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Dieu et nous seuls pouvons

Dieu et nous seuls pouvons

Titel: Dieu et nous seuls pouvons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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pas me frotter au Septième ». Le
gitan eut alors un regard furtif vers la porte fermée qui convainquit Hippolyte
de sa mauvaise foi. Il dégaina son lefaucheux à dix coups et arma le chien.
    — Hombre, no ! s’exclama Zek les yeux écarquillés, dépassé par la rapidité des
événements.
    — Fouille-le ! ordonna
Hippolyte.
    Zek sut qu’il était perdu. Casimir
trouva un bulldog à six coups, une navaja au manche de nacre et une belle
montre en argent qui lui avait été impartie lors du partage du butin. C’était
la montre qu’Hippolyte avait offerte à Henri le jour où il avait été capable de
lire l’heure dessus.
    Griffu sur les talons, l’œil noir du
lefaucheux braqué sur sa poitrine, Zek ne put que suivre les deux vieillards
dans une cuisine au plafond traversé de larges poutres d’où pendaient des
tresses d’ail, des saucissons, des jambons, des paquets d’échalotes, des épis
de maïs.
    La dextérité avec laquelle Casimir
le ligota sur une chaise lui rappela qu’il s’était fourré dans l’antre d’un
ancien bourreau. Il vit ce dernier relâcher le chien de son arme et la remettre
dans son étui de cuir brun, puis sourire à son valet et dire :
    — Va chercher les brodequins.
Prends ceux du Deuxième, ils sont en meilleur état. Mais avant, fais-nous du
café.
    Sans plus se soucier du prisonnier,
Casimir s’affaira à ranimer le feu dans l’âtre, Hippolyte monta dans son
bureau-bibliothèque où il savait trouver le mémoire écrit par l’ancêtre
fondateur sur cet usage des basses œuvres aboli en 1780. Griffu se coucha au
pied du gitan et fit mine de s’assoupir.
    Ouvrant une armoire aux étagères
surchargées d’ouvrages richement reliés, Hippolyte prit un gros manuscrit
habillé d’une reliure de maroquin incarnat orné du blason familial et l’ouvrit
au chapitre « De l’application honnête de la question ordinaire comme de
l’extraordinaire ».
    Son bureau étant encombré par ses
notes et la documentation pour son Traité de crucifiement en cours, il
retourna à la cuisine, s’attabla non loin de Zek et se plongea dans les
minutieux croquis de l’ancêtre fondateur.
    Le café bu, Casimir rangea les
tasses dans la souillarde et quitta la cuisine pour revenir quelques instants
plus tard, les bras chargés de quatre planchettes de chêne percées de trous, de
huit coins également en chêne et d’un maillet cerclé d’argent qu’il posa sur la
table.
    — He ! Qué es todo
esto ? s’inquiéta Zek.
    Malgré ses vives protestations, les
deux vieux chaussèrent leurs lunettes et entreprirent d’atteler les planchettes
deux par deux le long de ses jambes, les maintenant grâce à des lacets de cuir
glissés dans les trous.
    — Voilà, dit Hippolyte quand
tout fut prêt. Nous allons te poser la question ordinaire à quatre coins. Et si
ça ne suffit pas, nous te poserons la question extraordinaire à huit coins. Tu
vas voir, d’après mon ancêtre, il n’existe rien de plus efficace pour faire
avouer même ce qu’on ne sait pas…
    — Lo siento mucho, señor
Pibrac, pero no entiendo nada de lo que dice.
    — Qu’est-ce qu’il dit ? Je
n’entends rien à son baratin.
    — Je crois qu’il dit qu’il ne
comprend pas ce que nous voulons, traduisit Casimir.
    Hippolyte introduisit un premier
coin entre les deux premières planchettes et l’enfonça d’un coup de maillet, ce
qui eut pour effet de comprimer la jambe contre les autres planchettes. Le
gitan hurla. Griffu se dressa d’un bond, les oreilles dressées.
    Hippolyte glissa un deuxième coin,
plus gros celui-là, et l’enfonça avec son maillet du XVII E siècle.
Zek hurla de nouveau, puis s’évanouit. Quelques gifles sonores le ranimèrent.
Un coin de plus et ses os sous pression claquèrent comme du bois mort. Il pleura.
Jamais il n’avait eu aussi mal. La douleur fouillait sa cuisse, ravageait
l’aine et remontait jusqu’aux tripes qu’elle tordait comme du vulgaire linge
qu’on essore.
    — Arrêtez, por favor, je
dis tout. Tout, tout…
    Zek donna les lieux de toutes les caches
de la bande, il livra les noms et les surnoms de chacun, décrivit leur
apparence dans le détail et fit ensuite une longue énumération de leurs méfaits
jusqu’au dernier, celui commis à La Pierre-Creuse.
    — Pourquoi avoir torturé
l’enfant ?
    — C’est Thomas ! C’est le
capitaine ! Y voulait savoir où était le magot. Il disait que les
voyageurs en ont toujours un. Il

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