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Crucifère

Crucifère

Titel: Crucifère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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tableau qu’il avait promené dans toutes les cours d’Europe – tableau cher à son cœur, et commandé à grands frais au plus talentueux des peintres de Terre sainte : Hassan Basras. L’artiste y avait représenté un cavalier musulman monté sur un magnifique cheval blanc victorieusement cabré au-dessus du Saint-Sépulcre. Ce tableau avait considérablement impressionné Cassiopée, qui était persuadée que le cavalier était son cousin Taqi.
    Malheureusement, lorsque Montferrat regarda la peinture, il poussa un cri de stupeur :
    — Par la langue de Dieu !
    — Que se passe-t-il ? s’inquiéta Cassiopée.
    — Taqi ! Taqi ! bégayait Montferrat. Il a disparu !
    Cassiopée et Simon échangèrent un regard, interloqués.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Voyez vous-mêmes.
    Tournant le tableau dans leur direction, il leur montra la toile qu’ils connaissaient si bien. Sauf qu’au lieu d’y voir Taqi – ou en tout cas un cavalier qui lui ressemblait énormément –, il n’y avait rien. Seulement le Saint-Sépulcre, au-dessous d’un ciel bleu.
    Taqi a disparu, murmura Simon tandis que Cassiopée repensait à l’étrange cavalier qu’elle avait aperçu dans le cratère du Vésuve.

12.
    « Toutes les fois qu’il s’emparait d’une ville ou d’une forteresse, il accordait la vie sauve aux habitants et leur permettait de se retirer à Tyr avec leurs femmes, leurs enfants et leurs richesses. »
    (IBN AL- ATHIR , Histoire parfaite.)
    Saladin écumait de rage.
    Le Chef des Armées de l’Islam, celui que son peuple avait coutume d’appeler le « Clément », l’« Unique », le « Généreux », le « Vainqueur des Infidèles, des Rebelles et des Polythéistes », le « Soleil des Mérites », celui dont la grandeur d’âme faisait oublier la petite taille, débordait de colère.
    — Par la barbe du Prophète ! J’accorde à ces mécréants le libre passage vers Tripoli et même la possibilité, si c’est là ce qu’ils désirent, de poursuivre le combat, et voilà comment ils me récompensent ? !
    Tête humblement baissée, ses auxiliaires se tenaient piteusement devant lui. Pourquoi était-il si furieux ? Parce qu’il venait d’apprendre que les nobles bannières des Ayyubides avaient été jetées dans les douves de Tyr. Lui qui tâchait en toutes circonstances de faire preuve d’humanité, voici qu’on bafouait sa générosité.
    — Je ne me laisserai pas ainsi traîner dans la fange !
    À côté de lui, son fils caressait d’une main distraite les deux panthères qui l’accompagnaient partout. Depuis que les Assassins avaient cherché à le tuer, Saladin ne se déplaçait jamais sans ses deux mortelles compagnes, aux crocs comme des poignards. Jetant sur les félins des regards inquiets, le cadi Ibn Abi Asroun – qui s’occupait des affaires judiciaires, civiles et religieuses du royaume – proposa au sultan :
    — Nous pourrions peut-être bombarder Tyr, en guise de représailles ?
    Saladin tourna vers lui un regard noir où brillaient deux cimeterres :
    — Pas avant d’avoir récupéré nos bannières. Qu’on aille me les chercher !
    Malheureusement, l’hiver et six mois de siège avaient usé les troupes de Saladin, qui n’aspiraient qu’à retrouver leur foyer. Sur la digue de terre où campait l’armée, bien des braves refusèrent l’honneur d’aller récupérer les étendards que Conrad de Montferrat avait propulsés dans la boue.
    « Par Allah, songea Saladin, c’est mauvais signe… Signe que mes troupes sont à deux doigts d’abandonner le combat. Signe qu’elles sont lasses de se voir interdire de piller… »
    Mais il n’était pas question de revenir sur cette dernière décision. Il n’avait pas oublié de quelle façon, plusieurs années auparavant, le roi Amaury I er de Jérusalem s’était privé du soutien des territoires qu’il avait conquis parce qu’il n’avait pas su empêcher ses armées de les mettre à sac.
    « Ah, se dit-il en se remémorant l’époque où il avait accompagné son oncle conquérir l’Égypte, que tout cela semble loin. »
    Même Amaury lui semblait à présent sympathique. « Dommage que nous n’ayons pas eu le temps de devenir amis… »
    Ces pensées le troublaient. Pourquoi l’assaillaient-elles maintenant, ici ? « Je vieillis… » Encore une fois, il regarda ses hommes, dont aucun ne s’était porté volontaire pour aller recherches les nobles bannières des

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