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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François Flohic
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général de Gaulle est à droite sur le siège arrière, à sa gauche, Mme de Gaulle.
    Je pense que l’on va gagner Mulhouse, ce qui n’éveille pas en moi d’inquiétudes particulières.
    Le président me demande alors de lui indiquer Orges sur la carte Michelin. Je n’ai pas eu le temps de me préoccuper de ce que m’avait dit Boissieu. J’ignore d’ailleurs qu’à Orges il y a un dépôt de l’armée. Je ne nous vois pas, au surplus, faisant ravitailler les hélicoptères à un poste à essence au bord de la route !
    Je réponds froidement que je ne trouve pas la localité indiquée.
    De Gaulle saisit ma réticence. Il n’insiste pas et m’ordonne de faire route sur l’aérodrome militaire de Saint-Dizier et d’y prévoir le plein de carburant. À 12 h 50, les hélicoptères se posent en bout de piste où le colonel Roche, commandant la base, a stationné les camions-citernes.
    Le ravitaillement est rapidement exécuté. À tout hasard, ignorant le périple que nous allons effectuer, je demande au colonel d’installer une citerne à Colombey au cas où il nous faudrait rentrer à Paris.
    Nous reprenons l’air à 13 h 10. Pendant le temps du ravitaillement, le Général et Mme de Gaulle sont restés sanglés sur leur siège sans prononcer une parole. Durant tout le trajet, je l’ai senti très concentré. Enfin, le Général m’indique sa destination : la résidence du général Massu, commandant les FFA à Baden-Baden en Allemagne.
    Je me concerte avec les pilotes sur la route à emprunter. Il importe de franchir les Vosges au col de Saverne car Boissieu a informé mes collègues que la météo est mauvaise sur les reliefs.
    Nous décidons de passer au nord de Nancy, de gagner le col de Saverne, de franchir le Rhin au nord de Strasbourg. Me remémorant Le  Fil de l’é pée [8] et le rôle capital de la surprise dans toute action, j’ordonne au pilote de voler aussi bas que possible en évitant de se faire repérer par les radars dont il connaît les emplacements.
    Je fais aussi renvoyer l’hélicoptère de la gendarmerie, qui s’exécute immédiatement sans poser de questions, et je fais passer en silence radio à l’émission.
    Dégagé des préoccupations matérielles immédiates, mes pensées se précipitent durant le trajet. L’esprit va vite en période de crise.
    Je penche désormais pour une consultation de Massu avant de passer la nuit chez Boissieu à Mulhouse, d’autant que le Général me fait noter sur l’enveloppe à en-tête de la présidence, avec laquelle je communique avec lui, les noms des généraux Beauvallet et Rougemont qui commandent à Metz et Coblence, respectivement [9] .
    J’étudie la possibilité que le Général se retire du pouvoir puisque Mme de Gaulle est à ses côtés et que tous les bagages ont été embarqués.
    Je suis inquiet, encore que le fait de l’accompagner en uniforme me rassure quelque peu. Je me dis qu’il ne m’aurait pas entraîné dans son exil volontaire sans mon accord préalable même si je sais que la ruse fait partie de la panoplie des moyens du chef.
    Intervient alors un fait que je n’ai pas consigné dans mon compte rendu écrit le soir même à La Boisserie, et dont je ne saisirai l’importance qu’à la lecture des mémoires de Boissieu. Un fait que le capitaine Pouliquen m’a rappelé après coup. Le Général lui demande de le mettre en liaison avec Massu. Cela malheureusement ne peut être fait, l’hélicoptère ne disposant que des fréquences préréglées nécessaires au trajet Paris-Colombey.
    On comprend que de Gaulle, n’ayant aucune nouvelle de son gendre, veuille s’assurer auprès de Massu du lieu exact du rendez-vous.
    Boissieu n’a pu joindre Massu au téléphone depuis Colombey – les grévistes du centre téléphonique de Saint-Dizier s’y étant opposés –, en dépit de sa vive insistance. Il n’a pu non plus informer son beau-père de l’échec de sa communication.
    Lorsque son hélicoptère a repris les airs pour transmettre son message, il était 16 heures, moment auquel le Général s’apprêtait à quitter Baden.
    Boissieu a déclaré dans ses mémoires [10] qu’il avait été retardé sur le trajet Paris-Colombey par des ennuis de rotor sur son appareil.
    Le Rhin franchi, l’hélicoptère présidentiel erre quelque peu au-dessus d’une région inconnue des pilotes.
    Outre la recherche de Baden, il nous faut éviter d’être percutés par les avions de chasse

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