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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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cela lui plaisait, pour ses amis ou les amis de ses Stubendienst dans tous les cas, ou bien, tout simplement, pour vendre contre des cigarettes ou contre des produits fins appartenant aux heureux détenus, non classés N.N. (Nacht und Nebel) qui pouvaient parfois correspondre avec leurs familles et ainsi recevoir des colis. Ce redoutable personnage était toujours une sombre brute et un cogneur de première.
    — Sur le même pied, il y avait les policiers du camp qui surveillaient les cours, de nuit principalement, et empêchaient les vols dans les magasins et aux cuisines. Inutile de dire qu’ils étaient les premiers à y opérer mais là ils ne faisaient de tort à personne.
    — Enfin, coiffant le tout, la haute volée : les Blockältester, les Blockschreiber, le Lagerschreiber et le Lagerältester. Ils se prenaient pour de véritables princes du sang. Habitant des petites chambres construites à leur intention dans un coin du block, ils tenaient la comptabilité des effectifs, des groupes de travail, dirigeaient les corvées… Les Schreiber, chez Heinkel, furent en général assez bien ; il y avait Peter, un grand Autrichien, banquier à Vienne, fils d’un ministre de Dollfuss, assassiné sous ses yeux dans un camp de concentration nazi, détenu politique ; il parlait bien le français et nous aimait assez. Il y avait aussi un Polonais très prétentieux, du nom de Lewandowski et quelques autres qui passèrent. Eux travaillaient dur et étaient terrorisés par le Rapportführer. Quant aux autres grands caïds, ils n’avaient guère d’autre occupation que de gueuler, de manger (en général parfaitement bien) et de nous frapper à tour de bras.
    — Il faut aussi signaler le personnel des cuisines et du Revier (ou infirmerie). Eux avaient des places acceptables surtout si le kapo était correct – ce qui fut rarement le cas, surtout au Revier. Au kommando, il n’y eut jamais qu’un seul Français à la cuisine mais il y eut deux médecins au Revier depuis l’été 1944 ; ils y firent beaucoup de bien, surtout Herbert Jouen, un docteur de Nantes.
    Cela c’était pour le camp et déjà bien pénible à supporter. Malheureusement, il y avait encore les kapos des kommandos de travail. Tous les détenus, en effet, constituaient différentes équipes. Celles du Lagerbau d’abord, assurant les terrassements et constructions à l’intérieur du camp, puis celles de la fabrique, travaillant, pour la plupart, alternativement de jour et de nuit, douze heures chacune avec seulement un arrêt d’une heure au milieu. Chaque équipe était dirigée par un ou plusieurs kapos. Ceux-ci, des prisonniers, généralement allemands ou polonais, assuraient la discipline, la distribution du repas pris au travail et, matraque à la main, surveillaient le labeur de chacun. Ils administraient les coups que les contremaîtres ou ingénieurs demandaient pour nous lorsque la faute ne valait pas un « meldung » (rapport) de la direction aux S.S., ce qui était toujours très grave et finissait souvent par une séance de tortures. La plupart de ces kapos étaient méchants, brutaux et vicieux. Eux aussi possédaient, presque tous, leurs petits « girons » et avaient leurs têtes de turc.
    Le camp ainsi organisé, les détenus vivaient dans la perpétuelle terreur des kapos et privilégiés. La parole de Hitler : « Je ferai battre mes prisonniers par leurs semblables », était exactement réalisée. Ceux-ci, voulant conserver leurs privilèges, montraient un zèle débordant à l’exécution de leur sinistre mission et leurs mentalités de brutes s’accommodaient parfaitement de cette situation.
    — Venaient ensuite les S.S., ceux-ci étaient représentés par les « Posten », les Blockführer, le Rapportführer, l’Oberscharführer et le Lagerführer. Les premiers, simples sentinelles, étaient disposés en arme tout autour du camp dans les miradors, ou bien formaient une haie, fusils ou mitraillettes braqués sur nous, lorsque nous faisions les quelques pas séparant le camp de l’usine. Leurs rapports avec les détenus étaient pratiquement nuls.
    — Les Blockführer ou Kommandoführer étaient Gefreiter, Obergefreiter ou parfois Unterscharführer. Ils restaient en permanence dans le camp ou à l’usine, surveillant tout, contrôlant tout, en particulier les appels avant d’en rendre compte au Rapportführer. Toujours armés de cravaches en plus du pistolet automatique, accompagnés parfois de

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