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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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l’air qu’on respire. Maintenant
que vous êtes là, monsieur, puis-je rentrer chez moi ?
    — Pas tout de suite. Bientôt, peut-être.
    — Au moins, vous et ce jeune homme me tiendrez compagnie. »
    Un coup fut frappé à la porte et la tête du serviteur apparut
dans l’entrebâillement.
    « L’abbé est rentré, monsieur.
    — Très bien. Mark, aide-moi, je suis tout engourdi. »
Il m’aida à me relever et je brossai mes vêtements.
    « Merci, messire Goodhaps. Nous pourrons peut-être
continuer cette conversation plus tard. Au fait, où sont passés les livres de
comptes qu’étudiait le commissaire ?
    — L’économe les a repris. » Il secoua sa tête
blanche. « Comment en sommes-nous arrivés là ? Tout ce que je
désirais, c’était la réforme de l’Église. Comment en sommes-nous venus à un
monde où se produisent de telles choses ? Rébellion, trahison, meurtre. Parfois,
je me demande s’il existe un chemin pour sortir de tout cela.
    — En tout cas, il existe un chemin pour sortir des
mystifications élaborées par les hommes, rétorquai-je avec force. De cela je
suis sûr. Viens, Mark ! Allons voir le bon seigneur abbé… »

6
    L e
domestique nous précéda dans l’escalier et nous fit entrer dans une vaste salle
dont les murs étaient tendus de tapisseries flamandes aux vives couleurs, anciennes
mais très belles. Les fenêtres donnaient sur un grand cimetière planté d’arbres
où deux serviteurs ratissaient les dernières feuilles mortes.
    « Le seigneur abbé est en train de quitter son costume
de chasse. Il sera à vous tout de suite. » Il nous fit un profond salut et
sortit, nous laissant nous chauffer le dos devant le feu.
    Le principal meuble de la pièce était un large bureau jonché
de papiers et de parchemins. Il y avait un fauteuil rembourré derrière et de
simples tabourets devant. Le grand sceau de l’abbaye se trouvait sur un bloc de
cire à cacheter, lui-même placé sur un plateau de cuivre, à côté d’une carafe
de vin et de plusieurs timbales d’argent. Une bibliothèque couvrait tout le mur
derrière le bureau.
    « Je ne me doutais pas que les abbés vivaient dans un
tel luxe, dit Mark.
    — Oh si ! Ils ont leur propre demeure. Jadis, les
abbés habitaient au milieu des frères, mais lorsque la Couronne a commencé à
lever des impôts sur leur maison, il y a plusieurs siècles, on a trouvé la
parade en donnant à l’abbé son propre revenu, légalement distinct. Aujourd’hui,
tous les abbés mènent grand train et laissent les prieurs s’occuper de la
majeure partie de la gestion quotidienne du monastère.
    — Pourquoi le roi ne change-t-il pas la loi afin qu’on
puisse faire payer des impôts aux abbés ? »
    Je haussai les épaules.
    « Jadis, les rois avaient besoin du soutien des abbés à
la Chambre des lords. Aujourd’hui… De toute façon, ça n’aura bientôt plus d’importance.
    — Par conséquent, c’est cette brute d’Écossais qui
assure en fait la gestion quotidienne de l’établissement ? »
    Contournant le bureau, j’allai examiner les livres de la
bibliothèque. Je remarquai un exemplaire imprimé des statuts anglais.
    « C’est une authentique brute, pas vrai ? Il avait
l’air de prendre plaisir à maltraiter le novice, dis-je.
    — Ce garçon semblait malade.
    — Oui. J’aimerais savoir pourquoi on oblige un novice à
effectuer des tâches de domestique.
    — Je croyais que les moines devaient employer une partie
de leur temps à des travaux manuels.
    — C’est bien ce que prescrit la règle de saint Benoît. Mais
depuis des centaines d’années aucun moine dans une maison de bénédictins ne s’est
sali les mains en accomplissant un travail honnête. Les serviteurs se coltinent
toutes les corvées. Non seulement la cuisine, le soin des chevaux, mais ils s’occupent
du feu, font les lits des moines, les aident parfois à se vêtir, et qui sait à
quoi d’autre… »
    Je pris le sceau et l’étudiai à la lumière du feu. Il était
en acier trempé. Je montrai à Mark l’effigie gravée de saint Donatien portant
la toge romaine, penché au-dessus d’un homme gisant sur un panier de bât et
dont le bras se tendait vers le saint en un geste de supplication. C’était un
joli travail, les plis de la toge étant dessinés avec une grande précision.
    « Saint Donatien ramenant le mort à la vie. J’ai lu son
histoire avant notre départ dans mon exemplaire de La Vie des

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