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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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resterons pas longtemps, la bête féroce est touchée à mort, elle est prise à la gorge, elle aura encore certainement des réactions violentes mais qui ne sauraient se prolonger. 1944, au plus tard, verra la victoire pour l’acquisition de laquelle nous sommes presque tous là.
    — Bref, à part la soif, le trajet est presque agréable, nous avons passé Salzbourg et Linz. À Saint-Valentin on a décroché le wagon et le voici remorqué par un petit train poussif. Un grand pont métallique sur le Danube, une petite gare paisible où le convoi stoppe, comment s’appelle-t-elle ?
    « MAUTHAUSEN »
    — Tout le monde à terre, il est 7 heures du soir, le temps est délicieux, le pays joli… Nous sommes à destination.
    « C’est l’Autriche, me dit Edmond, je l’avais toujours souhaité. Nous ne serons pas mal, tu verras…»

II
KOMMANDOS HEINKEL
    — Au xx cours d’une période de dix-neuf mois environ, s’étendant du 12 septembre 1943 au 1 er avril 1945, je connus trois installations sans jamais changer de kommando de travail. Pendant tout ce temps, j’aurai été, comme mes camarades, un esclave du Reich loué à la firme Heinkel, gravitant toujours autour de Vienne, restant neuf mois à Wien Schwechat, quatre à Floridsdorff et six à Mödling xxi .
    — Schwechat, où nous débarquions le 12 septembre 1943 vers midi, était une usine aux proportions considérables, bâtie depuis peu en bordure d’un beau terrain d’aviation. Le cœur de la fabrique, soigneusement séparé du reste par plusieurs réseaux de barbelés électriques, comportait en son centre un petit camp entouré lui-même d’une nouvelle enceinte de fils de fer. La topographie des lieux était simple : une cour rectangulaire mesurant environ 80 mètres sur 60, dont les quatre faces étaient bordées de baraquements. Il y en avait dix : deux grands hangars en planches, munis de petites fenêtres sur les grands côtés et possédant, à leurs deux extrémités, d’énormes portes à glissières comme il en existe pour clore les halls d’exposition ou certaines granges, c’étaient les blocks 1 et 4 ; deux petites baraques, en bois également, peu logeables mais où les courants d’air ne régnaient pas en maîtres, blocks 2 et 3. Entre ces deux-là, le « waschraum » commun à tout le camp. Sur la quatrième face du rectangle, un baraquement un peu plus soigné abritait le Revier et les services généraux. Ultérieurement, il fut construit une cuisine et des douches. Enfin, en février 1944, un camp annexe comportant trois petits blocks assez convenables, numérotés 5, 6 et 7 sera édifié un peu plus loin.
    — Enfermé au milieu de ce quadrilatère, le détenu ne voyait rien au-delà de 100 mètres de distance : il passera là des jours et des mois sans contempler un arbre ni l’ombre d’une activité étrangère à celle du camp ou de la portion d’usine où il se trouve. Ce cadre, d’une tristesse mortelle, fut le théâtre de bien des souffrances, de bien des atrocités et de bien des morts.
    — Floridsdorff, c’était autre chose. Après un premier bombardement de Schwechat, en avril 1944, la direction Heinkel avait jugé prudent de décentraliser ses installations. D’assez nombreuses machines-outils avaient été installées dans la très proche banlieue de Vienne, au fond des caves d’une ancienne brasserie.
    — Il avait été alors édifié tout à côté un camp ultra réduit, pouvant abriter au maximum quatre cents à cinq cents hommes, dans des conditions vivables. Or, il se trouva que le 26 juin 1944, l’aviation américaine ayant mis fin, pour de longs mois, à l’existence de l’usine de Schwechat, il fallut bien empiler les rescapés de cette journée mémorable dans ces locaux exigus. Ce fut une supercompression, mais il faisait beau, il faisait chaud, alors… ce fut le moins mauvais séjour des trois.
    — La production de l’usine, qui avait toujours été très faible (nous faisions presque tous les plus grands efforts pour qu’il en soit ainsi), devint pratiquement nulle après juin 1944, au moins dans sa partie dite « Müsterbau », à laquelle j’appartenais en qualité de traceur. La direction et l’état-major de la Luftwaffe ne l’entendaient toutefois pas ainsi – ces organismes avaient même de grandioses projets. Aussi, dès juillet 1944, entreprit-on l’installation d’une fabrique souterraine à Mödling, petite ville d’eau charmante et un peu

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