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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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que vous leur avez chargé pas mal cher pour leur chambre.
     
    — Pas mal cher,
cinq piastres par semaine pouf deux personnes ! Il faut pas exagérer, bonyeu !
Si c'était vrai, il y avait rien qui les obligeait à rester ici dedans. Ils
avaient juste à aller se faire héberger ailleurs! Ça m'apprendra. C'est pas
demain la veille que je vais aider quelqu'un de la famille. Je vais vous dire
ce que je pense, madame Morin. On a eu tout un beau couple sur les bras pendant
plus que deux mois. Une sans-dessein et un sans-cœur. C'est pas le prix de la
pension qu'ils ont pas aimé, c'est de se faire secouer comme il faut tous les
deux. Moi, j'avais jamais vu ça un homme qui dormait toute la journée pendant
que sa femme allait travailler pour le faire vivre. Pas dans ma famille, en
tout cas. Mais ils sont certainement pas allés raconter ça partout, je suppose.
     
    Lucille se
gourma, mais se garda bien de répliquer de peur d'attiser la colère de sa bru.
Rosaire et Colombe, mal à l'aise devant cette explosion de colère, firent
diversion en câlinant les enfants.
     
    Embarrassé,
Conrad s'empressa de changer de sujet de conversation. Se tournant vers son
fils, il parla de ce que Adolf Hitler, l'homme à la petite moustache ridicule,
était en train de faire en Allemagne.
     
    Moins d'une
demi-heure plus tard, les invités quittèrent la maison. Après leur départ,
Laurette s'empressa d'aller
     
    rejoindre son
mari dans le salon. Les manches retroussées, Gérard avait repris la corvée de
nettoyage interrompue.
     
    — Moi, ta
famille, je peux plus la sentir ! s'emporta-t-elle.
     
    — Qu'est-ce
qu'elle a, ma famille ?
     
    — Elle a qu'elle
manque jamais une chance de nous mépriser. T'as entendu ta mère. Nous autres,
les pauvres, on reste dans un trou. C'est pas comme chez ta sœur qui, elle, va
rester dans un château ! Même si ta mère continue à me dire «vous» pour me
faire sentir que je suis une étrangère, elle rate pas une occasion de
m'écœurer. J'ai profité des Parenteau, à cette heure, et je les ai maltraités,
à l'entendre. Elle est bonne, celle-là ! Pas de saint danger qu'elle me demande
mon opinion. Ben non ! Moi, je suis juste la bru, celle qui a pas de classe,
celle qui fume et qui parle mal.
     
    — Arrête donc de
dire n'importe quoi. Tu sais ben que ma mère t'haït pas pantoute, dit Gérard
pour la calmer.
     
    — Bâtard ! Si
elle m'aime, elle le cache ben en maudit !
     
    Gérard poussa un
soupir d'exaspération. Décidément, il serait toujours tiraillé entre sa femme
et sa famille.
     
    Chapitre 16
     
    Le carême
     
    Le premier
mercredi de mars de l'année suivante, Annette pénétra chez sa fille après avoir
sonné. Elle trouva Laurette occupée à changer les langes du dernier bébé sur la
table de cuisine.
     
    Huit mois plus
tôt, Laurette avait donné naissance à son autre garçon, Gilles. Rosaire et
Colombe avaient été choisis parrain et marraine du troisième enfant du couple.
Cette dernière naissance avait imposé un réaménagement des chambres, c'est
ainsi qu'il fut décidé, à compter de ce jour, que Denise, maintenant âgée de
près de cinq ans, occuperait la chambre située à l'arrière de la maison, alors
que Jean-Louis dormirait dans la pièce voisine du salon.
     
    — Dérange-toi
pas, c'est juste moi, lui cria-t-elle en retirant son lourd manteau de drap.
     
    — Venez vous
réchauffer m'man. Il y a du thé ben chaud sur le poêle.
     
    Jean-Louis et
Denise vinrent au-devant de leur grand-mère et cette dernière se pencha pour
les embrasser.
     
    — Vous avez pas
peur du froid ? lui fit remarquer Laurette en lui tendant le gros bébé de huit
mois qu'était devenu son dernier-né.
     
    — On gèle pas
tant que ça. Je suis venue parce que c'est le mercredi des Cendres et j'ai
pensé que je pouvais ben
     
    garder les petits
pendant que t'irais à l'église, à deux heures.
     
    — Je peux ben me
passer des Cendres, laissa tomber Laurette, peu enthousiaste à l'idée
d'assister à la cérémonie qui inaugurait officiellement le carême chaque année.
Gérard y serait allé à soir et ça aurait fait la même chose.
     
    — Ben non,
Laurette, la reprit sa mère, l'air sévère. T'oublies que Denise commence
l'école l'année prochaine et que c'est le temps que tu l'habitues à aller à
l'église... Je suppose que tu lui as déjà fait choisir quel sacrifice elle
était pour faire durant le carême ?
     
    — Pas encore,
m'man. J'ai pas eu

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