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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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incapable de contrôler un adolescent. J’avais presque envie de rappeler au pauvre Annæus qu’il n’oublie pas d’emporter les clefs de sa cave avec lui.
    Puis je croisai le regard plutôt narquois d’Helena et j’envisageai soudain l’avenir avec davantage d’optimisme. Nos enfants seraient mieux élevés que l’Irresponsable, l’Intrépide et le Fouineur. Ils auraient pour commencer des parents modèles qu’ils allaient aimer et respecter. Ils ne braveraient pas les interdits et suivraient nos conseils à la lettre. Oui, mes propres enfants seraient différents.

34
    Ce travail allait me demander plus de temps que prévu – comme tous ceux que j’entreprenais. Du moins, était-ce un travail civilisé. En réalité, j’étais plus habitué à me soûler durant de longues pauses dans de sordides bars à vin où éclataient souvent des bagarres auxquelles je me retrouvais mêlé malgré moi.
    Le lendemain, j’étais de retour à Cordoue, bien déterminé à trouver le batelier Cyzacus coûte que coûte. Helena Justina avait décidé de m’accompagner – sous le prétexte que tous ces voyages en ville éveillaient sa méfiance et qu’elle n’était pas loin de penser que j’entretenais là-bas des rapports avec une femme légère.
    En vérité, lors de sa dernière visite, Helena avait découvert une fabrique de pourpre, la teinture hors de prix produite grâce aux murex et utilisée pour les costumes d’apparat des dirigeants de l’Empire. Ce jour-là, elle avait profité de ma visite prolongée au proconsul pour commander un lot de tissu. Je m’en étonnai :
    — Chérie, je voudrais te rappeler que, dans nos familles, personne ne commande une armée et personne n’est candidat-empereur. À ma connaissance.
    Helena Justina faisait-elle déjà preuve d’une telle ambition pour notre bébé à naître ? !
    — Le prix est très intéressant, Marcus, précisa-t-elle. Et je sais déjà à qui revendre toute la pièce !
    Je n’arriverais jamais à atteindre son degré de duplicité. Elle avait l’intention de revendre le ballot tout entier à la maîtresse de l’empereur quand nous serions de retour à Rome. La réputation de parcimonie de Vespasien était telle que ma compagne était persuadée que Cænis sauterait sur l’occasion de vêtir de pourpre son homme, Titus César et Domitien à des prix défiant toute concurrence. En échange, elle espérait que la chérie de l’empereur lui glisserait un petit mot de recommandation à mon sujet.
    — Ça risque d’être plus efficace que de compter sur Læta ! railla Helena.
    Ce en quoi elle avait sûrement raison. Le fonctionnement de l’Empire était basé sur un système de troc.
    J’avais réussi à persuader ma compagne de rencontrer la sage-femme à laquelle j’avais moi-même rendu visite, mais elle ne se montrait pas très enthousiaste. Elle parvint à me faire raconter dans le détail ma propre entrevue et s’exclama :
    — Alors voilà pourquoi tu avais cette tête en rentrant à la ferme !
     
    Nous traversâmes une fois de plus un Guadalquivir toujours aussi apathique en empruntant le pont à seize arches. Du moins y avait-il maintenant une certaine activité sur la rive. Marmarides gara notre cabriolet à l’ombre d’un bouquet d’arbres, à un endroit où l’on avait précisément prévu tout ce qu’il fallait pour attacher les mules et garer les carrioles. La matinée était superbe. Nous avançâmes tous les trois lentement en direction de la berge. Nux trottinait allègrement à nos côtés, persuadée que son rôle était de prendre la direction des opérations. Nous passâmes devant un homme installé dans une petite embarcation et feignant de pêcher ; mais, visiblement, il s’agissait d’une excuse pour dormir au soleil.
    Un chaland qui se trouvait à quai depuis trois jours, était aujourd’hui débarrassé de ses bâches et offrait aux yeux des passants ses rangées d’amphores à gros ventre dans lesquelles on transportait l’huile d’olive. Empilées les unes sur les autres, elles s’entassaient sur plusieurs épaisseurs, stabilisées par des brassées de roseaux pour éviter la casse. Leur poids devait être énorme, car l’embarcation s’était profondément enfoncée dans le fleuve.
    Le bureau de Cyzacus – un cabanon avec un seul tabouret planté devant – était ouvert. Pourtant, le plus grand calme régnait. Il fallait probablement attendre la récolte de septembre pour voir

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