Dans l'intimité des reines et des favorites
aujourd’hui à se servir pour soutenir une famille qui périt. »
Alors Richelieu aurait fait venir à la cour le C.D.R . (comte de la Rivière), jeune seigneur avec qui Anne d’Autriche avait dansé – et un peu flirté – au cours d’un bal donné au Palais-Cardinal [259] , l’aurait pris sous sa protection et l’aurait fait nommer gentilhomme de la chambre de la reine.
À en croire l’auteur, les choses se seraient alors passées assez rapidement. Un soir, le comte de la Rivière aurait rejoint Anne dans sa chambre, se serait jeté sur elle, la tenant « embrassée avec une passion et une ardeur qu’on peut mieux penser que dire, que la raison de la reine fut tellement enchantée et sa résolution tellement vaincue, qu’elle n’eut ni yeux, ni mains, ni souffle pour lui résister. Pendant que la reine est ainsi trahie, le C . ne trouvant aucune résistance s’en donne à cœur joie et offre à l’amour plusieurs sacrifices… De sorte que, la passion de la reine s’échauffant à mesure que les embrassements continuaient, elle devint une parfaite bigote en matière de plaisirs, comme elle l’avait été en matière de religion ».
Le jeune seigneur aurait renouvelé bien entendu son exploit, et l’auteur ajoute : « Cet excessif débordement de vie continuant, la bienheureuse nouvelle de la grossesse de la reine ne fut pas longtemps à se débiter dans le royaume. On en fit des feux de joie et des illuminations qui firent retentir la France d’une joie universelle. Louis XIII même en fit rendre des actions de grâces dans tout le royaume.
« Ainsi, conclut l’auteur avec malice, naquit après vingt-trois ans de patience Louis XIV , fils de Louis XIII par transsubstantiation, à présent roi de France et auquel on a donné avec justice le fameux titre de Louis Dieudonné… »
On manque de détails sur ce comte de la Rivière ; mais il est certain qu’un officier de la reine portait ce nom, car M me de Motteville le cite dans ses Mémoires.
Ce jeune seigneur plein d’allant serait-il le père que nous cherchons ?
Ce n’est pas impensable ; mais il n’existe, à l’heure actuelle, aucun document qui permette de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse.
Reste un personnage que certains historiens proposent sans apporter d’ailleurs de meilleures preuves : c’est Antoine de Bourbon, bâtard que Henri IV eut en 1607 de Jacqueline de Bueil, comtesse de Moret, et qui fut légitimé en 1608.
Antoine de Bourbon connut le destin du colonel Chabert. Laissé pour mort à la bataille de Castelnaudary en 1632, il survécut à ses blessures et se fit ermite pour échapper à Louis XIII , son demi-frère, qui voulait le faire tuer. Après avoir vécu quelque temps en Italie, il vint se fixer en Anjou, à l’ermitage des Gardelles, près d’un domaine appartenant à M me de Chevreuse. C’est là qu’il mourut en 1671, après avoir été l’objet de la curiosité populaire à cause de son extraordinaire ressemblance avec Henri IV …
M me de Chevreuse le reçut-elle en 1637, à Paris, dans son hôtel qui n’était séparé du Louvre que par des jardins ? Rencontra-t-il la reine ?
On le dit. Certains mêmes le soutiennent ; pourtant rien ne permet de l’affirmer, et c’est dommage, car cette hypothèse particulièrement séduisante ferait de Louis XIV – malgré l’infidélité de la reine – un vrai Bourbon, petit-fils de Henri IV .
Mais ce n’est probablement qu’une belle légende.
En fait, on ne sait pas de qui Louis le Grand est le fils. Il s’agit d’un roi né de père inconnu [260] …
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