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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François Flohic
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décollant d’une base aérienne de l’Otan. Nous la franchissons en rase-mottes en bout de piste pour minimiser le danger de collision.
    J’aperçois soudain un petit terrain où des toits de hangars sont peints aux couleurs allemandes et portent l’inscription « Baden-Oos ». Comme je distingue des hélicoptères de l’Alat (Aviation légère de l’armée de terre) aux couleurs françaises, j’ordonne de se poser immédiatement près d’un hangar. Il est 14 h 50. Par chance, un sergent de l’armée de l’air se trouve à proximité. Je lui demande de m’indiquer le téléphone le plus proche.
    J’appelle le général Massu.
    À ma grande surprise, j’obtiens aussitôt Mme Massu qui me passe son mari.
    — Mon général, ici Flohic. Nous sommes ici.
    — Qui nous ?
    — Le Général et Mme de Gaulle. Indiquez-moi un vecteur pour gagner votre résidence et faites baliser votre pelouse par fumigène.
    — Mon petit vieux, je suis à poil sur mon lit en train de faire ma sieste. Donne-moi cinq minutes.
    — J’arrive.
    Le général Massu tombe des nues ou plutôt de sa sieste. Il a reçu la veille le maréchal Kochevoï, commandant en chef des armées soviétiques. D’après ce que j’ai appris par la suite, la soirée a été rude, ponctuée de divers toasts dont les Soviétiques sont friands en pareilles circonstances.
    En sortant du hangar, je tombe sur le général Lalande tout surpris de me trouver là car, en tant que militaire, je suis sous ses ordres.
    — Comment, Flohic, vous ici ?
    — J’y suis avec le Général et Mme de Gaulle.
    — Le Général et Mme de Gaulle !
    — Et vous ?
    — Avec le commandant de Gaulle et sa famille.
    J’apprendrai par la suite qu’avant son départ de l’Élysée, le Général a remis une lettre à Tallon pour son fils Philippe avec mission de le conduire, lui et sa famille, à Villacoublay où ils seraient pris en charge par le général Lalande.
    Entre-temps, les pilotes ne restent pas inactifs. Conscients de la difficulté de localiser la résidence de Massu, alors qu’un léger brouillard masque les reliefs de la Forêt Noire, ils demandent qu’un pilote de l’Alat les guide.
    Le Général, toujours sanglé sur son siège, n’a pas prononcé une seule parole.
    Au moment où son hélicoptère décolle, un deuxième Beechcraft vient se ranger à proximité. Par un hublot, je distingue le visage de mon camarade, Philippe de Gaulle.
    Je n’en suis pas surpris, Lalande vient de m’informer. Je suis plutôt rasséréné. Si le Général met sa famille à l’abri, c’est qu’il va tenter quelque chose. Lors du putsch des généraux d’Algérie, il m’avait envoyé auprès du chef d’état-major de la Marine pour qu’il fasse appareiller d’Oran Le Picard , commandé par son fils, afin de le soustraire à une prise éventuelle d’otages par les insurgés.
    Je n’obtiendrai pas de mon camarade Philippe de Gaulle une réponse à la question : savait-il ou pas qu’il retrouverait son père à Baden ? Il ne semble pas qu’il en ait eu l’assurance car, selon Boissieu, la rencontre de Gaulle-Massu devait se faire à Strasbourg-Entzheim dans le moins bon des cas.
    Sur la pelouse de sa résidence, Massu attend ses visiteurs en uniforme. Il est 15 heures. De Gaulle descend de son siège qu’il n’a pas quitté depuis Paris, soit pendant trois heures et quinze minutes. Répondant au salut de Massu, aussitôt il l’interpelle :
    — Alors, Massu, tout est foutu !
    — Vous n’y pensez pas, un homme de votre prestige a encore des moyens d’action.
    Je suis assez proche pour entendre cet échange. Je m’écarte ensuite pour laisser la conversation des deux hommes se poursuivre librement.
    Mme de Gaulle s’est aussitôt dirigée vers la résidence. Mme Massu le rapporte dans un livre de son mari : « J’entends les hélicoptères vrombir et se poser. Je redescends pour accueillir Mme de Gaulle qui, déjà, avance dans l’allée menant à la maison. Le Général est resté sur le terrain [11] . »
    La réponse de Massu me réconforte, et je ne doute pas qu’elle ait impressionné le président de la République.
    Les deux généraux ont une conversation animée d’une bonne dizaine de minutes sur la pelouse avant de gagner le bureau de Massu, suivis des deux aides de camp. Le général de Gaulle se tient très droit, les mains derrière le dos [12] .
    Dès que de Gaulle en a terminé avec Massu,

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