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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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pour
retrouver le vieux chameau ! s’écria le prieur. Je ne sais pas dans quel
trou il se terre, mais il n’a pas pu escalader le mur ni passer devant Bugge
sans qu’il le voie. Il est quelque part ici.
    — Mais qu’a-t-il en tête ? Voilà la question. »
    L’abbé secoua la tête.
    « C’est justement de quoi nous parlions. Peut-être
guette-t-il l’occasion de s’enfuir. Le frère Guy pense que, vu son état de
santé, il ne pourra pas survivre longtemps sans nourriture et dans le froid.
    — Ou bien peut-être attend-il l’occasion de faire du mal
à quelqu’un… À moi par exemple.
    — Dieu nous préserve ! s’exclama l’abbé.
    — J’ai dit à Bugge que personne ne devait quitter le
monastère sans ma permission pendant un ou deux jours. Veillez à ce qu’on
avertisse les frères.
    — Pour quelle raison, monsieur ?
    — Simple mesure de précaution. Dites donc, il paraît qu’il
y a des rumeurs en provenance de Lewes et que tout le monde assure que Scarnsea
sera la prochaine maison à être dissoute.
    — C’est quasiment ce que vous m’avez annoncé vous-même »,
soupira l’abbé.
    J’inclinai la tête.
    « Je déduis de mes discussions avec lord Cromwell que
rien n’est encore décidé. J’ai sans doute parlé trop vite. » Je me sentis
soudain coupable de leur mentir ainsi. Mais c’était nécessaire. Je ne voulais
pas que, sous le coup de la frayeur, quelqu’un en particulier agisse avec
précipitation.
    Le visage de l’abbé Fabian s’éclaira et une lueur d’espérance
apparut dans les yeux du prieur.
    « Donc nous n’allons pas être dissous ? demanda l’abbé.
Il reste un espoir ?
    — Disons que l’annonce d’une dissolution est prématurée
et qu’il faut décourager ce genre de propos. »
    L’abbé se pencha en avant, l’œil vif.
    « Peut-être devrais-je m’adresser aux moines avant le
dîner. Il est servi dans une demi-heure. Je pourrais annoncer qu’en ce qui nous
concerne, il n’y a… aucun projet de fermeture, n’est-ce pas ?
    — Ce serait une bonne idée.
    — Il vaudrait mieux que vous prépariez quelque chose, dit
le prieur.
    — Oui, bien sûr. »
    L’abbé saisit une plume et du papier. Mon regard était attiré
par le sceau du monastère, toujours à côté de son coude.
    « Dites-moi, Votre Seigneurie, laissez-vous normalement
la porte de ce bureau déverrouillée ? »
    Il leva les yeux vers moi, l’air surpris.
    « Oui.
    — Est-ce sage ? Quelqu’un ne pourrait-il pas entrer
dans la pièce en catimini et apposer le sceau du monastère sur n’importe quel
document ?
    — Mais il y a toujours des serviteurs dans les parages. Personne
ne peut entrer ici sans permission, répliqua-t-il, l’air perplexe.
    — Personne ?
    — Personne, à part les obédienciers.
    — Évidemment. Très bien. Je vais vous quitter maintenant
et vous reverrai au dîner. »
    **
    Une fois de plus, je regardai les moines entrer dans le
réfectoire, l’un derrière l’autre. Je me rappelai ma première soirée en ce lieu.
Simon Whelplay coiffé de son bonnet pointu, debout près de la fenêtre, tremblant
de froid, tandis que la neige tombait dehors. Ce soir-là, par cette même
fenêtre je voyais l’eau dégoutter de stalactites dont la taille diminuait ainsi
que plusieurs plaques noires dans la neige fondue, là où les crevasses se
transformaient en minuscules ruisseaux.
    Les moines prirent place à table, recroquevillés dans leurs
habits, comme renfermés sur eux-mêmes. Des coups d’œil hostiles et inquiets
furent lancés vers l’endroit où je me tenais, à côté de l’abbé, derrière le
grand pupitre sculpté. Comme Mark passait devant moi pour s’asseoir à la table
des obédienciers je lui attrapai le bras.
    « L’abbé va annoncer que Scarnsea ne sera pas pris par
le roi, chuchotai-je. C’est important. Il y a un oiseau que je ne veux pas
effrayer et faire sortir de son buisson pour le moment. Pas encore.
    — J’en ai assez de tout ça », marmonna-t-il en se
dégageant d’un mouvement d’épaule pour aller s’asseoir. Son impolitesse éhontée
me fit monter le rouge au front. Ses joues rubicondes rayonnant d’un nouvel
éclat, l’abbé Fabian feuilleta ses notes, puis annonça que les rumeurs selon
lesquelles tous les monastères devaient tomber étaient sans fondement. Lord
Cromwell avait lui-même affirmé qu’il n’y avait aucun projet visant la
soumission de Scarnsea, malgré les meurtres

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