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Crucifère

Crucifère

Titel: Crucifère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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était le fruit de l’union illicite d’Aliénor d’Aquitaine et de Chirkouh le Volontaire. Furieux, Louis VII et Nur al-Din avaient alors passé un accord, stipulant que l’existence de la fillette ne serait jamais reconnue officiellement tant qu’elle n’aurait pas choisi sa religion : musulmane, comme son père ? ou chrétienne, comme sa mère ? En attente de quoi, elle n’était qu’une rumeur, condamnée à séjourner dans une sorte de prison située dans Le Caire des Fatimides. C’est là qu’elle avait rencontré Morgennes, qui l’avait aidée à échapper à ses geôliers alors qu’elle n’avait toujours pas choisi sa foi.
    — Je n’ai jamais eu cet honneur, avoua Saladin. Tu la cherches ?
    — Oui et non. Pour ne rien vous cacher, c’est elle qui est à ma recherche.
    — Si nos chemins se croisent, je lui dirai que je t’ai vue. Veux-tu que je lui transmette un message de ta part ?
    — Dites-lui que je cherche Morgennes. Et que je vais à Jérusalem. Qu’elle y interroge Massada, l’ancien marchand de reliques juif. Je crois qu’il s’est établi dans la léproserie, où il s’occupe des malades. Je lui laisserai mes instructions.
    — Fort bien.
    — Et les Muhalliq ? Font-ils encore partie de vos armées ?
    — Non. L’hiver approchant, ils ont préféré regagner leur désert. Sans doute sont-ils quelque part du côté de Damas. C’est bien dommage, car je manque de braves…
    Il y eut un bref silence, durant lequel Cassiopée se dit que le moment était venu d’avouer à Saladin le véritable objet de sa visite. Elle toussota derrière son poing fermé pour se donner contenance, puis se lança :
    — Excellence, à vrai dire, indépendamment de l’immense plaisir que j’ai à vous revoir, je ne suis pas venue uniquement pour m’entretenir de Taqi. Ni de Morgennes d’ailleurs, même si l’un et l’autre sont la raison de mon retour en Terre sainte.
    — Alors, que me vaut l’honneur de ta visite ?
    — J’aimerais que vous libériez Guillaume de Montferrat.
    — Le vieux marquis ? Le père de Conrad ?
    — Lui-même.
    Saladin avala une pistache, avant de dire :
    — Son fils me cause bien des soucis. Il semble avoir repris les choses en main, et ne veut pas me remettre Tyr.
    — Il m’a juré qu’il était prêt à tirer sur son père et à démolir la cité pierre à pierre plutôt que d’accepter votre marché.
    — Quelle tristesse !
    — Libérez son père, je vous en conjure. C’est un homme de bien, et il vous en saura gré. Conrad n’oublie jamais une offense, ni un bienfait d’ailleurs. Qui sait ? Peut-être aurez-vous besoin de lui, plus tard ?
    — Il a jeté mes bannières dans les douves de Tyr !
    — Justement. Il n’attend rien de vous. Un geste généreux de votre part aura d’autant plus de poids. Je vous en supplie !
    Simon et Rufinus gardaient le silence, mais ne quittaient pas Cassiopée des yeux. Ils se joignaient – par la prière – à ses efforts.
    Après avoir réfléchi un long moment, Saladin secoua la tête.
    — Non…
    Cassiopée ouvrit la bouche, mais il lui intima de se taire et poursuivit :
    — Je ne laisserai pas tuer Guillaume de Montferrat, mais je ne lui rendrai pas non plus sa liberté. En tout cas, pas tout de suite…
    Tapant dans ses mains, il convoqua un mamelouk et lui ordonna :
    — Amène-moi Guillaume de Montferrat.
    Une poignée de pistaches plus tard, deux gardes escortaient sous la tente du sultan le vieux marquis de Montferrat, aux pieds et aux poings toujours enchaînés.
    — Détachez-le, dit Saladin.
    Les gardes libérèrent le prisonnier, qui se massa les mollets et les poignets, sans quitter Cassiopée des yeux.
    — Merci, murmura-t-il à l’intention de Saladin. Dois-je comprendre que je suis libre ?
    — Libre d’aller à ta guise sous ma tente, rétorqua le sultan. Mais pas d’en sortir. Dès que tu en auras refranchi le seuil, tu retrouveras tes chaînes.
    — Alors, avec votre permission, je vais rester un peu… Mais à qui ai-je l’honneur ? demanda-t-il en regardant Cassiopée, Rufinus et Simon.
    Saladin présenta Cassiopée comme sa nièce, Rufinus et Simon comme deux amis de celle-ci.
    — Nous nous connaissions autrefooois, glapit Rufinus en s’efforçant de réfréner son phrasé lancinant. J’étais évêque d’Acre. Mon père s’appelle Héraclius, c’était le patriarche de Jérusaleeem.
    — Ah oui. Je me souviens de vous, dit

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