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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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longue conversation avec cet homme, et je faillis acheter son insolite animal.
    Entrés dans la cité par la porte sud, nous nous étions très vite retrouvés devant le seul théâtre qui existait alors. Malheureusement, nous fûmes tout de suite repérés par des hordes d’enfants qui nous assiégèrent dans les règles et tentèrent de nous vendre des rubans et des sifflets mal fabriqués. Beaux, l’air sérieux, ils offraient leurs marchandises en silence, mais le bruit provenant des rues adjacentes était à peine supportable.
    — C’est sans espoir ! se plaignit Chremes, alors que nous nous étions regroupés pour faire le point de la situation.
    Le dégoût qu’il avait soudain éprouvé pour La Corde, après l’échec de la deuxième représentation à Philadelphia, n’était plus qu’un lointain souvenir. Il pensait maintenant que ce serait notre meilleur choix. Pendant notre discussion, je voyais du coin de l’œil les jumeaux s’entraîner à la guerre. Puis j’eus un échantillon de l’indécision que Davos reprochait à son chef de troupe.
    — J’aimerais que tu peaufines L’Arbitrage, Falco.
    Ayant lu cette pièce, je protestai que La Corde était un bien meilleur choix. Chremes ignora mes propos. Ses doutes sur le choix d’un ouvrage n’étaient d’ailleurs qu’une partie du problème.
    — Soit on lève tout de suite le camp pour filer ailleurs, soit je me démène pour organiser une représentation ici. Mais si je réussis, ça voudra dire que le pot-de-vin versé à l’organisateur va nous priver de presque toute la recette. D’un autre côté, si on part tout de suite, on aura perdu une semaine entière sans rien gagner…
    Visiblement irrité, Davos intervint d’une voix sèche :
    — Moi, je vote pour que tu tentes d’obtenir une date dans cette ville. Même si je sais que jouer devant toute cette concurrence bidon, ça va être comme de donner la pièce dont on ne parle jamais à Olynthus, un jeudi où il pleuvrait…
    — C’est quoi la pièce dont on ne parle jamais ? demanda Helena.
    Davos lui jeta un regard torve, déclara que par définition il n’était pas autorisé à en parler, et ponctua ses excuses par un haussement d’épaules.
    Je tentai d’utiliser un autre moyen pour détourner le directeur de son choix stupide.
    — Chremes, on a besoin d’une bonne recette. J’ai eu une idée qu’on pourrait essayer. C’est l’histoire d’un garçon qui rencontre le fantôme de son père qui vient de mourir, et le fantôme lui dit…
    — Tu dis que le père est mort ?
    Il paraissait déjà embrouillé avant que j’en arrive à la partie compliquée.
    — Oui. Assassiné. C’est même là toute l’histoire. Le fantôme attrape le héros de la pièce par sa tunique et lui révèle qui a buté son père…
    — Impossible. Dans les Nouvelles Comédies, les fantômes ne parlent jamais.
    Au temps pour mon imagination créatrice. Chremes savait apparemment se montrer suffisamment ferme pour tuer dans l’œuf un futur génie du théâtre. Après avoir balayé mon chef-d’œuvre d’un geste négligent, il continua de discourir à tort et à travers. Ayant perdu tout intérêt pour les inepties qu’il débitait, je mordillais une paille en pensant à autre chose.
    Il finit tout de même par se fatiguer de parler pour ne rien dire, et partit en trombe pour converser avec le directeur du théâtre. D’un commun accord, nous envoyâmes Davos le rejoindre pour l’empêcher de capituler trop aisément. En attendant le résultat de cette entrevue, nous prîmes notre mal en patience. Le soleil était bien trop chaud pour que nous ayons envie de faire quoi que ce soit avant de savoir à quelle sauce nous allions être mangés.
     
    Grumio, toujours aussi provocateur, lança :
    — La pièce dont on ne parle jamais, c’est une œuvre de Térence : La Belle Mère.
    — Mais toi, tu en parles ? s’étonna Helena après la rebuffade infligée par Davos.
    — Moi, je suis pas superstitieux.
    — Quel est le problème avec cette pièce ?
    — À part son titre épouvantable ? Rien. C’est au contraire sa meilleure pièce.
    — Alors à quoi doit-elle cette mauvaise réputation ? demandai-je.
    — À un bide retentissant, parce que des boxeurs, des danseuses sur fil et des gladiateurs qui se produisaient en même temps avaient attiré tous les spectateurs éventuels.
    Je pouvais facilement me mettre à la place de Térence.
    Nous avions tous l’air abattu. Notre situation

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