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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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en
tout cas. La plupart des candidats sont de pauvres hères comme Simon qui n’osent
pas affronter le monde. Je ne désirais pas Simon, et encore moins le vieil
Alexandre. J’ai péché avec des hommes, mais pas souvent ces dernières années, et
jamais depuis l’inspection. Grâce à la prière, grâce au travail, j’ai réussi à
me maîtriser. Mais il arrive que nous recevions des visiteurs, des intendants
de nos propriétés dans le comté, des messagers, et parfois je vois… je vois un
beau garçon qui embrase mes sens… Alors je ne sais plus où j’en suis.
    — Et en général les visiteurs sont logés dans notre
chambre. »
    Il baissa la tête.
    « Quand le prieur a signalé le couloir, je me suis
demandé s’il pouvait mener à la chambre des visiteurs. Vous avez raison, j’ai
consulté les plans. Dieu me garde ! j’ai percé le trou pour contempler
leur nudité. » Il se tourna vers Mark, le regardant, cette fois-ci, d’un
air furieux et traqué. « Puis vous êtes arrivé. Avec lui… Il fallait que
je le contemple : il est magnifique… Il représente l’apogée de ma quête de…
l’idéal. » Il se mit à parler vite, presque comme s’il récitait une leçon.
« J’entrais dans le couloir au moment où, selon mes calculs, vous vous
leviez. Que Dieu me pardonne, j’étais là hier et le jour où le pauvre Simon a
été enterré. J’y suis retourné ce matin, ç’a été plus fort que moi. Ah ! que
suis-je devenu ? Peut-on être plus humilié devant Dieu ? » Il
serra le poing et le porta à sa bouche, se mordant jusqu’à ce qu’une goutte de
sang perle sur la peau.
    Je songeai qu’il avait dû me voir m’habiller moi aussi et
apercevoir la bosse de laquelle Mark détournait toujours son regard avec tact. Ce
n’était guère une pensée agréable.
    « Écoutez-moi, mon frère, dis-je en me penchant vers lui,
je n’ai encore rien dit à Mark. Mais vous, vous allez me révéler tout ce que
vous savez sur les morts qui ont eu lieu ici et tout ce que vous m’avez caché. »
    Il ôta la main de sa bouche et fixa sur moi un regard
perplexe.
    « Mais, monsieur le commissaire, je n’ai rien d’autre à
révéler. Il n’y avait que mon secret honteux. Tout ce que je vous ai dit est
vrai et je ne sais rien sur ces actes atroces. Je n’espionnais pas. Je n’ai
utilisé ce couloir que pour apercevoir les jeunes visiteurs. » Il poussa
une sorte de râle. « Je voulais juste regarder.
    — Vous ne cachez vraiment rien d’autre ?
    — Rien d’autre. Je le jure. Dieu sait que je vous
aiderais s’il était en mon pouvoir d’élucider ces horribles crimes ! »
    Il se tassa contre le mur, accablé de honte. Je sentis une
bouffée de colère monter en moi… J’avais, une fois de plus, suivi une piste
débouchant sur une impasse. Je secouai la tête.
    « Morbleu ! frère Gabriel, vous m’avez fait perdre
mon temps, grognai-je. Je vous avais pris pour le meurtrier.
    — Je sais, monsieur, que vous voulez dissoudre le
monastère. Mais, je vous en prie, n’utilisez pas ce que j’ai fait. Ne laissez
pas mes péchés causer la chute de Scarnsea.
    — Sangdieu ! vous exagérez vos péchés. Ce vice solitaire
ne constitue même pas un motif suffisant pour vous inculper. Si cette maison
est fermée, ce sera pour d’autres raisons. Cela m’étonne et m’attriste
seulement qu’un homme gâche sa vie à cause de cette étrange sorte d’idolâtrie. Vous
êtes la créature la plus stupide du monde. »
    De honte, il baissa les paupières, puis leva les yeux au ciel
et, au mouvement de ses lèvres, je vis qu’il priait. Soudain, il ouvrit grand
la bouche et, toujours levés, ses yeux semblaient lui sortir de la tête. Intrigué
je me rapprochai. Tout se passa si vite que je n’eus pas le temps de réagir… Poussant
un grand cri, les bras tendus, il se jeta sur moi.
    La suite est gravée si profondément dans ma mémoire que ma
main tremble en relatant la scène. Il me donna un si violent coup dans la
poitrine que je tombai à la renverse, heu rtant le sol de
pierre avec une telle force que j’en eus le souffle coupé. L’espace d’un
instant je crus qu’il avait perdu la tête et qu’il voulait me tuer. Il se
dressait au-dessus de moi, les yeux fous. Mais, une seconde plus tard, j’aperçus
quelque chose qui fendait l’air, se ruant vers le sol à toute vitesse… Une
grande statue atterrit à l’endroit où je me tenais quelques instants plus tôt,

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