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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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monsieur,
les moines eux-mêmes ne sont pas protégés contre les ruses du Malin. » Il
me fit un bref salut et suivit ses frères dans l’église.
    Je me dirigeai vers l’infirmerie, retraversant la salle
commune pour gagner le corridor. Ayant faim, je m’arrêtai dans la cuisine pour
prendre une pomme dans le fruitier.
    Juste à ce moment, quelque chose attira mon attention à l’extérieur.
Une grosse tache écarlate sur la neige immaculée. Je me précipitai à la fenêtre.
Mes jambes faillirent se dérober sous moi.
    Alice était affalée à plat ventre dans le jardin, un pot
brisé à côté d’elle. Elle baignait dans une mare de sang qui s’étalait, encore
fumante, dans la neige.

19
    J ’étouffai
un cri d’effroi, plaquant le poing contre ma bouche.
    Simon Whelplay était mort parce qu’il m’avait parlé. Pas
Alice aussi, quand même ! Je me ruai dehors, priant désespérément qu’un
miracle se produise – mais je ne crois guère aux miracles – et que mes yeux m’aient
trompé.
    Elle était couchée près du sentier. Il y avait tant de sang
sur elle et autour d’elle que durant quelques instants affreux je crus que son
cou avait été tranché comme celui de Singleton. Je me forçai à regarder de près :
elle était entière. Marchant sur les éclats du broc cassé, je m’agenouillai
près d’elle et tâtai son cou d’une main hésitante. Je poussai un cri de
soulagement en constatant que le pouls battait très fort. Elle bougea au
contact de mes doigts et gémit. Clignant les paupières elle ouvrit les yeux, d’un
bleu étonnant dans son visage ensanglanté.
    « Alice ! Dieu soit loué, vous êtes vivante… Il a
accompli un miracle ! » Je tendis les bras et l’étreignis, haletant
de joie en sentant sa chaleur vitale et les battements de son cœur, même si l’odeur
ferreuse du sang emplissait mes narines.
    Ses bras repoussèrent ma poitrine.
    « Monsieur, que faites-vous ? Non… » Je la
relâchai et me rassis, tout étourdi.
    « Excusez-moi, Alice, dis-je d’un ton penaud. C’était le
soulagement. Je vous ai crue morte. Mais ne bougez pas ! Vous êtes
grièvement blessée. Où êtes-vous blessée ? »
    Elle regarda sa robe maculée de vermillon, la fixant d’un air
perplexe, puis porta la main à sa tête. Son expression s’adoucit et, à mon
grand étonnement, elle éclata de rire.
    « Je ne suis pas blessée, monsieur, seulement sonnée. J’ai
glissé dans la neige et je suis tombée.
    — Mais…
    — Je portais un broc de sang. Vous vous rappelez les
saignées des moines ? Ce n’est pas le mien.
    — Ah ! » Je m’appuyai contre le mur de l’infirmerie,
presque défaillant de soulagement.
    « On allait le verser sur le jardin. On l’a gardé au
chaud, mais le frère Guy a dit d’attendre que la neige ait fondu. Alors je l’apportais
dans l’entrepôt.
    — Oui. Oui, je vois. » Je souris avec tristesse.
« Je me suis ridiculisé. » Je jetai un coup d’œil à mon pourpoint
maculé de sang. « Et j’ai abîmé mes vêtements.
    — On pourra les nettoyer, monsieur.
    — Je suis désolé de… ah !… de vous avoir prise dans
mes bras. Je n’étais pas malintentionné.
    — Je le vois bien, monsieur, fit-elle, gênée. Je
regrette de vous avoir causé une telle frayeur. Je n’ai jamais glissé
auparavant, mais ces sentiers dans la neige se recouvrent de gel. Merci de
votre sollicitude. » Elle baissa la tête. Elle s’était recroquevillée sur
elle-même et j’eus un pincement au cœur en comprenant que mon étreinte lui
avait déplu.
    « Venez ! fis-je. Vous devriez rentrer et rester
couchée un moment après cette chute. Avez-vous le vertige ?
    — Non, je me sens bien. » Elle ne prit pas mon bras
offert. « Je pense qu’on devrait tous les deux se changer. » Elle se
releva, ruisselante de neige rougie par le sang, et je la suivis à l’intérieur.
Elle alla à la cuisine tandis que je retournais dans ma chambre. Je mis les
autres vêtements que j’avais apportés, abandonnant par terre mes habits maculés
de sang. Je m’assis sur le lit en attendant le retour de Mark. J’aurais pu
aller voir Alice pour lui demander de faire nettoyer mon linge, mais cela me
gênait et je n’osais pas.
    L’attente me parut très longue. J’entendis le glas sonner à
nouveau dans le lointain. L’enterrement de Simon Whelplay était désormais
terminé et lui aussi était descendu dans sa tombe. Je me maudis de n’avoir

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