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Des souris et des hommes

Des souris et des hommes

Titel: Des souris et des hommes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Steinbeck
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qu'il est parti, vous avez dit ?
    Le vieux mit la boîte jaune dans sa poche
et frotta du poing sa joue mal rasée, hérissée de poils blancs.
    — Ben... il est parti... simplement,
comme ça, comme on fait. Il a dit que c'était la nourriture. Il avait envie de
changer. Il a pas donné d'autre raison que la nourriture. Il a dit seulement,
un soir : « Donnez-moi ce qui m'est dû », comme on fait
toujours.
    George souleva son matelas et regarda
dessous. Il se pencha au-dessus et inspecta la toile, soigneusement. Sans plus
tarder, Lennie se leva et fit la même chose à son lit. Finalement, George
sembla satisfait. Il déroula son ballot, posa ses affaires sur l'étagère, son
rasoir, un morceau de savon, son peigne, un flacon de pilules, son liniment et
son bracelet de cuir. Ensuite, il fit soigneusement son lit avec ses couvertures.
Le vieux dit :
    — J’pense que l' patron va être
ici dans une minute. Sûr qu'il était en rogne quand il n' vous a pas vus
ce matin. Il s'est amené tout droit là où qu'on déjeunait, et il a dit :
« Où qu'ils ont foutu le camp, les nouveaux ? » Et il a engueulé
le palefrenier, en plus.
    George effaça un pli sur son lit, et
s'assit.
    — Il a engueulé le palefrenier ?
demanda-t-il.
    — Oui, j’vas vous dire, le
palefrenier, c'est un nègre.
    — Un nègre, hein ?
    — Oui. Et un brave type. Il a le dos
de travers, là où il a reçu un coup de pied de cheval. Le patron l'engueule
quand il est en rogne. Mais le palefrenier s'en fout. Il lit tout le temps. Il
a des livres dans sa chambre.
    — Quel genre de type c'est-il, le
patron ? demanda George.
    — Oh ! il est assez gentil. Il
se fout en rogne, des fois, mais il est assez gentil. J’vas vous dire... vous
savez pas ce qu'il a fait à Noël ? Ben, il a apporté un gallon de whiskey,
ici même, et il a dit : « Buvez un bon coup, les gars, y a qu'un Noël
par an. »
    — Sans blague ? Tout un
gallon ?
    — Comme j’vous le dis. Bon Dieu, ce
qu'on a rigolé ! On a laissé venir le nègre, ce soir-là. Y a un petit
roulier, il s'appelle Smitty, il s'est mis après le nègre. Même qu'il s'en est
assez bien tiré. Les gars n' lui ont pas laissé employer ses pieds, alors,
c'est le nègre qui l'a eu. S'il avait pu se servir de ses pieds, Smitty a dit
qu'il aurait tué le nègre. Les gars ont dit qu'à cause que le nègre avait le
dos tordu, Smitty pourrait pas se servir de ses pieds.
    Il s'arrêta pour savourer le souvenir.
    — Après ça, tous les types sont allés
faire la noce à Soledad. Moi, j'y suis pas allé. J'ai plus le goût à ça.
    Lennie achevait de faire son lit. Le
loquet de bois se souleva de nouveau et la porte s'ouvrit. Un petit homme trapu
se tenait sur le seuil. Il portait un pantalon de coutil bleu, une chemise de
flanelle, un gilet noir déboutonné et un veston noir. Il tenait ses pouces dans
sa ceinture, de chaque côté d'une boucle d'acier carrée. Il était coiffé d'un
vieux feutre brun, et il portait des bottes à hauts talons avec des éperons,
preuve qu'il n'était pas un journalier.
    Le vieux lui jeta un regard rapide, et,
traînant les pieds, se dirigea vers la porte en se frottant la barbe avec son
poing.
    — Ils viennent juste d'arriver,
dit-il.
    Il passa près du patron et sortit.
    Le patron s'avança dans la chambre à
petits pas pressés, comme un homme aux jambes trop grasses.
    — J'ai écrit à Murray and Ready qu'il
me fallait deux hommes ce matin. Vous avez vos cartes de travail ?
    George chercha dans sa poche, en sortit
les bons et les donna au patron.
    — C'est pas la faute de Murray and
Ready. J’vois là, écrit sur cette carte, que vous étiez supposés être ici ce
matin, à temps pour travailler.
    George regarda à ses pieds.
    — Le conducteur de l'autobus nous a
foutus dedans, dit-il. Il a fallu qu'on marche dix milles. Il a dit qu'on était
rendus quand on l'était pas. On n'a pu trouver personne pour nous emmener, ce
matin.
    Le patron cligna les yeux.
    — J'ai dû envoyer les chars à grains
avec deux hommes de moins. Ça ne servirait à rien de partir maintenant. Vous
attendrez après déjeuner.
    Il sortit son carnet d'embauchage de sa
poche et l'ouvrit là où un crayon séparait les feuilles. Intentionnellement,
George jeta à Lennie un regard sévère, et Lennie, d'un signe de tête, montra
qu'il avait compris. Le patron lécha son crayon.
    — Comment t'appelles-tu ?
    — George Milton.
    — Et toi ?
    George

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