, et je ne distinguais pas

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