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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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abit.
     
    C’est-à-dire :
    « Mars t’a élevé, Vénus t’abaisse, ô crime ! Ce qui a été acquis à la pointe de l’épée s’en va à la pointe du… »

13
    L’Édit de Nantes, œuvre de Gabrielle
    C’est sa réhabilitation, c’est l’honneur de sa vie
    d’avoir aidé Henri  IV dans l’accomplissement
    de cette œuvre de tolérance.
     
    Desclozeaux
     
    Après la perte de Calais, tout le monde pensa que le roi organiserait la défense des autres villes menacées par les Espagnols. Henri  IV lui-même le pensait sincèrement, oubliant, comme toujours, qu’il était l’esclave de sa passion pour Gabrielle.
    Au début du mois de mai, il écrivait, d’Abbeville, à M. du Plessis-Mornay :
     
    Nous passerons notre été ici et à Amiens, pour être à la tête des ennemis, s’ils entreprennent quelque chose.
     
    Mais huit jours plus tard il était à Montceaux, près de sa maîtresse…
    Il devait y rester jusqu’en octobre, batifolant dans la forêt, banquetant avec des amis, racontant des histoires galantes, et surtout se livrant avec la favorite à d’exténuants plaisirs sur le grand lit à baldaquin.
    Comme tous les amoureux du monde, Henri  IV donnait à son amie tout ce qu’il possédait. Il faisait même plus encore : il lui offrait ce qui appartenait à l’État. C’est ainsi que, le 25 août 1596, il lui fit cadeau de la totalité des biens « du feu Bocquet, habitant à Paris, et de ses enfants, qui avaient tué ledit défunt », que le 31 du même mois il la gratifia du produit d’amendes importantes, que le 2 septembre il lui abandonna le montant de tous les trop-perçus dont les receveurs de Guyenne et du Rouergue étaient astreints à faire la restitution, et qu’un peu plus tard, anticipant sur les recouvrements qu’il escomptait, il lui fit don de trente-deux mille livres à provenir sur la vente des offices de judicature dans la province de Normandie…
    Avec cet argent, la nouvelle marquise de Montceaux fit embellir son château et exécuter d’importants travaux de terrassement.
    Le peuple, qui n’aimait déjà pas beaucoup Gabrielle, s’émut de ces libéralités, et le libelle suivant circula dans Paris :
    Du Roy et de la Marquise
    Ho ! vous parlez de notre roy.
    – Non, fais-je. Vous jure ma foy
    Par Dieu, j’ai l’âme trop réale
    Je parle de Sardanapale
    Con sempre star in bordello
    Hercule no se flatta immortello [138]
    Au royaume de Conardise
    Où pour madame la Marquise
    Les grands monts sont mis à Montceaux
    Et toute la France en morceaux [139] .
     
    Or, tandis que le roi détournait allègrement les sommes destinées au Trésor, l’argent manquait pour mener la guerre contre les Espagnols. Des régiments entiers menaçaient d’abandonner leurs postes si les soldes n’étaient pas payées, et Sully, effrayé par la légèreté de son souverain, partageait l’accablement du peuple.
    Bientôt, Henri  IV lui-même fut épouvanté par son dénuement. Dépouillé par son insatiable maîtresse, portant des chemises déchirées et des pourpoints troués au coude, il entrevit la catastrophe et décida de s’adresser directement aux représentants du pays pour leur demander de lui venir en aide.
     
    Au mois d’octobre, il convoqua une assemblée de notables, à Rouen, afin d’étudier avec eux le moyen de rétablir ses finances. Croyant habile de frapper les populations normandes par le spectacle d’une cour brillante et élégante, il demanda à Gabrielle, seule personne riche du royaume, de le précéder en grande pompe. La favorite, bien qu’enceinte de huit mois, fit le voyage et arriva à Rouen dans une luxueuse litière. Le premier président, Claude Groulard, vint la saluer comme s’il s’agissait d’une souveraine, et l’archevêque lui demanda très humblement si elle voulait accepter de loger au palais abbatial de Saint-Ouen.
    Seul, le chapitre de la cathédrale montra quelque mauvaise humeur, alléguant qu’il s’agissait d’une concubine ; mais le prélat intervint et exigea qu’on fût plein de prévenances pour la bien-aimée de Sa Majesté.
    Ce saint homme compréhensif était, il est vrai, Antoine de Bourbon, frère naturel du roi…
    Le lendemain, Henri  IV arriva à son tour et ouvrit l’assemblée des notables par quelques mots d’esprit, avant d’exposer ses difficultés. Gabrielle, qui était particulièrement intéressée par la réussite de cet « emprunt national », l’écoutait, dissimulée

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