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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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L’arrestation
du frère Edwig avait dû terriblement les bouleverser.
    **
    Je longeai le corridor, dépassai mon ancienne chambre, me
dirigeant vers l’endroit où je savais que se trouvait celle d’Alice. Un rai de
lumière filtrait sous la porte. Je frappai et ouvris.
    Assise sur un petit lit à roulettes dans une chambrette sans
fenêtre, elle entassait des vêtements dans un grand cabas de cuir. Quand elle
leva la tête, les grands yeux bleus étaient empreints de frayeur. Son fort
visage carré semblait défait. J’éprouvai du désarroi et du chagrin.
    « Vous partez en voyage ? » M’étant vaguement
attendu à un trémolo, je fus surpris du ton normal de ma voix.
    Elle ne répondit rien, restant là, les mains sur les poignées
du cabas.
    « Eh bien, Alice ? » Ma voix tremblait
désormais. « Alice Fewterer, dont la mère avait Smeaton pour nom de jeune fille ? »
    Son visage s’empourpra, mais elle ne dit toujours rien.
    « Oh ! Alice, je donnerais ma main droite pour que
cela ne soit pas vrai. » Je pris une profonde inspiration. « Alice
Fewterer, je dois vous arrêter au nom du roi pour l’odieux meurtre de Robin
Singleton, son commissaire. »
    Elle parla alors, sa voix vibrant d’émotion.
    « Il ne s’agit pas d’un meurtre. J’ai rendu la justice. La
simple justice.
    — C’est sans doute votre point de vue. J’ai donc raison :
Mark Smeaton était votre cousin ? »
    Ses yeux s’étrécirent comme si elle se livrait à un calcul. Puis
elle parla d’un ton clair, à la fois serein et farouche, que j’espère ne plus
jamais entendre chez une femme.
    « Plus que mon cousin. Nous étions amants.
    — Comment ?
    — Son père, le frère de ma mère, était parti tout jeune
chercher fortune à Londres. Ma mère ne lui avait jamais pardonné d’avoir quitté
la famille, mais quand mon promis est mort je me suis rendu à Londres pour me
faire reconnaître par lui comme parente, bien que ma mère ait tenté de m’en
empêcher de toutes ses forces. Il n’y avait pas de travail ici.
    — Et ils vous ont accueillie chez eux ?
    — John Smeaton et sa femme étaient de braves gens. De
très braves gens. Ils m’ont reçue chez eux à bras ouverts et m’ont aidée à me
placer chez un apothicaire de Londres. Cela se passait il y a quatre ans, et
Mark était déjà musicien à la cour. Dieu merci, ma tante est morte de la suette,
ce qui lui a évité d’assister à la suite des événements. » Des larmes
brillèrent dans ses yeux. Elle les essuya puis me fixa sans ciller. Son regard
se fit à nouveau calculateur, mais je ne parvins pas à comprendre ce qu’il
signifiait.
    « Mais vous devez être au courant de tout cela, monsieur
le commissaire… (je n’ai jamais entendu prononcer un mot avec autant de
mépris), car autrement pourquoi êtes-vous là ?
    — Il y a une demi-heure, je n’étais encore sûr de rien. L’épée
m’a conduit à John Smeaton – pas étonnant que vous m’ayez supplié de ne pas me
rendre à Londres la fois où on était près des marais –, mais pendant un certain
temps je n’ai pu aller plus loin. J’ai été intrigué en lisant dans les archives
que John Smeaton n’avait laissé aucun parent de sexe mâle et qu’une femme avait
hérité de ses biens. S’agissait-il de votre mère ?
    — Oui.
    — J’ai étudié tous les habitants du monastère pour
essayer de deviner qui aurait pu avoir l’habileté et la force nécessaires pour
décapiter un homme, et à Londres je n’étais guère plus avancé. Puis je me suis
dit : Et si John Smeaton avait une parente  ? J’avais toujours
imaginé qu’un homme avait perpétré le crime, puis j’ai compris qu’il n’y avait
aucune raison qu’une jeune femme robuste n’ait pu commettre l’acte. Ce qui m’a
conduit jusqu’à vous, conclus-je avec tristesse. Le message que je viens de
recevoir a confirmé qu’une jeune femme a rendu visite à Mark Smeaton dans sa
cellule la veille de sa mort et vous correspondez à la description. » Je
la regardai en secouant la tête. « C’est un affreux péché de la part d’une
femme. »
    Son ton resta calme mais débordant d’amertume.
    « Vraiment ? Pire que ce qu’il a fait, lui ? »
Sa maîtrise de soi, sa dureté me stupéfiaient.
    « Je sais ce qu’on a fait à Mark Smeaton, dis-je. Jérôme
m’a en partie mis au courant, le reste je l’ai appris à Londres.
    — Jérôme ? Qu’a-t-il à faire

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