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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Peut-être avait-elle raison, malgré
tout ? Chose certaine, elle ne voulait pas prendre le risque de mettre au monde
un enfant qui ne serait pas normal. Elle s'était alors promis d'aborder la
question avec Gérard. Puis les semaines avaient passé et elle avait fini par
renoncer à son projet.
     
    En ce jeudi
saint, elle se sentait très fatiguée, même s'il n'y avait que la moitié de la
journée d'écoulée. S'il pouvait cesser de pleuvoir, elle pourrait au moins
envoyer Denise et Jean-Louis jouer dans la cour. La petite Gravel descendrait
probablement jouer avec eux.
     
    — C'est vrai que
c'est pas une vie d'être presque tout le temps en famille à pleine ceinture, se
dit-elle subitement à mi-voix en s'apitoyant sur son sort.
     
    Elle fut tirée de
ses pensées par des coups discrets frappés à la porte d'entrée. La jeune femme
de vingt-sept ans quitta sa chaise berçante avec peine et alla ouvrir. Elle
découvrit sa mère debout sur le pas de sa porte.
     
    — C'était barré
et j'ai pas sonné parce que je voulais pas risquer de réveiller les petits,
expliqua Annette en pénétrant dans l'appartement.
     
    — Ils sont
réveillés depuis un bon bout de temps, m'man. Je peux même vous dire qu'ils
sont pas du monde aujourd'hui. J'ai hâte de les envoyer jouer dehors. Il y a
juste Gilles qui fait encore son somme de l'après-midi.
     
    — C'est un bon
bébé que t'as là, lui fit remarquer Annette en tendant le cou alors qu'elle
passait devant la porte de la chambre de sa fille pour apercevoir le poupon qui
dormait dans son petit lit.
     
    — J'ai pas à me
plaindre, reconnut Laurette. Vous, m'man, vous avez pas peur d'attraper une
bonne grippe à vous promener dehors quand il mouille comme ça ?
     
    — T'as pas
regardé dehors ? Il a arrêté de mouiller depuis une demi-heure au moins. Quand
j'ai vu ça, j'ai pensé venir garder les petits pour te permettre d'aller te
confesser pour faire tes Pâques.
     
    — Vous auriez pas
dû vous déranger. J'aurais pu attendre à soir. Il y a aussi des confessions
après le souper.
     
    — Il va y avoir
ben trop de monde, lui expliqua sa mère. Dans ton état, t'es pas pour aller te
planter pendant des heures à la porte d'un confessionnal pour attendre ton
tour.
     
    — Vous êtes ben
fine, m'man. Si c'est comme ça, je vais en profiter tout de suite. En plus, ça
va me permettre de prendre l'air.
     
    — C'est ça. Tu
pourras en profiter pour t'accuser d'avoir manqué une couple de fois pendant le
carême à ta promesse de pas manger de sucré, se moqua sa mère.
     
    — Ah ben, vous
êtes pas gênée, vous ! s'exclama Laurette, à demi sérieuse. Vous saurez que
j'ai pas triché une seule fois.
     
    — Pas une fois ?
     
    — Jamais... J'ai
de la volonté, vous saurez. Mais c'est vrai qu'il est temps que ce carême-là
finisse. J'aime autant vous dire que je vais faire un gros gâteau pour Pâques.
Je pense même que je vais en manger la moitié, moi toute seule.
     
    Après avoir
endossé son vieux manteau de printemps noir et coiffé son chapeau, Laurette
prit la direction de l'église Saint-Vincent-de-Paul. Tout en se dirigeant vers
la rue Fullum, elle tira bien inutilement sur les pans de son manteau pour le
refermer.
     
    La jeune femme
avait encore pris un peu de poids. Chacune de ses maternités avait enrobé un
peu plus sa silhouette. Prise par ses soucis de mère de famille et de ménagère
toujours à court d'argent, elle s'était très peu préoccupée de la cinquantaine
de livres venue l'alourdir depuis son mariage. Lorsqu'elle se rendait compte
qu'un vêtement ne lui allait plus, elle mettait habituellement cela sur le
compte d'une grossesse en cours, ce qui ne l'empêchait nullement de se
promettre de retrouver sa ligne de jeune fille après la naissance du bébé
attendu.
     
    — Au moins, toute
cette pluie-là va avoir lavé les rues et les trottoirs, se dit-elle en tournant
au coin de la rue Sainte-Catherine.
     
    Après avoir
parcouru une centaine de pieds, elle escalada avec peine les marches conduisant
aux portes de l'église et pénétra dans le sanctuaire.
     
    Les lieux étaient
plongés dans la pénombre. Les vitraux ne laissaient passer que peu de lumière
en cette sombre journée nuageuse. Seules quelques appliques murales étaient
allumées. Une odeur d'encens flottait dans l'air. Quelques fidèles, surtout des
femmes et des vieillards, étaient agenouillés ou assis un peu partout. Deux
vieilles dames, debout dans les

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