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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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traiter. Si on se contente d’ignorer ce genre d’individu, on se sent coupable, et si on essaye de s’intéresser à eux, on a tendance à devenir rapidement condescendant.
    — C’est toi qui annonces le spectacle, pas vrai ? Je suis Falco, le nouveau dramaturge d’occasion. J’ai besoin de gens qui savent lire et écrire, pour recopier mes adaptations.
    — Je sais écrire, précisa Congrio d’un ton rude. Chremes me fournit des tablettes de cire.
    — Est-ce que tu joues aussi dans les pièces ?
    — Non, mais ça m’empêche pas de rêver ! s’exclama-t-il avec un air de défi.
    Apparemment, il était capable d’autodérision.
    — Qu’est-ce qu’on peut faire pour toi ? demanda Helena en souriant.
    — Grumio et Tranio sont rentrés et ils ont acheté du vin en ville. Ils demandent si tu veux te joindre à eux.
    Il s’adressait à moi.
    Malgré une forte envie de dormir, je me forçai à faire preuve d’enthousiasme.
    — Ah ! voilà enfin une proposition intéressante !
    — Seulement si tu as envie d’empêcher tout le campement de dormir cette nuit et d’avoir la gueule de bois demain, ajouta Congrio avec une belle franchise.
    Le regard que me jeta Helena était explicite. Elle se demandait comment les faux jumeaux, le « clown des villes » et le « clown des champs », avaient pu deviner aussi facilement quel dégénéré j’étais. Mais je n’avais pas besoin de sa permission – certainement pas quand leur offre allait me procurer une excellente occasion de poser des questions sur Heliodorus. Je m’empressai donc de me lever pour aller me couvrir de honte. Musa resta en compagnie de la fille légèrement courroucée du sénateur. Certain qu’il ne buvait pas, je ne lui proposai pas de m’accompagner.
    Congrio suivit d’abord le même chemin que moi, mais ne tarda pas à s’en écarter.
    — Tu ne viens pas boire ? criai-je après lui.
    — Certainement pas avec ces deux là, lança-t-il par-dessus son épaule, avant de disparaître derrière un chariot.
    À première vue, cet homme savait choisir ses amis – mais l’amertume du ton ne m’échappa pas. L’explication facile était que ses collègues passaient leur temps à se moquer de lui. Il pouvait cependant y avoir une autre raison. Il faudrait que j’essaie de lui tirer les vers du nez.
    Soudain pensif, je m’approchai seul de la tente des faux jumeaux.

16
    Grumio et Tranio avaient dressé la tente rudimentaire de règle dans notre campement de fortune. Les couvertures provisoirement relevées sur un côté leur permettaient de voir les passants – et de faire des commentaires souvent inconvenants. Ils avaient également pris soin de tendre un rideau en travers de leur abri pour le diviser en deux parties égales. Le même désordre régnait des deux côtés. Ils ne s’étaient donc pas disputés pour une question de ménage. Il n’empêche que cette séparation témoignait de relations moins intimes qu’on le pensait.
    Quand on avait tout loisir de les observer, comme c’était mon cas maintenant, on s’apercevait qu’en réalité ils ne se ressemblaient pas du tout. Grumio, le « jumeau des champs », celui qui jouait les esclaves en fuite et les débiles, paraissait d’un naturel aimable avec son visage joufflu et ses cheveux raides bien plantés qui retombaient d’une façon élégante. Tranio, le « citadin », plus grand, ramenait ses cheveux coupés court sur le devant. Ses traits étaient plus marqués, et il donnait l’impression de pouvoir se transformer facilement en ennemi implacable. Ils possédaient tous les deux de pénétrants yeux sombres avec lesquels ils portaient un regard critique sur le monde.
    — Merci pour l’invitation ! Congrio a refusé de m’accompagner, lançai-je, comme si présumais qu’ils l’avaient également convié.
    Tranio, celui qui jouait le malin serviteur du soldat fanfaron, emplit une coupe à mon intention en faisant beaucoup de simagrées.
    — Congrio est comme ça. Il aime faire la tête. Comme nous tous d’ailleurs. Sous la bonhomie apparente des membres de notre joyeuse compagnie bouillonnent des émotions violentes.
    — C’est l’impression que j’ai eue. (J’acceptai la coupe et m’adossai à des sacs de costumes.) Helena et moi avons d’ailleurs appris que Chremes haïssait sa femme et qu’elle le lui rendait bien.
    — Oh ! il a dû vous le dire lui-même, intervint Tranio d’un air entendu. Ils aiment beaucoup jouer là-dessus.
    — Et c’est

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