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Des souris et des hommes

Des souris et des hommes

Titel: Des souris et des hommes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Steinbeck
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attendit
qu'il fût installé.
    — J'écoutais pas. J’m'étais seulement
arrêté à l'ombre, une minute, pour gratter mon chien. J’viens juste de finir de
balayer le lavabo.
    — T’avais l'oreille à ce qui se
disait ici, dit George. J'aime pas les gens qui foutent leur nez dans mes
affaires.
    Le vieux, gêné, regarda George, puis
Lennie, puis George de nouveau.
    — Je v' nais d'arriver, dit-il.
J'ai rien entendu de ce que vous disiez. Ça n' m'intéressait pas, ce que
vous disiez. Dans un ranch, on n' doit pas écouter, et on n' doit pas
poser de questions.
    — C'est la vérité, dit George un peu
radouci, si on veut conserver sa place.
    Mais il était rassuré par la défense du
vieux.
    — Viens ici t'asseoir une minute,
dit-il. Il est sacrement vieux, ce chien.
    — Oui, j’l'ai depuis qu'il était tout
petit. Bon Dieu, c'était un bon berger quand il était plus jeune.
    Il posa son balai contre le mur et frotta
sa barbe grise avec son poing.
    — Qu'est-ce que tu dis du
patron ?
    — Pas mal. Il a l'air bien.
    — C'est un brave type, approuva le
vieux. Faut savoir le prendre.
    A ce moment, un jeune homme entra dans la
chambre. Un jeune homme brun, aux yeux noirs et aux cheveux crépus. Il avait la
main gauche dans un gant de travail, et comme le patron, il était chaussé de
bottes à hauts talons.
    — T’as vu mon père ?
demanda-t-il.
    Le vieux dit :
    — Il était ici il y a une minute,
Curley. Il est allé à la cuisine, je crois.
    — J’vais essayer de le rattraper, dit
Curley.
    Ses yeux se posèrent sur les nouveaux
venus et il s'arrêta. Il regarda George froidement, puis Lennie. Peu à peu, ses
bras se plièrent aux coudes et il ferma les poings. Il se raidit et se baissa
légèrement. Ses regards étaient à la fois calculateurs et belliqueux. En se
voyant fixé ainsi, Lennie, mal à l’aise, s'agita, bougea les pieds
nerveusement. Curley, doucement, s'approcha tout près de lui.
    — C'est vous les nouveaux que mon père
attendait ?
    — Nous v' nons juste d'arriver,
dit George.
    — Laisse parler le grand.
    Lennie se tortillait, embarrassé.
    George dit :
    — Et si des fois il n'avait pas envie
de parler ?
    Curley se retourna d'un bond.
    — Nom de Dieu, faudra bien qu'il
réponde si on lui parle. Qui est-ce qui te prie de te mêler de ça ?
    — On voyage ensemble, dit George
froidement.
    — Oh ! c'est donc ça.
    George était crispé, immobile.
    — Oui, c'est ça.
    Éperdu, Lennie regardait George pour savoir
que faire.
    — Et tu ne veux pas laisser parler le
grand, pas vrai ?
    — Il peut parler s'il a envie de vous
dire quelque chose.
    Il fit un léger signe à Lennie.
    — Nous v' nons juste d'arriver,
dit Lennie doucement.
    Curley le regarda fixement.
    — Eh bien, la prochaine fois, faudra
répondre quand on te parlera.
    Il se retourna vers la porte et sortit, et
ses coudes étaient encore légèrement plies.
    George le regarda partir, puis il se
tourna vers le vieux.
    — Dis donc, qu'est-ce qui lui fait
mal à celui-là ? Lennie lui a rien fait.
    Le vieux regarda la porte prudemment afin
d'être sûr que personne n'écoutait.
    — C'est le fils au patron, dit-il
tranquillement. Curley est un gars habile. Il s'est un peu occupé de boxe.
C'est un poids léger, et il est bien habile.
    — Ben, j’veux bien qu'il soit habile,
dit George. Il a pas besoin de s'en prendre à Lennie. Lennie lui a rien fait.
Pourquoi qu'il en veut à Lennie ?
    Le vieux réfléchit...
    — Ben... J’vas te dire. Curley est comme un tas de petit gars. Il aime pas
ceux qui sont grands. Il passe son temps à se chamailler avec les grands types.
Comme qui dirait que ça le met en rogne d'être pas grand lui-même. T’as bien
connu des petits gars comme ça, pas vrai ? Tout le temps à se chamailler.
    — Oh ! pour sûr, dit George.
J'en ai connu des tas de petits hargneux. Mais ton Curley fera aussi bien de n' pas
se tromper sur le compte de Lennie. Lennie est pas habile, lui, mais ce petit
salaud se fera amocher s'il se mêle d'embêter Lennie.
    — Ça empêche pas que Curley, c'est un
gars habile, dit le vieux avec scepticisme. Ça m'a jamais semblé juste, à moi.
Une supposition que Curley saute sur un grand type et lui foute une pile, alors
tout le monde dira que Curley est un type qui sait y faire. Et suppose qu'il
fasse la même chose et que ça soit lui qui reçoive la pile, alors tout le monde
dira que le grand type aurait dû se battre

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