Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
Vom Netzwerk:
enfermée en apprenant la mort de Buckingham et ne recevait personne.
    Désormais elle allait vivre avec le souvenir de ce fol amour qui avait failli faire éclater une nouvelle guerre de Cent ans…
     
    Quelques années plus tard, Vincent Voiture regardait la reine sans mot dire ; elle lui demanda en souriant ce qu’il pensait.
    — Si vous le permettez, Majesté, je vous répondrai demain.
    Le lendemain, le poète envoyait à Anne le poème suivant :
     
    Je pensais que la destinée
    Après tant d’injustes malheurs
    Vous a justement couronnée
    De gloire, d’éclat et d’honneurs
     Mais que vous étiez plus heureuse
    Lorsque vous étiez, autrefois,
    Je ne dirai pas : amoureuse…
    La rime le veut toutefois.
     
    Je pensais – Nous autres poètes,
    Nous pensons extravagamment –
    Ce que, dans l’humeur où vous êtes,
    Vous feriez si, dans ce moment,
    Vous avisiez en cette place
    Venir le duc de Buckingham [234] .
    Et lequel serait en disgrâce
    Du duc ou du père Vincent [235]  ?…
     
    Après avoir lu les vers, la reine les enferma soigneusement dans un tiroir. Quand elle revint vers ses dames d’atours, elle avait les yeux pleins de larmes…

23
    Louis  XIII n’ose pas toucher les seins de sa favorite
    Il n’avait pas la belle humeur de son père.
     
    Pascal Viennet
     
    Au printemps de 1630, Louis  XIII se rendit à Grenoble pour y retrouver Richelieu qui se battait alors en Savoie contre les Impériaux et les Espagnols. Le 27 avril, il s’arrêta à Dijon où un grand banquet fut organisé en son honneur. Les femmes, qui se souvenaient du bon roi Henri, et qui ignoraient sans doute l’ordonnance édictée en 1617, avaient cru bien faire en arborant des décolletés audacieux. L’une d’elles se présenta même à table les seins nus : tant d’impudeur choqua énormément le roi qui enfonça son chapeau, prit un air bourru et dîna les yeux fixés sur son assiette.
    Il en résulta un grand malaise dont la demoiselle ne s’aperçut point, car elle continua de se trémousser « pour mieux ballotter sa gorge ».
    De tout le repas, Louis  XIII ne lui accorda pas un regard. Mais au dessert il vida lentement son verre, retint une gorgée de vin dans sa bouche et, d’un jet précis, la lança sur les seins découverts. La pauvre jeune fille s’évanouit [236] .
    Le malaise s’en trouva accru et chacun remonta se coucher silencieusement.
    Le lendemain, Louis  XIII , la mine sombre, quitta Dijon en direction de Lyon, où l’attendait l’aventure la plus extraordinaire qui pût arriver à cet homme pudibond et impuissant : l’amour…
    À peine arrivé, il rencontra un très curieux personnage qui n’allait pas tarder à faire parler de lui. C’était un jeune Italien de vingt-huit ans, venu sur l’ordre du Saint-Siège pour tenter d’arrêter la guerre. Il s’appelait Giulio Mazarini…
    Quand Marie de Médicis et Anne d’Autriche rejoignirent Louis  XIII , la reine considéra peut-être avec intérêt ce jeune homme ; mais sans se douter bien sûr qu’elle en serait amoureuse quinze ans plus tard…
    Soudain Louis  XIII , qui était atteint de dysenterie, tomba gravement malade. En quelques heures, il fut aux portes de la mort, grelottant et délirant devant les médecins affolés. Quand le Père Suffren, son confesseur, vint lui apporter les sacrements, les deux reines en larmes se mirent à genoux près du lit et le roi leur demanda pardon des fautes qu’il avait pu commettre à leur égard.
    — Si Dieu me permet de guérir, murmura-t-il, je veux pouvoir réparer le tort que je vous ai causé en vous accordant tout ce que vous voudrez.
    Paroles imprudentes que les deux femmes n’allaient pas oublier…
    Car le roi guérit.
    L’abcès au bas-ventre que les médecins n’avaient pas décelé creva un beau matin, et Louis  XIII revint à la vie. Il demanda du vin, reprit des couleurs et se remonta un peu sur ses oreillers. Alors les deux reines s’approchèrent tendrement et lui rappelèrent en souriant sa promesse.
    Il était encore faible.
    — Je vous écoute, dit-il.
    Elles furent brèves : elles demandèrent le renvoi de Richelieu.
    — Il est à l’origine de toutes nos mésententes, dit Anne d’Autriche.
    Marie de Médicis se montra plus catégorique encore.
    — Il né faut plous dé cé Richéliou, dit-elle [237] .
    Le roi fut très embarrassé. Pris de court, il jura de chasser son ministre, en ajoutant toutefois, pour gagner du temps, qu’il

Weitere Kostenlose Bücher