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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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permet certaines appréciations sur les uns et les autres.
    — Les Français seront toujours en minorité au kommando Heinkel. Tous portent le triangle rouge bien que tous ne puissent prétendre à la qualification de politiques. Les plus nombreux, et de loin, appartenant à toutes les opinions, à toutes les confessions, à tous les milieux, sont là pour cause de Résistance : F.T.P. – agents des réseaux d’action, de renseignements ou d’évasion de la France Combattante – membres de divers mouvements ou partis de Résistance, et tous ceux qui, sans être engagés dans une organisation, ont lutté d’eux-mêmes contre l’ennemi, en sabotant, en faisant de la propagande antinazie, en aidant les évadés, les pilotes abattus, en constituant des dépôts d’armes, en tentant de passer en Espagne pour rejoindre la France Libre…
    — Il y aussi des camarades qui, sans être de vrais résistants, ont été pris dans des rafles. Certains encore, très rares d’ailleurs, ont été trouvés par les Allemands dans des centrales où ils séjournaient depuis août ou septembre 1939, arrêtés par le gouvernement Daladier ; ceux-là sont incontestablement des politiques… Quant à être Résistant, c’est plus difficile à admettre, on ne voit guère à quel ennemi, à quel envahisseur ils ont résisté. Depuis 1939, j’ai élargi sensiblement mes horizons, je ne veux pas être sectaire, cherchant toujours à comprendre les hommes et leurs actes, je dois avouer que je n’ai pu encore trouver d’explication satisfaisante à la conduite de ces « patriotes »-là (qui furent très rares – je le répète – et qu’il ne faut pas confondre avec un groupement ou un parti). Avec beaucoup de bonne volonté, je ne désespère pas d’y arriver un jour.
    — Enfin, parmi nous, il y a aussi des gens beaucoup moins intéressants qui, eux, ne souffrent pour aucun idéal : tel ce garçon que j’ai connu à Sarrebrück et qui, travaillant en France pour les Allemands, leur volait du fil de cuivre pour le leur revendre aussitôt par un intermédiaire ; tel encore ce bonhomme, pas méchant pour deux sous d’ailleurs, qui avait voulu gagner un peu trop en faisant de l’abattage clandestin pour les Boches ; tels ces gamins qui, partis comme volontaires en Allemagne afin d’éviter une poursuite judiciaire en France, s’étaient enfuis par la suite de leurs lieux de travail, etc.
    — Mais ce que je puis certifier, toute considération d’amour-propre national mise à part, c’est que, d’une façon générale, il y eut fort peu de brebis galeuses parmi nous. À part quelques cas heureusement isolés, les Français surent garder, là-bas, beaucoup mieux que tous les autres peuples, un sens précis de la dignité, fait d’autant plus méritoire qu’ils étaient, presque toujours, les plus mal partagés et les plus mal menés. Bien entendu, pour la cause, je range des Belges à nos côtés.
    — La masse, chez nous, était constituée par les Russes et les Polonais. Je dois dire que, en dehors de quelques cas particuliers, elle n’était pas intéressante. Les Russes, les plus nombreux, relativement bien résistants au physique, facilement batailleurs, ne s’embarrassaient d’aucun scrupule dans leurs rapports avec les autres détenus. Animés d’un sens national très précis, se groupant volontiers sous la férule de quelques chefs de bandes, ils se livraient à de véritables expéditions pour voler et piller ; cela ne les gênait aucunement d’arracher la portion d’un autre camarade, par ruse – et Dieu sait s’ils sont adroits pour ce genre de travail – ou même par force (les Italiens, arrivés en décembre 1943, en surent quelque chose). Ils étaient de toutes les régions : Ukraine, Smolensk, Moscou, Leningrad… Une assez grosse proportion accusait un type mongol ou tartare très prononcé. Pas mieux considérés que les Français par les hautes autorités, ne parlant généralement pas l’allemand, rares étaient ceux dotés d’un « poste » en vue. Par contre, ils postulaient volontiers les emplois de Stubendienst adjoints dans les blocks et auprès des caïds du camp ; dans ces fonctions, bien habillés et nourris, ils se montraient méchants avec les autres prisonniers, mais plus que complaisants vis-à-vis de leurs « maîtres » dont ils acceptaient avec beaucoup de facilité les hommages d’un genre un peu spécial. En dehors de cela, la plupart étaient

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