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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François Flohic
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hélicoptères à Issy-les-Moulineaux. Quant à leur destination, mes collègues ne savent rien.
    À 11 heures exactement, Boissieu sort du bureau de son beau-père. Me croisant, il me dit :
    — Si vous avez besoin de faire du kérosène, il y a un fidèle à Orges, entre Chaumont et Châteauvillain.
    Ce qui s’est passé entre de Gaulle et Boissieu, ce dernier l’a révélé le 8 juin 1983 à Ivan Levaï au micro d’Europe 1. Je cite de mémoire :
    « Au début, il m’a fait le coup de l’Apocalypse [4] . Je me suis alors levé et, me mettant au garde-à-vous, je lui ai dit qu’il n’avait plus devant lui son gendre, mais le commandant de la 7 e  division à Mulhouse. J’ai ajouté que l’armée est excédée par ce qui se passe à Paris et dans toute la France.
    — Serait-elle disposée à agir ?
    — Je puis vous en donner l’assurance.
    — Pourrait-elle reprendre les bâtiments publics occupés ?
    — Certainement. Elle l’a fait maintes fois durant l’affaire algérienne.
    — Bien. Comment s’y prendrait-elle ?
    — En jetant des grenades lacrymogènes par les soupiraux, ce qui ferait sortir les « rats » que l’on prendrait sans coup férir.
    — Le général Beauvallet [5] est-il dans les mêmes dispositions d’esprit ?
    — Je puis vous l’assurer, ayant eu une réunion de travail récente avec lui sur le sujet.
    — Et Massu [6]  ?
    — Massu aussi.
    — C’est bien, je vais m’en assurer. Vous allez vous rendre à Colombey d’où vous lui téléphonerez – ici, le gouvernement écoute tout, notamment sur les réseaux militaires – afin de lui donner rendez-vous au mont Sainte-Odile, à défaut à Strasbourg-Entzheim, si la météo que vous avez constatée est mauvaise sur les Vosges. Moi, pendant ce temps, je volerai en direction de l’Est. Vous me communiquerez le résultat de vos démarches par les radars sur le parcours. De tout ceci, pas un mot à quiconque. Secret absolu. Je veux plonger le gouvernement et l’opinion dans l’inquiétude de mon absence. »
    Entrant à mon tour, dans le bureau présidentiel, je salue le Général.
    — Je ne dors plus ici. J’ai besoin de me refaire à la campagne. Prenez des cartes plus à l’est de Colombey, sans que l’on vous voie, et rendez-moi compte quand je pourrai quitter l’Élysée.
    — Des fonds sont-ils prévus ?
    — Oui, tout est prévu.
    Dans l’ignorance de la destination, je penche pour un déplacement à Mulhouse.
    En cinq minutes, j’ai pris des cartes, donné ordre au chauffeur de stationner dans le parc, prévenu le commissaire Puissant, chef adjoint de la sécurité présidentielle, du départ imminent.
    Le Général pourra partir à 11 h 15.
    Au moment où sa voiture roule déjà sur le gravier, de Gaulle me demande le trajet qu’il va emprunter [7] pour gagner l’héliport car, me dit-il :
    — Je ne tiens pas à défiler devant Citroën en grève.
    À la volée, j’interroge Puissant, qui me répond :
    — Rive droite.
    Contrairement à l’habitude, je ne me suis pas concerté avec la Sécurité sur l’itinéraire à emprunter – depuis l’attentat de Pont-sur-Seine, l’aide de camp de service décide seul de l’itinéraire des déplacements privés. La voiture de sécurité suivant celle du président de la République. À Paris, deux motards de la préfecture de police ferment la marche, chargés de dégager les embouteillages aux carrefours, en cas de besoin.
    À 11 h 20, les deux voitures se rangent près des hélicoptères en attente. Les équipages s’affairent au chargement des bagages. Ils m’apparaissent relativement importants quoique la capacité des soutes de deux Alouette III soit très limitée. Il faut aussi caser ma valise, celle du commissaire Puissant, celle du policier Tessier, celle du médecin de service qui transporte en outre l’appareillage de réanimation de l’armée.
    Tout ceci prend un certain temps. Le Général s’impatiente :
    — Pressons, on nous observe.
    Son chauffeur, Fontenil, marque sa surprise de ne conserver aucun bagage. D’habitude, il les apporte à Colombey par la route.
    Enfin, les soutes sont bouclées, les passagers embarqués.
    À 11 h 45, les trois hélicoptères sont en vol, cap à l’est – le troisième étant celui de la gendarmerie.
    J’occupe un siège à l’avant gauche à côté du commandant, le capitaine aviateur Pouliquen, à sa droite, le copilote, le lieutenant Laloy. Le

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