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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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savez. Ils ont été déçus quand les injonctions ont interdit qu’on
fasse payer pour montrer les reliques.
    — J’imagine qu’il est très volumineux. »
    Il hocha la tête.
    « Il en existe un dessin dans la bibliothèque. Si vous
souhaitez le voir…
    — Avec plaisir. Merci. Dites-moi, qui s’est aperçu de la
disparition de la relique ?
    — Moi-même. C’est aussi moi qui ai découvert la
profanation de l’autel.
    — Racontez-moi comment cela s’est passé, s’il vous plaît. »
Je m’assis sur l’éperon d’un pilier. Mon dos me faisait beaucoup moins mal mais
je ne voulais pas rester debout trop longtemps.
    « Je me suis levé vers cinq heures comme d’habitude et
suis venu préparer l’église pour les nocturnes. La nuit, il n’y a que quelques
bougies allumées devant les statues, si bien que lorsque je suis entré dans l’église
en compagnie de mon assistant, le frère Andrew, nous n’avons rien remarqué d’anormal
tout d’abord. Puis nous avons pénétré dans le chœur. Andrew a allumé les
cierges dans les stalles et j’ai ouvert les missels à la page de la prière de
ce matin-là. Comme il était en train d’allumer les cierges, le frère Andrew a
vu une traînée de sang sur le sol et il m’a appelé. La traînée allait jusqu’à
la… (il frissonna)… table de communion. Là, sur la table devant le maître-autel,
il y avait un coq noir, égorgé. Que Dieu nous protège ! Des plumes noires
maculées de sang placées sur l’autel même, un cierge allumé de chaque côté, en
un simulacre satanique. » Il refit le signe de la croix.
    « Pourriez-vous me montrer l’endroit précis, mon frère ? »
    Il hésita.
    « L’église a été reconsacrée, mais je ne crois pas qu’il
soit bienséant de revivre ces événements devant l’autel lui-même.
    — Malgré tout, je dois vous demander… »
    Il me fit passer à contrecœur par une porte du jubé et entrer
dans le chœur où se trouvaient les stalles. Je me rappelai que Goodhaps avait
dit que les moines paraissaient plus bouleversés par la profanation de l’autel
que par la mort de Singleton.
    Le chœur contenait deux rangées de stalles de bois, noircies
par le passage des siècles mais merveilleusement sculptées, se faisant face
au-dessus d’un espace carrelé. Le frère Gabriel désigna le sol.
    « C’est là qu’il y avait du sang. Il avait coulé
jusque-là… » Je le suivis jusqu’à l’endroit où, recouvert d’une nappe
blanche, se dressait le maître-autel devant un retable joliment sculpté et décoré
à la feuille d’or. L’air embaumait l’encens. Il désigna deux chandeliers d’argent
très ouvragés, posés sur la table devant le maître-autel, de part et d’autre du
centre où, lors de la célébration de la messe, on plaçait le calice et la
patène.
    « C’était là. »
    Je pense que la messe doit être une cérémonie simple et en
bon anglais, afin que les hommes puissent réfléchir à leur rapport avec Dieu, au
lieu d’être distraits par un magnifique décor et les ornements du latin. Peut-être
fut-ce pour cette raison, ou à cause de ce qui s’était passé en ce lieu, que, devant
cet autel richement décoré et baigné par la lumière tamisée des bougies, j’éprouvai
soudain une forte impression de mal, au point de tressaillir. Non pas l’impression
qu’un crime banal ou des petits péchés furtifs avaient été commis à cet endroit,
mais qu’on était en présence de l’œuvre du Malin lui-même. À côté de moi, le
sacristain avait le visage ravagé de chagrin.
    « Voilà vingt ans que je suis moine, dit-il. Pendant les
jours les plus sombres et les plus froids de l’hiver j’ai vénéré l’autel durant
les matines, et le poids pesant sur mon âme, quel qu’il soit, disparaissait dès
que le premier rayon du soleil traversait le vitrail est. Il nous emplit de
lumière et nous apporte la promesse divine. Mais désormais je ne pourrai plus
regarder l’autel sans que cette scène s’impose à mon esprit. C’était l’œuvre du
démon.
    — En tout cas, mon frère, répondis-je doucement, c’est
aussi l’œuvre d’un être de chair et d’os et je dois le trouver. » Je me
dirigeai vers les stalles où je m’assis, faisant signe au frère Gabriel de s’installer
à côté de moi. « Quand vous avez vu cet outrage, frère sacristain, qu’avez-vous
fait ?
    — J’ai dit qu’il fallait aller chercher le prieur. Mais
juste à ce

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