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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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enquête sur un meurtre…) Ah ! voilà ! Il écrit ensuite : « J’ai été surpris d’entendre quelqu’un qui redescendait aussi rapidement de la Haute Place. Il se déplaçait souplement, mais trébuchait parfois à cause du mauvais état du sentier. Quand il m’a vu, il a tout de suite ralenti le pas et s’est mis à siffler d’un air dégagé. C’était un homme jeune, à peu près de ton âge, Musa. Il était mince, n’ avait pas de barbe, et portait un chapeau… » Plus tard, Shullay a trouvé ce chapeau un peu plus bas, caché derrière des rochers. Nous sommes tous les deux passés devant sans le voir, Falco.
    Tout en l’écoutant, j’essayais de réfléchir à toute vitesse.
    — C’est assez peu, mais c’est très utile. Nous avions six suspects possibles. Nous pouvons en éliminer quelques-uns grâce au témoignage de Shullay. Chremes et Davos sont trop âgés et trop corpulents pour correspondre à sa description.
    — Et Philocrates est trop petit, ajouta Musa avec un sourire narquois.
    — Et si l’homme avait été très beau, le vieux prêtre l’aurait certainement mentionné. Congrio est trop maigre et ne peut pas siffler. Ça nous laisse Tranio et Grumio.
    — Alors, qu’allons-nous faire maintenant, demanda le prêtre tout excité en se penchant en avant.
    — Rien pour le moment. Mais il va falloir trouver un moyen de savoir lequel des deux clowns est coupable.
    — Il faut d’abord penser à ta pièce, Falco ! insista Thalia l’air réprobateur.
    — Tu as raison. J’entends d’ici les cris d’impatience de la garnison. Mais ne t’en fais pas, je suis capable de mener plusieurs occupations de front.

67
    Répéter une pièce nouvelle seulement à moitié écrite, avec une bande d’éléments subversifs imbus d’eux-mêmes et qui ne me prenaient pas au sérieux, fut presque au-dessus de mes forces. Je ne voyais pas pourquoi ils cherchaient à me créer autant de difficultés. Le Fantôme qui parlait ne présentait aucun problème trop difficile à résoudre. Le héros, rôle attribué à Philocrates, s’appelait Moschion – le nom traditionnel du jeune homme dissipé, source de problèmes pour ses parents, ratant toutes ses histoires d’amour, et incapable de savoir s’il allait s’améliorer avant le dernier acte ou devenir un vrai voyou.
    Je n’avais pas encore choisi le lieu de l’action, mais pourquoi pas un endroit que personne n’a envie de visiter : l’Illyrie, par exemple.
    La pièce commençait par un mariage. Simple tentative pour faire naître une controverse, car la tradition plaçait toujours le mariage à la fin du dernier acte. La mère de Moschion, veuve, se remariait pour deux raisons : la première était de permettre à Tranio de faire son très bon numéro de cuisinier, la deuxième de donner l’occasion à la joueuse de flûte de Pan de distraire les invités. En même temps, sur fond de plaisanteries grossières de Tranio, le jeune Moschion se plaignait amèrement de sa maman, marmonnant pour lui-même quand personne n’avait le temps de l’écouter. En toute modestie, j’étais obligé de reconnaître que ce portrait d’un adolescent difficile était finement tracé – portrait autobiographique, bien évidemment.
    Les jérémiades de Moschion tournaient court à l’instant où il rencontrait le fantôme de son père. J’avais initialement prévu que le fantôme allait surgir d’une trappe, mais dans l’amphithéâtre mis à notre disposition, il était impossible d’avoir recours à un tel dispositif. Nous fîmes donc des essais avec divers autels et commodes. Le fantôme, merveilleusement incarné par Davos, resterait dissimulé jusqu’à ce qu’on ait besoin de lui. Ça pouvait fonctionner, dans la mesure où Davos n’attraperait pas de crampe.
    — Si c’est le cas, Davos, débrouille-toi à ne pas boiter. Les fantômes ne boitent jamais !
    — Va te faire foutre, Falco. Garde tes conseils pour quelqu’un d’autre. Je suis un professionnel.
    Être un auteur-metteur en scène n’est pas un boulot de tout repos.
    Le fantôme accusait le nouveau mari de la veuve d’avoir assassiné l’ancien – lui-même –, ce qui posait un cas de conscience à Moschion. Tout le reste de la pièce était consacré aux efforts déployés par ledit Moschion – efforts contrariés –, pour décider le fantôme à venir témoigner devant un tribunal. Ma première version était un long drame, mais dans cette variante abrégée pour la

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