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Des souris et des hommes

Des souris et des hommes

Titel: Des souris et des hommes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Steinbeck
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marchait penché en avant.
    — Alors,
Lennie, dit George. Tu l'aimes ton petit chien ?
    Lennie
dit, oppressé :
    — Il
est brun et blanc, juste comme je le voulais.
    Sans plus
attendre il se dirigea vers son lit, et se coucha face au mur, les genoux
relevés.
    George,
d'un geste très décidé, posa ses cartes.
    — Lennie,
dit-il froidement.
    Lennie
tordit le cou et regarda par-dessus son épaule.
    — Hein,
qu'est-ce que tu me veux ?
    — Je
t'ai dit qu'il ne fallait pas que tu apportes ton chien ici.
    — Quel
chien, George ? J'ai pas de chien.
    George
alla rapidement vers lui, le saisit par l'épaule et le fit rouler sur le dos.
Il plongea la main et sortit le petit chien de l'endroit où Lennie l'avait
caché, contre son ventre.
    Lennie,
d'un bond, se mit sur son séant.
    — Donne-le-moi,
George.
    George dit :
    — Tu
vas te lever tout de suite et aller reporter ce chien dans sa caisse. Il faut
qu'il dorme avec sa mère. T’as envie de le tuer ? Il est né hier soir, et
tu veux déjà l'enlever de sa caisse. Rapporte-le, ou bien je dirai à Slim de ne
pas te le donner.
    Lennie
tendit les mains d'un geste suppliant.
    — Donne-le-moi,
George, je le rapporterai. J’voulais rien faire de mal, George, vrai de vrai. J’voulais
rien que le caresser un peu.
    George lui
rendit le petit chien.
    — Ça
va. Rapporte-le vite et ne le sors plus de sa caisse. Il n'en faudrait pas
davantage pour le tuer, tu sais.
    Lennie
déguerpit de la chambre. Slim n'avait pas bougé. De ses yeux calmes il regarda
sortir Lennie.
    — Bon
Dieu, dit-il, on dirait un gosse, pas vrai ?
    — Oui,
il est tout comme un gosse. Et il n'a pas plus de méchanceté qu'un gosse, non
plus, sauf qu'il est si fort. J’parierais qu'il ne viendra pas dormir ici,
cette nuit. Il va coucher là-bas, dans l'écurie, tout contre la caisse. Enfin...
laissons-le faire. Il n' pourra point faire de mal, là-bas.
    La nuit
était presque complètement tombée. Le vieux Candy, l'homme à tout faire, entra
et se dirigea vers son lit. Son vieux chien le suivait péniblement.
    — Bonsoir,
Slim ; bonsoir, George. Vous n' jouez pas aux fers, vous deux ?
    — J'aime
pas jouer tous les soirs, dit Slim.
    Candy
continua.
    — Y a
pas un de vous des fois qu'aurait une goutte de whiskey ? J'ai mal au
ventre.
    — J'en
ai pas, dit Slim. J'le boirais moi-même si j'en avais, quand même que j'ai pas
mal au ventre.
    — J'ai
bien mal au ventre, dit Candy. C'est ces sacrés navets qu'en sont cause. J’savais
que ça arriverait avant même de les avoir mangés.
    Le gros
Carlson arriva de la cour sombre. Il s'en alla à l'autre bout de la chambre et
alluma l'autre ampoule à abat-jour.
    — Il
fait plus noir que chez le diable ici, dit-il. Nom de Dieu, ce nègre vous a une
façon de lancer les fers !
    — Pour
sûr qu'il est bon, dit Slim.
    — Et
comment ! dit Carlson. Avec lui, pas moyen de gagner...
    Il
s'arrêta et renifla, et, tout en reniflant, il baissait les yeux vers le chien.
    — Nom
de Dieu, ce que ce chien pue ! Fais-le sortir, Candy ! J’connais rien
qui pue autant qu'un vieux chien. Allons, fais-le sortir.
    Candy
roula jusqu'au bord de son lit. Il avança la main et caressa le vieux chien, et
il s'excusa.
    — Il
y a si longtemps qu'on est ensemble que j’m'aperçois même pas qu'il pue.
    — Enfin,
moi, j’peux pas le supporter ici, dit Carlson. Ça pue même après qu'il est
parti.
    De son pas
lourd, il s'approcha du chien et le regarda.
    — Il
n'a plus de dents, dit-il. Il est tout plein de rhumatismes. Il n' peut
plus te servir à rien, Candy. Il n' peut même plus rien faire pour
lui-même. Pourquoi que tu le tues pas, Candy ?
    — Ben...
bon Dieu ! Y a si longtemps que je l'ai. Je l'ai depuis qu'il était tout
petit. J'ai gardé les moutons avec lui.
    Il dit fièrement :
    — Vous
le croiriez pas à le voir, mais c'était le meilleur berger que j'aie jamais vu.
    George dit :
    — J'ai
connu un type, à Weed, qu'avait un airedale qui pouvait garder les moutons.
C'étaient les autres chiens qui lui avaient appris.
    Carlson n'était
pas homme à se laisser distraire.
    — Écoute,
Candy, ce vieux chien souffre tout le temps. Si tu l'emmenais et que tu lui
foutrais une balle, en plein dans la nuque... — il se pencha et
montra l'endroit — juste ici, il ne s'en apercevrait même pas.
    Candy jeta
autour de lui un regard malheureux.
    — Non,
dit-il doucement, non, j’pourrais pas faire ça. Y a trop

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