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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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n’aiment pas être leurs obligés. Une fois, durant sa
jeunesse, le juge Copynger était venu voir ma grand-mère pour qu’elle l’aide à
se débarrasser d’un mal d’intestin tenace. Elle l’a guéri, mais ensuite il
faisait même semblant de ne pas la reconnaître dans la rue. Et cela ne l’a pas
empêché de saisir notre maisonnette quand ma mère est morte. J’ai dû vendre
notre humble mobilier au milieu duquel j’avais grandi, car je ne savais pas où
l’entreposer.
    — Je suis désolé. On devrait mettre un terme à ces vols
de terre.
    — C’est pour cela que je ne retourne plus à Scarnsea. Je
passe mes jours de congé ici à regarder les livres du frère Guy. Il m’aide à
essayer de les lire.
    — Eh bien ! vous avez là au moins un ami. »
    Elle opina de la tête.
    « Oui. Il est bon.
    — Dites-moi, Alice, avez-vous jamais entendu parler d’une
jeune fille prénommée Orpheline qui travaillait ici avant vous ?
    — On raconte qu’elle a volé des calices en or avant de s’enfuir.
Je la comprends. »
    Je décidai de ne rien dire des craintes de la mère Stumpe. Je
ne souhaitais pas tracasser davantage Alice. J’éprouvais un irrésistible désir
de me lever et de la serrer contre moi, de soulager le sentiment de solitude
qui nous poignait tous les deux. Je parvins à me retenir.
    « Peut-être pourriez-vous partir, vous aussi ? suggérai-je
sans conviction. Vous l’avez déjà fait, la fois où vous êtes allée travailler
chez l’apothicaire, à… Esher, c’est bien ça ?
    — Je partirais d’ici si je le pouvais, surtout après ce
qui s’est passé ces derniers jours. Ce lieu est plein de vieillards poussiéreux
et il n’y a ni amour ni chaleur dans leurs cérémonies. Et je me demande
toujours contre quoi le malheureux Simon me mettait en garde.
    — Oui. Moi aussi. » Je me penchai vers elle.
« Peut-être pourrais-je vous venir en aide. J’ai des relations en ville, ainsi
qu’à Londres. » Elle eut l’air étonnée. « Je vous plains de vous
trouver dans cette situation, vraiment, et j’aimerais vous aider. Je ne veux
pas que vous vous croyiez… (je me sentis rougir)… une dette envers moi, mais si
vous acceptez qu’un bossu vieux et laid vous secoure, je le ferai avec joie. »
    Elle parut encore plus surprise. Elle fronça les sourcils.
    « Pourquoi dites-vous que vous êtes vieux et laid, monsieur ? »
    Je haussai les épaules.
    « J’ai presque quarante ans, Alice, et on m’a toujours
dit que j’étais laid.
    — Ce n’est pas vrai, monsieur ! s’exclama-t-elle
avec force. Pas plus tard qu’hier, le frère Guy faisait remarquer que vos
traits présentaient un rare mélange de raffinement et de tristesse. »
    Je levai le sourcil.
    « J’espère que le frère Guy n’a pas les mêmes tendances
que le frère Gabriel ! dis-je en riant.
    — Non, pas du tout ! s’écria-t-elle avec une
soudaine véhémence. Et vous ne devriez pas vous dénigrer de la sorte, monsieur.
N’y a-t-il pas déjà assez de souffrance dans le monde ?
    — Désolé… » Je ris nerveusement. Ses paroles me
mettaient au comble de la gêne tout en me procurant un immense plaisir. Elle
continuait à me regarder d’un air mélancolique et je ne pus m’empêcher d’étendre
la main par-dessus la table pour toucher la sienne. Mais le violent carillon
retentit alors dans la nuit, nous faisant sursauter tous deux. Je laissai
retomber ma main et nous éclatâmes en même temps d’un rire nerveux. La porte s’ouvrit
pour laisser passer Mark. Alice se leva immédiatement et se dirigea vers un
placard. Je devinai qu’elle ne voulait pas qu’il vît son visage mouillé de
larmes.
    « Désolé d’avoir mis si longtemps, monsieur. » Il s’adressait
à moi, mais ses yeux fixaient le dos d’Alice. « Je suis allé à la
garde-robe puis à la salle de l’infirmerie. Le frère Guy s’y trouve. Le vieux
moine est très malade.
    — Le frère Francis ? » Alice se retourna
vivement. « Alors, veuillez m’excuser, messieurs, je dois aller le voir. »
Elle se faufila entre nous et on l’entendit s’éloigner dans le corridor d’un
pas leste. Mark avait l’air inquiet.
    « Elle a pleuré, monsieur, n’est-ce pas ? Qu’a-t-elle ?
    — La solitude, Mark, rien d’autre que la solitude, soupirai-je.
Bien. Allons-y ! Ce glas infernal annonce la veillée funèbre. »
    **
    Comme nous traversions la salle de l’infirmerie, nous vîmes
Alice et le

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