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Des souris et des hommes

Des souris et des hommes

Titel: Des souris et des hommes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Steinbeck
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On en
aura des millions.
    — Avec des longs poils aussi, George,
comme j'ai vu à la foire de Sacramento.
    — Oui, avec des longs poils.
    — Parce que je pourrais aussi bien
m'en aller, George, et aller vivre dans une caverne.
    — Tu pourrais aussi bien aller te
faire foutre, dit George. Ta gueule, maintenant.
    La lueur rouge pâlissait sur les braises.
En haut, dans la colline au-dessus du cours d'eau, un coyote aboya, et un chien
lui répondit de l'autre côté de la rivière. Les feuilles des sycomores
murmurèrent au souffle léger de la nuit.

 
     
     
     
     
     
    II

 
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Le baraquement où dormaient les hommes
était long et rectangulaire. A l'intérieur, les murs étaient blanchis à la
chaux, et le plancher était de bois brut. De trois côtés il y avait des petites
fenêtres carrées. Le quatrième côté était percé d'une porte massive avec un
loquet de bois. Contre les murs il y avait huit lits. Cinq d'entre eux étaient
faits avec des couvertures, les trois autres montraient la toile à sac des
matelas. Au-dessus de chaque lit, des caisses à pommes étaient clouées,
l'ouverture en avant, formant ainsi deux étagères pour que l'occupant du lit y
pût mettre ses objets personnels. Et ces étagères étaient encombrées de petits
articles : savons, poudre de talc, rasoirs, et ces magazines du Wild West
que les hommes des ranches adorent lire, dont ils se moquent, mais que,
secrètement, ils prennent au sérieux. Et il y avait des médicaments sur les
étagères, des petites fioles, des peignes. Quelques cravates pendaient à des
clous fichés sur les parois des caisses. Près d'un des murs, il y avait un
poêle en fonte noir dont le tuyau entrait tout droit dans le plafond. Au milieu
de la chambre, une grande table carrée était couverte de cartes à jouer, et, tout
autour, il y avait des caisses pour que les joueurs pussent s'asseoir.
    Il était environ dix heures du matin. À
travers une des fenêtres latérales, le soleil dardait un rayon lumineux chargé
de poussière. Des mouches le traversaient comme des étoiles filantes.
    Le loquet de bois se souleva. La porte
s'ouvrit, et un grand vieillard voûté entra. Il était vêtu de coutil bleu, et
il tenait un grand balai dans la main gauche. George entra derrière lui, et
derrière George, Lennie.
    — Le patron vous attendait hier soir,
dit le vieux. Il s'est foutu en rogne quand il a vu que vous étiez pas là ce
matin.
    Il tendit le bras droit et, de la manche,
sortit un poignet rond comme un morceau de bois, mais sans main.
    — Vous pourrez occuper ces deux lits,
dit-il en montrant les deux lits près du poêle.
    George s'approcha et jeta ses couvertures
sur le sac de paille qui servait de matelas. Il regarda dans sa caisse-étagère
et y prit une petite boîte en fer jaune.
    — Hé, qu'est-ce que c'est que
ça ?
    — J’sais pas, dit le vieux.
    — Ça dit « Destruction radicale
des poux, cafards et autres vermines ». Qu'est-ce que c'est que ces foutus
lits que vous nous donnez là ? Nous avons pas envie d'attraper des
morpions.
    Le vieil homme à tout faire changea son
balai de côté et le maintint entre son coude et sa hanche tout en avançant la
main pour saisir la boîte. Il examina soigneusement l'étiquette.
    — J’vas vous dire..., dit-il,
finalement, le dernier type qu'a eu ce lit était forgeron... Un bon bougre, et
on ne trouverait pas plus propre. Il se lavait les mains même après avoir
mangé.
    — Alors, comment que ça se fait qu'il
avait des poux ?
    George sentait sa colère monter lentement.
Lennie posa son ballot sur le lit voisin et s'assit. Il regardait George, la
bouche ouverte.
    — J’vas vous dire, dit le vieux, ce
forgeron — il s'appelait Whitey — c'était un de ces types qu'auraient
mis partout de ce truc-là même s'il n'y avait pas eu de petites bêtes... rien
que pour plus de sûreté, vous comprenez ? J’vas vous dire ce qu'il avait
l'habitude de faire... A table, il pelait ses pommes de terre bouillies, et il
enlevait la plus petite tache. Et s'il y avait un point rouge sur un œuf, il
fallait qu'il le gratte. Finalement, il est parti à cause de la nourriture. V’là
le genre de type que c'était... propre. Le dimanche, il s'habillait toujours,
même s'il n'allait nulle part, il mettait même une cravate, et puis il restait
assis dans la chambre.
    — J’suis pas si sûr, dit George
sceptique. Pourquoi c'est-il

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