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Crucifère

Crucifère

Titel: Crucifère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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Ayyubides.
    « Si Taqi avait été là, il s’y serait précipité, lui ! »
    Puis il regarda son fils, al-Afdal, dont les jeunes années n’étaient pas à ses yeux une excuse suffisante pour justifier son inaction. « Al-Afdal, est-ce à cause de moi si tu es aussi pleutre ? T’ai-je mal éduqué ? Une vie d’opulence t’a-t-elle gâté l’âme ? Mes exploits te condamnent-ils à ne rien accomplir ? Ou n’es-tu tout simplement qu’un poltron, indigne de son père ? »
    Réprimant une bouffée de colère mêlée de tristesse, il ordonna :
    — Puisque c’est ainsi, j’y vais. Seul ! Qu’on m’amène Extase mystique !
    Un battement de cœur plus tard, le noble étalon de Saladin lui était présenté, piaffant d’excitation. L’ayant enfourché, Saladin partit au triple galop en direction des murailles de Tyr, sous les regards médusés de ses gardes du corps, de ses conseillers et – surtout – de son armée.
    Quand il se fut éloigné d’une vingtaine d’arpents, le cadi Ibn Abi Asroun alla trouver le chef des mamelouks et lui ordonna :
    — Suivez-le, mais à distance. Il ne faut surtout pas qu’il vous voie…
    Vingt mamelouks lourdement armés sautèrent en selle et disparurent dans un nuage de poussière.
    — Par Allah tout-puissant, je le jure ! S’il meurt, vous le paierez de votre vie, siffla dans leur dos le cadi Ibn Abi Asroun.
    « Prenez-en de la graine », pensait Saladin tout en galopant vers la cité. Voici comment un chef d’armée doit se conduire. Au combat, en première ligne… » Et tout en talonnant Extase mystique, il se remémora les paroles de son oncle, Chirkouh le Volontaire : « Le chef d’armée doit avoir les qualités naturelles de huit animaux différents : la bravoure du coq, l’audace du lion, la force d’attaque du sanglier, la circonspection de la grue, la prudence du corbeau, l’élan du loup, la ruse du renard et la constance du chameau. »
    — Toutes ces bêtes pour une armée de porcs, quelle ironie ! dit-il au vent. Enfin, c’est comme ça.
    Saladin conduisit sa monture en direction de Tyr, et murmura une prière lorsqu’une pluie de flèches s’abattit sur lui : « Ma prière et mon sacrifice et ma vie et ma mort appartiennent à Allah le Maître des Mondes. » Allah l’entendit-il ? Toujours est-il qu’à peine arrivé en vue des lourdes portes de la ville, les projectiles s’arrêtèrent de pleuvoir – et les portes s’ouvrirent. L’invitait-on à entrer ? Non, elles ne s’étaient ouvertes que pour laisser sortir Renaud de Sidon et la poignée de soldats qui avaient accepté de le suivre au-dehors.
    — Par la barbe du Prophète ! s’exclama Saladin en reconnaissant le chevalier avec qui il avait négocié la reddition de Tyr. Si je m’attendais à te voir là !
    — Par saint Martin de France et de Navarre ! s’écria Sidon. Et vous-même, Excellence, puis-je vous demander ce que vous venez faire ici, si près de nos murailles ?
    — Je viens chercher mon bien, répondit Saladin en montrant ses bannières boueuses.
    — Excellence, au nom de tous les Francs, je vous prie d’accepter nos plus plates excuses. Même si je ne suis pour rien dans cet outrage.
    — Qui en est responsable, alors ?
    — Le nouveau chef de Tyr.
    — Le nouveau ? Mais je croyais que c’était toi…
    — Je le fus. Un temps…
    Avant de s’expliquer plus avant, Sidon descendit dans les douves, et s’y enfonça jusqu’à mi-corps. Marchant, s’enfonçant puis nageant dans la fange, il s’avança vers les bannières des Ayyubides, les ramassa puis remonta sur la rive. Là, dégoulinant de crasse et puant comme un bouvier d’étrons, il mit un genou en terre, baissa la tête et présenta humblement les deux bannières à Saladin :
    — Excellence, ceci est à vous. Je vous le rends.
    — Merci à toi, noble Sidon, dit Saladin en acceptant les bannières merdeuses. J’avais raison de traiter avec toi. Tu es un homme de cœur.
    — Tout le monde n’est pas de cet avis.
    — Eh bien, ce « tout le monde », si c’est de ton remplaçant que tu parles, paiera cet affront de sa vie ! J’en fais le serment, sa tête roulera de ses épaules au moment où il s’y attendra le moins.
    Renaud de Sidon n’eut pas le temps de répondre que déjà les mamelouks arrivaient, dans un sourd fracas d’armes et de hennissements. Environnant les Francs, ils les menacèrent de leurs lances.
    — Qu’on les

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