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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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pleins de regrets. Il était bâti comme un tumulus celte. On devinait qu’il serait pratiquement impossible de le renverser. Il donnait l’impression d’avoir déjà tout expérimenté, et sa vision de la vie paraissait bien morne. Il ne manifestait pas le désir d’acheter un billet pour une deuxième représentation. Je finis par me persuader qu’il était trop aigri pour essayer de déguiser ses sentiments. Mais je savais aussi que s’il cherchait à fausser mon jugement, il était assez bon acteur pour y parvenir.
    Toutefois, je n’arrivais pas à m’imaginer Davos dans la peau d’un tueur.
    — Raconte-moi comment ça s’est passé, demandai-je.
    Le comédien poursuivit donc son histoire. Sa voix cuivrée donnait à son récit l’aspect d’une représentation théâtrale. Voilà justement le problème, avec les acteurs : tout ce qu’ils disent sonne vrai.
    — Les jumeaux nous avaient dit que l’endroit se trouvait à l’extérieur des remparts, à l’est de la cité.
    — Je t’en prie, Davos, épargne-moi l’itinéraire touristique. Venons-en tout de suite à la citerne.
    J’étais furieux contre moi pour ne pas les avoir surveillés de plus près. Si je les avais accompagnés, même de loin, j’aurais au moins pu voir l’incident, et peut-être le prévenir. Sans parler de boire une petite coupe.
    — Il y a plusieurs grandes citernes destinées à recueillir l’eau de pluie. (Elles devaient être pleines, ce soir. Un malheureux hasard déversait une année de pluie sur Bostra en une seule fois.) Nous avons dû en contourner une, construite sur un immense talus, en suivant un sentier étroit où certains faisaient un peu les fous. Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais Musa a glissé dans l’eau.
    Arrivé à ce stade de son récit, Davos garda un silence plein de sous-entendus. Je l’observai attentivement. Sur scène, son attitude eût été éloquente.
    — Quels sont ceux qui faisaient les fous ? Et comment Musa a-t-il glissé ?
    Le prêtre releva la tête pour la première fois. Il ne dit pas une parole, mais il dévisagea le comédien qui répondit : — Les clowns s’amusaient, et quelques machinistes. Ils faisaient semblant de vouloir se pousser dans l’eau les uns les autres. Mais j’ignore comment Musa a glissé.
    Le prêtre ne paraissait pas enclin à nous éclairer sur cette question et, pour l’instant, je décidai de le laisser en paix. D’ailleurs, Helena, qui lui apportait une boisson chaude, resta ensuite près de lui à l’entourer de ses soins, me donnant l’occasion de parler à Davos en privé.
    — Tu es certain de ne pas avoir vu celui qui a poussé notre ami ?
    Comme moi, le comédien baissa instinctivement la voix pour répondre : — Je ne savais pas que je devais le surveiller, et je devais moi-même faire attention où je posais les pieds. Il faisait nuit noire, et le terrain glissant aurait dû enlever à tout le monde l’envie de se divertir.
    — Est-ce que l’accident s’est produit en partant ou en revenant ?
    — En partant. Personne n’était encore soûl.
    Davos comprenait parfaitement ce que cela impliquait. Si quelqu’un avait poussé le Nabatéen, c’était un geste délibéré.
    — Quelle est ton opinion personnelle sur Tranio et Grumio ? demandai-je encore, assez pensivement.
    — Ils sont un peu fous tous les deux. Mais c’est normal. Faire les idiots sur scène en permanence rend les clowns assez imprévisibles. Et il est difficile de les blâmer, quand on voit le niveau des plaisanteries que leur écrivent les soi-disant auteurs. (J’acceptai l’insulte professionnelle avec un haussement d’épaules.) Ce qui est certain, c’est que de nombreux clowns sont tombés d’une échelle une fois de trop. (Mon expression confuse ne lui échappa pas.) Trop de coups sur la tête, expliqua-t-il. Le cerveau finit par être atteint.
    — Mes ces deux-là me paraissent plutôt brillants, grognai-je.
    — Assez brillants pour causer des ennuis, acquiesça-t-il.
    — D’après toi, ils pourraient aller jusqu’à tuer ?
    — C’est toi, le détective privé, Falco. C’est à toi de me le dire.
    — Qui t’a dit que j’étais détective privé ?
    — Phrygia.
    — Alors rends-moi un service : ne propage pas la nouvelle ! Les racontars ne vont pas me faciliter la tâche. (Je savais pourtant que je ne serais pas en mesure de mener une enquête discrète au sein de la troupe, aucun de ses membres n’étant capable de tenir sa

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