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Crucifère

Crucifère

Titel: Crucifère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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en trottant devant Simon et Cassiopée.
    — Combien de temps ? demanda Cassiopée.
    — Trois ou quatre mois, peut-être une douzaine… Aïe, ouille, aïe ! s’exclama-t-il à cause des petits cailloux qui lui blessaient les pieds. Dieu seul le sait !
    Alors, malgré les flammes qui lui avaient roussi les poils, Cassiopée se sentit envahie par un froid intense.
    — S’il y avait encore un minuscule espoir de retrouver le corps de mon père, il vient d’être anéanti…
    — Ne le prenez pas mal, dit Massada, mais moi… aïe ! si j’étais vous… ouille ! je considérerais que ce rocher est sa pierre tombale.
    — Et sa tombe les Enfers ?
    — Allons, dit Simon, ne nous désespérons pas ! Il en reste cinq !
    — Cinq quoi ? questionna Cassiopée.
    — Cinq portes des Enfers, puisque d’après Chefalitione et son ancêtre Virgile il y en a neuf en tout, et que nous en avons déjà éliminé quatre – celle-ci, celles des volcans et celle des marais de l’Achéron…
    Serrant les poings, Cassiopée se demanda quelles autres épreuves les attendaient, puis se ragaillardit. Elle reprenait espoir. « Cinq portes, c’est plus qu’il ne m’en faut pour réussir. »

19.
    « Cette haute montagne, quelle est-elle ?
    Et quel est ce grand rocher ? »
    (SOHRAWARDI,
    L’Exil occidental.)
    Après avoir chaleureusement salué Massada, ils lui firent cadeau des onguents que leur avait donnés Guillaume de Tyr.
    — Pour vos pieds, ce malheureux garde et vos malades, dit Cassiopée.
    Massada les remercia avec effusion, tout en massant ses pauvres pieds endoloris.
    — Y a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour vous ? s’enquit-il.
    — Eh bien, si vous pouviez nous dire où trouver les Muhalliq…
    — J’ai cru comprendre qu’ils avaient quitté le service de Saladin et regagné leur désert, au nord et à l’est de Damas. C’est tout ce que je sais. Puis-je être utile à autre chose ?
    — Oui, s’il vous plaît. Si vous voyez ma mère, Guyane de Saint-Pierre, dites-lui que j’ai bien eu sa lettre. Nous partons pour le Krak des Chevaliers. Où nous laisserons de nos nouvelles au frère commandeur, Alexis de Beaujeu.
    — Comptez sur moi. Quant à cette malheureuse affaire, je me charge de tout. Ne vous inquiétez pas, ça va s’arranger. Je vais vous faire quitter la ville par une poterne discrète, qui n’est généralement pas gardée.
    — Si vous pouviez également nous donner des bottes, dit Simon, ce ne serait pas de refus.
    Massada regarda leurs pieds.
    — Je vais demander à l’intendant.
    Une fois chaussés de neuf, Simon et Cassiopée prirent leur jument par la bride et suivirent Massada vers une porte dérobée, qu’ils durent franchir tête baissée.
    — Voilà. C’est ici que nos chemins se séparent, leur dit Massada. Adieu.
    — Adieu, répondit Simon en le saluant de la main.
    — Au revoir, ajouta Cassiopée.
    Ils s’embrassèrent, puis Massada les prévint :
    — N’oubliez pas qu’à force de chercher l’Enfer, vous ferez de votre vie un enfer.
    — La mienne l’est depuis longtemps ! lança Simon en remontant sur sa jument.
    — Merci du conseil ! dit Cassiopée en l’étreignant une dernière fois.
    Et ils partirent vers le Krak, sous les regards de Massada qui ne détourna les yeux que longtemps, longtemps après qu’ils eurent disparu à l’horizon.
    Derrière eux, le ciel rosissait, sans qu’ils sachent si c’était à cause de l’aube ou de l’incendie.
    — Depuis combien de temps n’avons-nous pas dormi ? demanda Simon, épuisé.
    — Deeepuis que nous avons quitté Tyyyr, répondit une voix dans le sac de selle.
    C’était Rufinus. Ils l’avaient complètement oublié.
    — Je suis désolée, lui dit Cassiopée.
    Pour se faire pardonner, elle le prit contre elle quand ils furent remontés à cheval. Ils avaient décidé d’aller au Krak des Chevaliers, l’une des deux forteresses franques à ne pas avoir été emportées par le raz-de-marée musulman qui avait déferlé sur la Terre sainte après la déroute de Hattin.
    Preuves de la violence avec laquelle les troupes de Saladin avaient bousculé les Francs, des ruines de châteaux se voyaient çà et là. De loin en loin, des pierres calcinées sortaient de la terre noircie comme autant de chicots. Au printemps, les herbes les recouvriraient ; et, dans quelques années, plus personne ne se rappellerait qu’en tel ou tel endroit s’étaient dressés

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