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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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de son
habit. « Je vais vous faire conduire à l’infirmerie. »
    Nous le suivîmes dans le vestibule. Il s’inclina puis s’éloigna
d’un pas très vif.
    « Va-t-il vous donner les clefs ? demanda Mark.
    — Oh ! je pense que oui. Il a peur de Cromwell. Mordieu !
il connaît la loi. S’il est de basse extraction, comme l’affirme Goodhaps, être
abbé de ce magnifique monastère doit beaucoup compter pour lui.
    — Il a l’accent d’un gentilhomme.
    — On peut se forger un accent. Nombreux sont ceux qui ne
ménagent pas leur peine pour y parvenir. Celui de lord Cromwell ne porte plus
guère la trace de Putney. Et le tien ne sent pas la ferme, d’ailleurs.
    — Il n’a guère apprécié qu’on ne loge pas chez lui.
    C’est vrai, et le vieux Goodhaps sera déçu. Mais je n’y peux
rien. Je ne veux pas être isolé ici, sous l’œil de l’abbé. Il me faut être près
du saint des saints. »
    **
    Le prieur Mortimus apparut quelques minutes plus tard, chargé
d’un volumineux trousseau de clefs attachées par un anneau. Il y en avait une
bonne trentaine, certaines énormes et décorées, datant de plusieurs siècles. Il
me les tendit, un sourire pincé sur les lèvres.
    « Je vous prie de ne pas les perdre, monsieur. C’est le
seul trousseau de rechange que nous possédions. »
    Je le passai à Mark.
    « Peux-tu les garder, s’il te plaît ? Il y avait
donc bien un trousseau de rechange ? »
    Le prieur se garda de répondre sur ce point.
    « On m’a demandé de vous accompagner à l’infirmerie. Le
frère Guy vous attend. »
    Nous sortîmes de la maison avec lui, repassant devant les
ateliers aux portes et aux volets clos désormais, car la nuit était tombée. C’était
une nuit sans lune et il faisait plus froid que jamais. Vu ma fatigue, j’avais
la sensation que le froid glacial me pénétrait jusqu’à la moelle des os. Nous
passâmes devant l’église, où l’on chantait des hymnes. Il s’agissait de belles
polyphonies très travaillées, accompagnées par de la musique d’orgue. Cela n’avait
rien à voir avec les gazouillements peu mélodieux que j’avais jadis entendus à Lichfield.
    « Qui est votre préchantre ? demandai-je.
    — Le frère Gabriel, notre sacristain, qui est aussi
maître de chapelle. C’est un homme doué de nombreux talents. » Je perçus
une note d’ironie dans le ton du prieur.
    « N’est-il pas un peu tard pour les vêpres ?
    — Un tout petit peu. C’était hier le jour des morts et
les moines ont passé toute la journée à l’église.
    — Partout les monastères suivent leur propre emploi du
temps, fis-je en secouant la tête, et il est toujours moins strict que celui
établi par saint Benoît. »
    Il opina du chef, la mine grave.
    « Et lord Cromwell a raison de stipuler qu’on doit
contraindre les moines à observer les règles. Quant à moi, je fais tout ce qui
est en mon pouvoir pour les y obliger. »
    Nous longeâmes le mur du cloître délimitant la résidence des
moines puis entrâmes dans le grand jardin de plantes aromatiques que j’avais
remarqué plus tôt. Vue de près, l’infirmerie était plus vaste que je ne l’avais
imaginé. Le prieur tourna le loquet métallique de la solide porte et nous le
suivîmes à l’intérieur du bâtiment.
    La longue salle de l’infirmerie s’étendait sous nos yeux, une
rangée de lits de chaque côté, très espacés les uns des autres et vides pour la
plupart, ce qui me rappela que les bénédictins étaient désormais fort réduits
en nombre. Ils n’auraient eu besoin d’une si vaste infirmerie qu’à l’époque où
l’ordre comptait le plus de moines, avant la Grande Peste. Seuls trois lits
étaient occupés, par des vieillards en chemise de nuit. Dans le premier était
assis un gros moine rubicond en train de manger des fruits secs. Il nous
dévisagea avec curiosité. L’homme qui se trouvait dans le suivant ne se tourna
pas vers nous et je compris qu’il était aveugle, les yeux d’un blanc laiteux à
cause de la cataracte. Dans le troisième, un très vieil homme, dont le visage n’était
plus qu’un amas de rides, marmonnait, à demi conscient. Une personne portant
une coiffe blanche et une robe bleue de serviteur se penchait au-dessus de lui
et essuyait doucement son front avec un linge. À ma grande surprise, je m’aperçus
qu’il s’agissait d’une femme.
    À l’autre bout de la salle, assis autour d’une table près du
petit autel, le bras

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