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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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consentement. Bon, je crois comprendre que la visite du commissaire
Singleton n’était pas de votre goût.
    — Que dire ? soupira-t-il. Il y a deux semaines j’ai
reçu une lettre des bureaux de lord Cromwell m’indiquant qu’il envoyait un
commissaire pour discuter de sujets non spécifiés. Lorsque le commissaire
Singleton est arrivé, j’ai été stupéfait de l’entendre déclarer qu’il voulait
que je donne ce monastère au roi. » Il me fixa droit dans les yeux. Désormais,
il y avait dans son regard non seulement de l’inquiétude mais aussi du défi.
« Il a insisté sur le fait qu’il souhaitait que la soumission soit
volontaire, et il paraissait décidé à me faire céder, passant tour à tour des
promesses financières aux menaces vagues concernant des écarts de conduite, accusations
dénuées de tout fondement, dois-je préciser. L’‘ instrument de soumission’qu’il
voulait me faire signer était exorbitant. Je devais reconnaître que notre
existence ici n’avait été qu’un simulacre de vie pieuse, que nous observions de
stupides rites romains. » Sa voix prit un ton blessé. « Nos cérémonies
suivent à la lettre les injonctions du vicaire général, et tous les moines ont
prêté serment et renoncé solennellement à l’autorité du pape.
    — Bien sûr. Autrement il y aurait eu des représailles. »
Je notai qu’il portait un insigne de pèlerin en bonne place sur son habit. Il
avait effectué le pèlerinage du sanctuaire de Notre-Dame à Walsingham. Évidemment,
comme le roi par le passé.
    Il prit une profonde inspiration.
    « Le commissaire Singleton et moi avons eu un certain
nombre de discussions tournant autour du fait qu’aucune loi ne permet au
vicaire général de nous contraindre, moi et mes moines, à lui remettre les
clefs de notre maison. Assertion que messire Goodhaps, expert en droit canon, ne
pouvait contredire. »
    Je ne lui répondis pas sur ce point car il avait raison.
    « Peut-être pourrions-nous passer aux circonstances du
meurtre ? dis-je. C’est ce qu’il y a de plus urgent. »
    Il opina du chef, la mine grave.
    « Il y a quatre jours, durant l’après-midi, le
commissaire Singleton et moi avons eu une autre longue et, je le crains, stérile
discussion. Je ne l’ai pas revu ce jour-là. Il logeait dans cette maison, mais
messire Goodhaps et lui avaient accoutumé de prendre leur dîner séparément. Je
me suis couché comme d’habitude. Puis, à cinq heures du matin, j’ai été
réveillé par le frère Guy, mon infirmier, qui a fait irruption dans ma chambre.
Il m’a annoncé que, s’étant rendu à la cuisine, il avait trouvé le corps du
commissaire Singleton gisant dans une grande mare de sang, décapité. » Le
visage de l’abbé se tordit de dégoût et il secoua la tête. « Verser le
sang sur une terre consacrée est une abomination, monsieur. Et il y a eu
ensuite ce qu’on a trouvé dans l’église, près de l’autel, lorsque les moines
sont allés assister aux matines. » Il se tut, un profond sillon apparut
entre ses sourcils. Je compris qu’il était sincèrement bouleversé.
    « C’est-à-dire ?
    — Encore du sang. Celui d’un jeune coq noir, posé devant
l’autel, la tête tranchée lui aussi. Je crains que nous n’ayons affaire à de la
sorcellerie, messire Shardlake.
    — Et il vous manque une relique, paraît-il ? »
    Il se mordit la lèvre.
    « La grande relique de Scarnsea. C’est un objet sacré
exceptionnel : la main du bon larron qui a souffert aux côtés du Christ, clouée
sur un fragment de sa croix. Le frère Gabriel s’est aperçu de sa disparition un
peu plus tard ce matin-là.
    — Je crois comprendre qu’elle possède une grande valeur
marchande. Il s’agit d’un reliquaire en or incrusté d’émeraudes, n’est-ce pas ?
    — En effet. Mais je me préoccupe davantage de son
contenu. L’idée qu’un objet possédant un tel pouvoir sacré puisse tomber entre
les mains d’une sorcière…
    — La décapitation du commissaire du roi n’est pas due à
un acte de sorcellerie.
    — Certains des frères n’en sont pas si sûrs. Il n’y a aucun
instrument dans la cuisine qui puisse servir à trancher la tête d’un homme. Ce
n’est guère facile à faire… »
    Je me penchai en avant, plaçant une main sur mon genou. Je
cherchais à soulager mon dos, mais on aurait dit un geste de défi.
    « Vos relations avec le commissaire Singleton n’étaient
pas bonnes. Vous

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