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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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qui commençait à distribuer des charges. On se congratulait, les beaux esprits composaient des quatrains venimeux contre Richelieu qu’on prétendait en fuite, et Anne d’Autriche, dans un coin du salon, souriait en pensant que son cher Buckingham était vengé.
    Or, à la même heure, le cardinal arrivait à Versailles, se prosternait devant le roi, parlait habilement et retournait la situation.
    — Je vous rends toute ma confiance, disait Louis  XIII , et je vous affirme que ma volonté est de vous voir à mon service comme par le passé.
    Le soir même, Richelieu revenait à Paris, plus puissant que jamais, et faisait arrêter tous ceux qui s’étaient réjouis de sa disgrâce, à commencer par M. de Marcillac.
    Un affolement indescriptible régna pendant toute la soirée au Luxembourg où Marie de Médicis piqua la plus belle colère de sa vie. Anne d’Autriche fut plus calme. Comprenant qu’elle allait avoir à subir de nouveau la rancœur et la haine de son soupirant évincé, elle se coucha en pleurant.
    Ainsi se termina ce dimanche 10 novembre 1630, que l’on devait appeler avec raison la Journée des Dupes.
     
    Dès le lendemain, délivré des soucis que lui causaient les harcelantes plaintes de sa mère, Louis  XIII put se consacrer de nouveau entièrement à M lle  de Hautefort qui, par bonheur, n’avait pas été mêlée à l’intrigue.
    Heureux, détendu, il se désintéressa quelque peu des affaires de l’État.
    On le vit alors s’adonner à de curieuses occupations pour un souverain. Il se mit à faire des confitures…
    En compagnie de la demoiselle d’honneur, il passait son temps devant les fourneaux et se passionnait tellement pour la cuisine qu’un soir un ambassadeur s’entendit répondre « que Sa Majesté ne pouvait le recevoir car elle étoit en train de larder… ».
    Il faisait aussi de grosses farces pour amuser M lle  de Hautefort. « Un jour, nous dit Tallemant des Réaux, il coupa la barbe à tous ses officiers et ne leur laissa qu’un petit toupet au menton. » On en fit d’ailleurs une chanson :
     
    Hélas ! ma pauvre barbe
    Qu’est-ce qui t’a faite ainsi ?
    C’est le grand roi Louis Treizième de ce nom
    Qui a tout ébarbé sa maison.
     
    Chanson qu’il apprécia en connaisseur, car il composait lui-même des romances et s’enorgueillissait d’être l’auteur de nombreuses musiques de ballet. Chaque fête donnée à la cour était un petit récital des dernières œuvres de Sa Majesté…
    Toutes ces distractions plaisaient certes beaucoup à M lle  de Hautefort ; mais la charmante jeune fille commençait à désirer des joies plus profondes que celles dont Louis  XIII se contentait en faisant des confitures… Et, tout comme la reine, elle fut bientôt tourmentée par un désir qui, les nuits d’hiver, lui tenait lieu de chaufferette…
     
    Pendant que le roi batifolait ainsi chastement, Richelieu se vengeait avec méthode de ceux qui avaient voulu sa perte [239] . Quand il ne resta plus devant lui que les deux reines, il fut perplexe. Toutes deux, en effet, étaient, par leur situation, hors de son pouvoir. Il devait donc user à leur égard d’armes spéciales.
    Pour se débarrasser de Marie de Médicis qui le gênait particulièrement, car il craignait une nouvelle offensive de sa part, il eut recours à une ruse singulière : en mai 1631, il fit courir le bruit que la police, sur l’ordre de Louis  XIII , allait se saisir d’elle. La reine mère, comme une grosse mouche affolée, s’enfuit de Compiègne où elle était alors, buta contre la Flandre, rebondit en Angleterre, revint en Hollande, et finit par échouer à Cologne.
    C’était une victoire, et Richelieu se frotta les mains. Restait Anne d’Autriche qu’il comptait bien faire répudier. Il convoqua M lle  de Hautefort :
    — Il faut que le roi, qui vous aime tant, soit au courant de tous les actes de la reine, dit-il hypocritement. Dût-il en souffrir. J’ai pensé que vous pourriez me faire un petit rapport quotidien…
    Marie de Hautefort, bien que favorite de Louis  XIII , avait été gagnée par le charme d’Anne d’Autriche. Elle refusa.
    Le cardinal pensa alors qu’il avait besoin d’une femme intrigante, et il autorisa la duchesse de Chevreuse, qui vivait en exil depuis l’affaire Chalais, à revenir à la cour. Ce choix était d’une habileté géniale, car il lui permettait de compter à la fois sur la reconnaissance de la jeune

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