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Des souris et des hommes

Des souris et des hommes

Titel: Des souris et des hommes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Steinbeck
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longtemps que je l'ai.
    — Sa
vie n'est pas drôle, insista Carlson. Et il pue comme tous les diables. J’vais
te dire. C'est moi qui le tuerai à ta place. Comme ça, t'auras pas à le faire.
    Candy
sortit ses jambes de dessus le lit. Nerveusement, il frottait les poils blancs
de ses joues.
    — J’suis
si habitué à lui, dit-il doucement. J’l'ai depuis qu'il était tout petit.
    — C'est
pas être bon pour lui que de le garder en vie, dit Carlson. Écoute, la chienne
de Slim vient justement d'avoir des petits. J’suis sûr que Slim t'en donnerait
un à élever, pas vrai, Slim ?
    Le roulier
avait observé le vieux chien de ses yeux calmes.
    — Oui,
dit-il, tu peux avoir un des chiots, si tu veux.
    Il sembla,
d'une secousse, reprendre le libre usage de sa parole.
    — Carl
a raison, Candy. Ce chien n' peut même plus rien faire pour lui-même. Si
je deviens vieux et infirme, j’voudrais que quelqu'un me foute un coup de
fusil.
    Candy le
regarda d'un œil désespéré, parce que les paroles de Slim avaient force de loi.
    — Ça
lui fera peut-être mal, suggéra-t-il. Ça n' m'ennuie pas de prendre soin
de lui.
    Carlson
dit :
    — De
la façon que je le tuerai, il ne sentira rien. Je mettrai le fusil, juste ici — il
montra du bout de son pied — droit dans la nuque. Il aura même pas un
frisson.
    Candy
cherchait du secours sur chaque visage, l'un après l'autre. Un jeune ouvrier
agricole entra. Il courbait ses épaules tombantes, et il marchait lourdement
sur les talons, comme s'il portait l'invisible sac de grains. Il se dirigea
vers son lit et posa son chapeau sur l'étagère. Ensuite, il prit sur l'étagère
un magazine qu'il apporta sous la lumière, au-dessus de la table.
    — Est-ce
que je t'ai montré ça, Slim ? demanda-t-il.
    — Montré
quoi ?
    Le jeune
homme chercha à la fin du magazine, le posa sur la table et montra du doigt.
    — Ici,
lis ça.
    Slim se
pencha.
    — Allons,
dit le jeune homme, lis à haute voix.
    — « Cher
Éditeur. » Slim lisait lentement. « Je lis votre magazine depuis six
ans, et je trouve que c'est le meilleur sur le marché. J'aime les histoires de
Peter Rand. Je trouve qu'il est épatant. Donnez-nous-en d'autres comme le Cavalier Noir. J'écris pas souvent des lettres.
Il m'est seulement venu à l'idée de vous dire que votre magazine, c'est ce
qu'on peut acheter de mieux pour dix cents. »
    Slim leva
les yeux d'un air interrogateur.
    — Pourquoi
que tu veux que je lise ça ?
    Whit dit :
    — Continue.
Lis le nom en bas.
    Slim lut :
    — « En
vous souhaitant bonne chance, Votre, William Tenner. »
    De nouveau
il regarda Whit.
    — Pourquoi
que tu veux que je lise ça ?
    Whit ferma
le magazine avec dignité.
    — Tu
te rappelles pas Bill Tenner ? Il travaillait ici, y a environ trois mois.
    Slim
réfléchit...
    — Un
petit gars ? demanda-t-il. Il menait un scarificateur ?
    — C'est
ça, s'écria Whit. C'est bien lui.
    — Tu
crois que c'est lui qui a écrit la lettre ?
    — J’le
sais. Bill et moi, on était ici un jour. Bill avait un des numéros qui venait
juste de paraître. Il y regardait et il a dit : « J'ai écrit une
lettre. J’me demande s'ils l'ont mise dans ce numéro. » Mais elle n'y
était pas. Bill a dit : « Peut-être qu'ils la gardent pour plus tard. »
Et c'est justement ce qu'ils ont fait. La v' là.
    — Tu
dois avoir raison, dit Slim. Elle a bien paru en effet.
    George
tendit la main pour s'emparer du magazine.
    — Fais
un peu voir.
    Whit
retrouva l'endroit, mais il ne laissa personne s'en saisir. Il montra la lettre
avec l'index. Puis il alla poser soigneusement le magazine sur la planche de sa
caisse.
    — J’me
demande si Bill l'a vue, dit-il. Bill et moi, on travaillait au champ de pois.
On conduisait les scarificateurs, tous les deux. Bill était un brave bougre.
    Carlson ne
s'était pas laissé distraire par la conversation. Il continuait à regarder le
vieux chien. Candy l'observait, mal à l'aise. A la fin, Carlson dit :
    — Si
tu veux, j’le soulagerai de ses peines à l'instant même, le pauvre diable. On
n'en parlera plus. Il ne lui reste plus rien. Il peut pas manger, il peut pas
voir, il peut même pas marcher sans que ça lui fasse mal.
    Candy dit
avec un peu d'espoir.
    — T'as
pas de fusil.
    — Avec
ça. J'ai un Luger. Ça ne lui fera pas mal.
    Candy dit :
    — Demain,
peut-être. Attendons à demain.
    — J’vois
pas de raison, dit Carlson.
    Il se
dirigea

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