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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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fonctionnement des canons et les initiait avec esprit aux travaux exécutés par les sapeurs. Après quoi, elle invitait à dîner sous sa tente les visiteurs de marque et l’on mondanisait…
    On ne s’étonnera pas, dans ces conditions, que le siège ait duré plus de six mois. C’est en effet le 19 septembre seulement que la garnison espagnole, épuisée, démoralisée, accepta de se rendre.
    Aussitôt, Gabrielle retourna à Paris pour préparer le retour triomphal du roi. La favorite pouvait être satisfaite, les événements l’avaient servie : au cours d’un engagement, le grand maître de l’artillerie ayant été tué, elle avait obtenu que son père, Antoine d’Estrées, reçût la charge importante et lucrative que laissait le défunt [140]  : en outre, s’étant acheté pour cent vingt mille écus le comté de Beaufort, elle avait vu avec joie le roi ériger, un soir de victoire, cette terre en duché pairie. Elle était donc maintenant duchesse…
    Sa joie fut de courte durée. En arrivant à Paris, elle apprit qu’on l’appelait « duchesse d’ordure »…
    Ce qui la désappointa.
    Mais ni les railleries ni les insultes ne pouvaient freiner son ambition. Dès que les combats en Picardie furent terminés, elle attira l’attention du roi sur la Bretagne, tenue par le dernier rebelle du royaume, le duc de Mercœur.
    — Il faut aller à Angers et négocier une paix honorable, dit-elle.
    Au début de 1598, Henri  IV partit pour la Bretagne accompagné d’une armée et de Gabrielle qui se trouvait de nouveau enceinte…
    La favorite se préoccupait-elle donc enfin de la France ? Non. Elle désirait simplement marier son fils César avec Françoise, fille unique du duc de Mercœur et l’une des plus riches héritières du royaume…
    À Angers, elle dirigea elle-même les négociations et obtint ce qu’elle désirait « avec une habileté dont beaucoup ne la jugeaient pas capable ».
    Le contrat de mariage des deux enfants fut signé le 5 avril. Aussitôt, la duchesse de Beaufort se rendit à Nantes pour prendre possession du gouvernement de Bretagne dont le duc de Mercœur s’était démis en faveur de César… Elle exultait. Pourtant, sa joie était ternie par les attaques venimeuses des protestants qui la détestaient, l’accusaient ouvertement de s’enrichir aux dépens de l’État et demandaient sa disgrâce immédiate. C’est alors que pour les amadouer elle poussa le roi à signer, le 13 avril, le fameux Édit de Nantes qui mettait fin à la guerre religieuse [141] .
    Une fois de plus, sa ruse lui faisait gagner la partie…
     
    Gabrielle avait une bonne nature : dès que les signatures furent sèches au bas du pacte qui mettait fin aux guerres religieuses en France, elle rentra dans sa chambre, fit appeler le roi… et accoucha d’un gros garçon.
    Son premier fils avait été baptisé César : celui-ci reçut le prénom d’Alexandre et le titre de Monsieur , comme un enfant de France.
    Henri  IV , une fois de plus, fut ravi. Prenant ses familiers par le bras, il s’exclamait en riant :
    — Voilà qui me change de la reine Marguerite, qui était stérile comme un radis creux…
    Plaisanterie peu galante et même un tantinet triviale qui témoignait, en fait, de l’amertume profonde du souverain. Car, plus que ses infidélités, c’est son infécondité qu’il reprochait à la reine Margot. L’avenir de la dynastie le préoccupait. Après sa mort, les Ligueurs n’opposeraient certainement au couronnement de César, malgré Mayenne [142] , et soutiendraient les prétentions du jeune prince de Condé. Des troubles graves, une guerre civile peut-être s’ensuivraient…
    Pour éviter ces malheurs à la France, Henri devait obtenir du pape l’annulation de son mariage et l’autorisation d’épouser au plus tôt Gabrielle.
    Ayant pris la décision d’écrire à Rome, le Béarnais se sentit de meilleure humeur et, tout content à l’idée de ses noces prochaines, il alla passer la nuit avec M lle  des Fossés, une charmante blondinette qui lui voulait du bien.
    Le lendemain, il convoqua Sully qui nous raconte en détail leur entrevue. Après quelques considérations sur la politique, le roi aborda, sans avoir l’air d’y toucher, le sujet qui lui tenait à cœur :
    — Aux présentes difficultés, il semble impossible d’apporter des remèdes certains, dit-il, si je ne me dispose à donner des enfants venant de moi à la France, comme c’est

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