Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Crucifère

Crucifère

Titel: Crucifère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
place – l’une, petite et ronde, pour aller à la pêche ; l’autre, droite et racée, pour assiéger l’adversaire, le prendre en chasse et couler ses nefs.
    — Chefalitione est parti ? demanda Cassiopée.
    — Oui, répondit Montferrat, l’air réjoui.
    — Où ça ?
    — À Venise, pour y acheter des armes, dit-il en baissant les yeux vers Crucifère.
    Cassiopée eut un sourire en repensant aux bourses d’or et de diamants qu’elle avait dissimulées dans la cassette de Montferrat. Y avait-il un rapport entre cet achat d’armes et cet afflux d’argent ? Apparemment oui, car Montferrat continuait :
    — Vous ne devinerez jamais ce que j’ai découvert dans le coffret où je gardais mon petit tableau…
    — Quoi donc ? demanda Cassiopée le plus innocemment du monde.
    — Deux bourses pleines d’or et de diamants !
    Montferrat était transporté. Pour lui, c’était un don des cieux.
    — Le signe que Dieu m’a désigné, moi, Conrad, comme gardien de cette ville… Les rois comptent sur moi.
    — À ce propos, avez-vous des nouvelles de Josias ? A-t-il réussi à convaincre Angleterre et France de traverser la mer ?
    — Hélas non, pas encore. J’ai un peu exagéré, tout à l’heure, quand j’ai dit à Guy que les rois venaient… Mais ça ne saurait tarder ! D’ailleurs, après Venise, Chefalitione a ordre de se rendre à Marseille, pour y attendre Josias.
    — Mais alors, cela veut dire qu’il n’y a pas de navire pour nous ramener en France ?
    — Il va falloir patienter, répondit Conrad.
    Cassiopée s’arrêta de marcher, et avec elle Emmanuel, Gargano et Kunar Sell. Autour d’eux des portefaix s’activaient, chargeant et déchargeant des navires, sous les regards de mouettes à l’air moqueur.
    — C’est là un contretemps fâcheux, soupira Cassiopée. J’avais à faire en France. N’y a-t-il pas moyen de…
    — Hélas, trois fois hélas, non.
    — Eh bien, nous patienterons, dit-elle en s’asseyant sur une bitte d’amarrage.
    Conrad se frotta la barbe, et lui demanda en montrant Crucifère :
    — J’ai vu que vous teniez beaucoup à cette épée.
    — En effet.
    — Faites-moi une faveur : gardez-la avec vous. Ne laissez jamais personne vous l’arracher. Cela pourrait avoir de funestes conséquences.
    — Vous pouvez compter sur moi.
    — Et maintenant, plutôt que de rester ici à tenir compagnie aux mouettes, que diriez-vous de venir partager mon repas ?
    Cassiopée se tourna vers ses compagnons, afin de recueillir leur avis.
    — Mes vieux os ont bien besoin d’un peu de repos, grommela Guillaume de Montferrat.
    — Quant à moi, je tombe de sommeil, dit Gargano. Un tonnelet de café ne serait pas pour me déplaire.
    — Ma hache est à votre service, déclara martialement Kunar Sell.
    — Merci, soupira Cassiopée. Hélas, elle ne nous fera pas franchir la Méditerranée…
    — Je dois rejoindre mes frères, dit Emmanuel comme à regret.
    Cassiopée le regarda, déçue qu’il veuille déjà repartir. Surtout, elle aurait bien aimé comprendre pourquoi sa mère l’appréciait. Après tout, elle n’avait pas passé beaucoup de temps en sa compagnie. Mais, visiblement, il lui avait fait une forte impression.
    Avant qu’une chandelle ne se soit consumée de la hauteur d’un pouce, Cassiopée et ses amis prenaient place autour d’une table, dans la grande salle du palais. Le contraste avec la dernière fois qu’ils s’y étaient trouvés, à leur arrivée à Tyr, était saisissant. Une atmosphère de guerre y planait pesamment. Conrad en avait fait ôter toutes les tapisseries, ainsi que les bougeoirs d’or et d’argent, pour les revendre.
    — Grâce à eux, et aux fruits de la vente de diverses concessions aux Provençaux, aux Pisans et aux Génois, j’ai pu faire venir certains des plus brillants artisans vénitiens. De même, j’ai vendu à des juifs de Venise le monopole de la teinturerie, et de l’industrie du verre.
    — Prends garde cependant, dit son père tout en massant ses muscles endoloris, à ne pas te retrouver dépouillé de tes rentes. À trop céder de concessions et de monopoles, tu perds ton capital.
    — Sois sans crainte, père, répondit Conrad en mordant dans une cuisse de poulet. J’ai déjà gagné plus que je n’espérais. En outre, ces juifs de Venise font un travail remarquable. Ils ont établi des ateliers où se créent les plus magnifiques objets que j’aie jamais admirés.

Weitere Kostenlose Bücher