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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Romain Sardou
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précautions ? »
    Il bondit et ouvrit sa porte pour héler un garçon du quartier, le jeune Matthieu, petit-neveu de Viola auquel il avait appris à lire et à écrire. Il lui donna les pièces laissées par la femme de Chênedollé. Moins d’une heure plus tard, malgré la nuit, Zapetta était de retour chez Gui, heureuse et inquiète à la fois d’être rappelée si tôt.
    — Comment as-tu eu vent de mon existence ? lui demanda Bénédict. Ton frère connaissait-il mon nom ? Est-ce lui qui t’a un jour parlé de moi ?
    — Non, monsieur, jamais.
    — Qui alors ? Tu m’as confié qu’on t’avait dit que je pouvais tout résoudre et que, sur cette promesse, tu serais allée jusqu’à Viterbe pour me trouver ?
    — C’est un homme. Un homme qui s’attardait près de chez nous. Je l’ai remarqué deux jours après la disparition de mon frère. Je ne le connaissais pas. Il a lu la détresse sur mon visage. Je lui ai dit mon malheur et il m’a alors conseillé de venir vous trouver.
    Elle lui décrivit le personnage.
    Pas de doute : il s’agissait de Maxime de Chênedollé.
    « Ouvrez l’œil et suivez la piste de Rainerio…»
    — Vous n’allez pas abandonner les recherches ? s’inquiéta Zapetta.
    Bénédict lui parla des révélations de Tomaso sur la mélancolie de Rainerio.
    — C’est impossible ! s’exclama la jeune fille sur ce dernier point. Rainerio n’était pas malheureux. Au contraire. Il nous promettait que bientôt, dès qu’il aurait prononcé ses vœux, il serait avancé et nous pourrions nous installer dans une meilleure maison avec nos parents !
    Bénédict se dit que Rainerio cachait sa détresse aux siens.
    — J’ai besoin de temps, dit-il à la jeune fille. Ne tirons encore aucune conclusion. J’aurai le fin mot de cette affaire…
    Il raccompagna la jeune fille dans la rue.
    Elle s’éloigna. Il la sentait ravagée d’inquiétudes.
    Resté seul, Bénédict songea à Rainerio, Otto Cosmas, Henrik Rasmussen, Maxime de Chênedollé, Tomaso di Fregi, à la mort des quatre évêques, à la veuve et au valet…
    Une saute de vent fit grincer l’enseigne de sa boutique.
    Il leva le front.
    BÉNÉDICT GUI A RÉPONSE À TOUT
    Il haussa les épaules et rentra.

C HAPITRE 09
    Sept jours après son départ de Cantimpré et douze jours après le rapt de Perrot, le père Aba entra dans Narbonne.
    Cela faisait quatre ans qu’il n’y avait pas mis les pieds, mais il retrouva sa route sans faillir : il franchit le quartier des étudiants, passa devant le perron de l’école hébraïque, puis s’engagea dans la direction du couvent des dominicains. Il arriva devant une maison qui formait un angle coupé par une rue et une ruelle et qui était autrefois une masure ; aujourd’hui, les dominicains avaient acquis toutes les habitations voisines et converti leur modeste logis en une sorte de palais.
    Aba traversa un cloître remis à neuf et se rendit à l’étage du principal. Il se trouva nez à nez avec un frère lai qui défendait l’entrée du bureau du maître.
    — Père Aba, quel plaisir de vous revoir ! fit le jeune religieux en se levant.
    Il s’arrêta net. Effaré par les cicatrices du prêtre.
    — Que vous est-il…
    — Le père Tagliaferro est-il disponible ? coupa Aba.
    — Pas pour le moment. Jorge Aja, le nouvel archevêque de Narbonne, est auprès de lui. Mais cet entretien terminé, le père Tagliaferro vous recevra aussitôt. Vous vous sentez bien ? Désirez-vous que je fasse venir frère Janvier ? Il a longtemps versé dans la médecine avant de se consacrer à Dieu. Il pourrait inspecter vos plaies ?
    — Non merci. Pas pour le moment.
    Aba ne voulut rien faire qu’il n’eût expliqué le but de sa visite à Tagliaferro.
    Le jeune frère vit que les braies du prêtre étaient maculées de boue, sa houppelande couverte de poussière et de terre séchée : en plus d’être défiguré, il était épuisé par la marche et ravagé par ses maux de tête. Le frère lai le conduisit dans les appartements du maître où Aba était invité chaque fois qu’il visitait son ami Tagliaferro. Ce dernier, proche de la famille de Guillem Aba, était intervenu huit ans auparavant pour lui faire octroyer la cure de Cantimpré après son départ de Paris.
    Le prêtre de Cantimpré put manger et changer ses vêtements à sa guise. Mais il fit tout avec empressement et nervosité.
    Comme convenu, il fut appelé auprès de Jacopone Tagliaferro dès

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