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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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point.
    Craignant que quelque jour ne vous laisse en pourpoint ;
    Faites des serviteurs et rendez-vous aimable.
     
    Mainte autre devant vous, qui ont fait le semblable,
    Par un esprit prudent ont prévu à ce point
    D’établir leur bonheur ferme, et si bien à point
    Qu’à la postérité leur gloire est perdurable.
     
    Ce que je vous en dis, Madame, assurez-vous
    Que c’est pour votre bien, et ne suis point jaloux
    De vous voir prospérer autant que dame aucune.
     
    Mais je vois à regret, comme chacun voit bien,
    Que le nombre est petit à qui vous faites bien.
    Pensez-vous établir par là votre fortune ?
     
    La favorite n’allait pas tarder à suivre les conseils que lui donnait le poète…
     
    Au mois de mai, Henri  IV , apprenant que les Espagnols attaquaient la Bourgogne, laissa Gabrielle et courut rejoindre ses armées à Dijon. Dès la première rencontre, il s’aperçut que les forces de Philippe  II étaient mieux équipées et plus nombreuses que les siennes. Il les battit tout de même à Fontaine-Française ; mais sa pauvreté lui avait fait frôler le désastre, et il pensa qu’il était grand temps de mettre les Finances du royaume entre les mains d’un homme habile et sûr.
    De retour à Paris, il s’en entretint avec Gabrielle qui, justement, cherchait à se faire des créatures, suivant le conseil de Guillaume de Sablé.
    — Prenez Rosny, dit-elle.
    À ce moment les Finances étaient dirigées par un Conseil composé de personnages puissants que le roi voulait ménager. Craignant qu’un brusque remplacement de ces messieurs par un surintendant ne prît l’allure d’un coup de force, il décida d’opérer en douceur. Il alla trouver Sully [135] et lui proposa de travailler pendant quelque temps avec ceux du Conseil afin d’endormir leur méfiance.
    — Ainsi, dit-il, les caressant et les assurant de votre amitié, ils ne vous dénieront point la leur, et il arrivera même qu’en vous donnant quelques louanges sur la forme de votre conduite, lorsque je les mettrai sur ce propos, je prendrai de là occasion de vous mettre avec eux sans qu’ils s’y puissent directement opposer ni dire que vous ne savez rien aux Finances.
    Sully refusa, trouvant le procédé inélégant. Alors, le roi furieux courut chez Gabrielle pour la mettre au courant de son échec.
    — Tout est de votre faute, dit la favorite. Vous êtes le roi ; vous n’avez qu’à commander, et le Conseil vous obéira…
    Le lendemain, Henri  IV revint chez Sully, le prit par la main et lui dit :
    — Vous ne savez pas ? J’ai conté à ma maîtresse tous les discours et contestations que nous eûmes hier, vous et moi, sur lesquelles nous avons eu de grandes et longues disputes. Enfin, elle m’a mis tant de raisons en avant qu’elle m’a quasi persuadé que vous aviez raison et moi tous les torts du monde de vous vouloir établir en des affaires de telles importances et tant chatouilleuses que sont les Finances, par l’intervention, agréation et obligation d’aucun autre que de moi seul [136] .
    Quelques jours après, les Finances étaient confiées à Sully. Ainsi, nous dit Dreux du Radier : « L’État dut à Gabrielle le grand homme qui devoit en régler le grand ressort, et la France en jouit plus tôt qu’elle n’auroit fait à sa persuasion. »
    Hélas ! Sully devait se montrer bien ingrat à l’égard de la favorite…
     
    Pendant ce temps, la guerre voulue par la châtelaine de Montceaux continuait pour le plus grand profit des Espagnols. Le 21 avril 1596, une nouvelle vint affliger tout le pays : Calais était tombé aux mains d’une armée ennemie conduite par le cardinal d’Autriche.
    Aussitôt, le peuple accusa Henri  IV , non sans raison, d’être responsable de cet échec. On murmura « qu’il s’amusait un peu beaucoup avec la marquise » [137] et que le plaisir qu’il trouvait dans le lit de sa maîtresse l’avait empêché d’aller se porter au secours de Calais. Un quatrain composé par Sigogne eut alors beaucoup de succès :
     
    Ce grand Henri qui voulait estre
    L’effroi de l’Espagnol hautain
    Maintenant fuit devant le prêtre
    Et suit le c… d’une putain.
     
    Ce qui était vrai ; mais un peu leste…
    Un distique latin, plus brutal encore, fit la joie des lettrés, des clercs et même des bons prêtres qui ont toujours aimé à rire :
     
    Te Mars avexit, Venus opprimit. O scelus ! Ensis Cuspide quod portum est, cuspide pénis

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