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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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l’endroit où gisait le novice, derrière le jubé. Je reconnus le
psaume XCIV.
    « Ô Dieu des vengeances, Dieu des vengeances, resplendis ! »
    **
    Malgré mon extrême fatigue, je dormis mal cette nuit encore. Mon
dos me faisait souffrir et je ne somnolais que par à-coups. Mark était agité, lui
aussi, grognant et marmonnant dans ses rêves. Ce ne fut qu’au point du jour que
je tombai dans un profond sommeil, mais Mark me réveilla une heure après. Il
était sur pied et tout habillé.
    « Seigneur Dieu ! grommelai-je. On est déjà en
plein jour ?
    — Oui, monsieur. » Sa voix marquait toujours une
certaine réserve. Comme je me redressais, un élancement parcourut ma bosse. Je
ne pouvais pas continuer de la sorte.
    « Tu n’as entendu aucun bruit ce matin ? »
demandai-je. Je ne cherchais pas à l’énerver, mais la façon dont mes remarques
glissaient sur lui comme sur le dos d’un canard avait fini par m’agacer.
    « En fait, j’ai bien cru entendre quelque chose il y a
quelques minutes, répliqua-t-il avec froideur. Le bruit a maintenant cessé.
    — Je pensais à ce qu’a dit Jérôme hier. Tu sais qu’il
est fou. Il se peut qu’il croie lui-même aux histoires qu’il nous raconte… C’est
peut-être pourquoi elles paraissent… plausibles. »
    Il me regarda droit dans les yeux.
    « Je ne suis pas du tout certain qu’il soit fou, monsieur.
Je pense seulement que son âme est extrêmement tourmentée. »
    J’avais espéré que Mark accepterait mes explications, car j’avais
besoin d’être rassuré, même si je ne m’en rendais pas compte alors.
    « Soit. Mais de toute façon, rétorquai-je avec vivacité,
ce qu’il a raconté n’a aucun rapport avec la mort de Singleton. Peut-être même
s’en sert-il comme d’un écran de fumée pour cacher quelque chose qu’il sait
vraiment. Bon. Maintenant on doit se presser.
    — D’accord, monsieur. »
    Tandis que je me rasais et m’habillais, Mark alla prendre le
petit déjeuner à l’autre bout du couloir. Tandis que j’arrivais près de la
cuisine, j’entendis sa voix et celle d’Alice.
    « Il ne devrait pas vous faire tant travailler, disait
Mark.
    — Ça me rend plus forte, répondit Alice d’un ton bien
plus léger que d’habitude. Un jour, j’aurai des bras aussi costauds que les
vôtres.
    — Ce ne serait guère seyant pour une dame. »
    J’eus un pincement au cœur de jalousie. Je toussotai et entrai
dans la pièce. Mark était assis, souriant à Alice qui alignait avec difficulté
des jarres de grès, visiblement très lourdes, en effet.
    « Bonjour. Mark, pourrais-tu porter ces lettres chez l’abbé ?
Dis-lui que je garde les actes de vente pour le moment.
    — Bien entendu. » Il me laissa avec Alice, qui posa
du pain et du fromage sur la table. Elle paraissait de meilleure humeur ce
matin et ne fit aucune allusion à notre conversation du soir précédent, se
contentant de me demander si j’allais bien. Je fus un peu déçu par la simple
courtoisie de la question, ses paroles de la veille m’ayant réjoui le cœur, même
si je me félicitais d’avoir retiré ma main. Les choses étaient déjà assez
compliquées comme ça.
    Le frère Guy entra.
    « Le vieux frère Auguste a besoin de son bassin, Alice.
    — Tout de suite. »
    Elle fit la révérence et s’éclipsa. Dehors, les cloches se
mirent à carillonner à toute volée. Elles semblaient retentir sous mon crâne.
    « L’enterrement du commissaire Singleton aura lieu dans
une demi-heure.
    — Frère Guy…, fis-je, soudain emprunté. Puis-je vous
consulter d’un point de vue professionnel ?
    — Bien sûr. Je suis à votre service.
    — Mon dos me cause du souci. Depuis le long trajet à
cheval pour venir jusqu’ici, j’ai mal à la pointe de la… protubérance.
    — Voulez-vous que j’y jette un coup d’œil ? »
    Je pris une profonde inspiration. La pensée qu’un étranger
puisse voir ma malformation me faisait horreur mais, souffrant beaucoup depuis
le voyage, j’avais fini par craindre des dommages définitifs.
    « Très bien », fis-je, en commençant à enlever mon
pourpoint.
    Le frère Guy passa derrière moi et je sentis des doigts
froids palper les muscles durcis de mon dos. Il émit un petit grognement.
    « Eh bien ? demandai-je anxieusement.
    — Vos muscles sont contractés. Ils sont très noués. Mais
votre colonne vertébrale n’est pas abîmée, me semble-t-il. Avec le temps et du
repos,

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