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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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a une
erreur, ne serait-ce que d’un penny, il vous rend la vie impossible, vous fait
revérifier tous vos comptes. J’ai commis une peccadille et maintenant il me
fait travailler au bureau nuit et jour. Il est sorti pour un bon moment, autrement
je n’aurais pas osé rester si longtemps absent.
    — Ainsi donc, parce que votre maître vous punit pour vos
fautes, vous êtes disposé à causer des ennuis auprès de lord Cromwell au frère
Gabriel et à d’autres afin qu’il adoucisse votre régime ? »
    Il eut l’air perplexe.
    « Mais lord Cromwell ne veut-il pas que les moines
dénoncent les méfaits, monsieur ? Tout ce que je souhaite c’est lui rendre
service.
    — Je suis ici pour enquêter sur la mort du commissaire
Singleton, mon frère, dis-je avec un soupir. Si vous détenez des renseignements
à ce propos, je vous écouterai volontiers. Autrement, vous me faites perdre mon
temps.
    — Je suis désolé.
    — Vous pouvez disposer. » Il parut sur le point d’ajouter
quelque chose, puis, se ravisant, il quitta le local en toute hâte. Je donnai
un coup de pied dans une barrique et éclatai d’un rire rageur.
    « Dieu, quel drôle d’individu ! Bon. Cela ne nous
apporte rien.
    — Les informateurs… Ça apporte surtout des ennuis ! »
Mark fit un bond de côté en poussant un juron, tandis que l’une des volailles
lâchait une fiente sur sa tunique.
    « Oui. Ils sont comme ces poules, ils ne s’occupent pas
de savoir où tombe leur merde. » J’arpentai la brasserie. « Grand
Dieu ! ce chenapan m’a fait peur quand je l’ai entendu de l’autre côté de
la porte du cabinet. J’ai cru que c’était l’assassin qui me guettait. »
    Mark me regarda d’un air sombre.
    « J’avoue que je n’aime pas me trouver seul en ces lieux.
La moindre ombre vous fait sursauter. Peut-être devrions-nous rester ensemble, monsieur ?
    — Non, il y a trop à faire. Retourne à l’infirmerie. Tu
sembles bien t’entendre avec Alice.
    — Elle me raconte toute sa vie, répondit-il avec un
sourire suffisant.
    — Parfait. Je vais de ce pas rendre visite au frère
Gabriel. Peut-être me racontera-t-il la sienne. Je ne pense pas que tu aies
déjà eu le temps d’explorer l’endroit ?
    — Non, monsieur.
    — Eh bien ! tâche de le faire. Demande des
protège-chaussures au frère Guy. Mais reste sur tes gardes », ajoutai-je
en le fixant avec gravité.
    **
    Je m’arrêtai devant l’église. Voyant l’un des garçons de
cuisine marcher péniblement dans la neige, ses culottes de laine bon marché
détrempées, je fus ravi de porter les protège-chaussures du frère Guy. Les
serviteurs n’y avaient pas droit cependant. Cela aurait coûté trop cher. Le
frère Edwig aurait eu une attaque.
    J’étudiai la façade de l’église. Autour des grands portails
de bois, hauts de vingt pieds, la pierre était richement sculptée de
gargouilles et de monstres destinés à effrayer les esprits malins, la face usée
après quatre siècles mais l’expression toujours vive. À l’instar des grandes
cathédrales, l’église du monastère cherchait à impressionner les laïcs. Une
image grandiose des deux. Une promesse de prières pour un être cher au
purgatoire ou une guérison miraculeuse due à une relique auraient cent fois
plus de poids dans un tel décor. J’entrebâillai le lourd portail et, me
glissant à l’intérieur, je me retrouvai dans un endroit extrêmement sonore.
    Tout autour, soutenues par des piliers peints d’un rouge et d’un
noir éclatants, les grandes voûtes de la nef avaient près de cent pieds de
hauteur. Des carreaux bleus et jaunes couvraient le sol. L’œil était attiré par
l’imposant jubé de pierre s’élevant au milieu de la nef et sur lequel étaient
peintes en vives couleurs des figures de saints. Au-dessus du jubé, éclairées
par des cierges, se dressaient les statues de saint Jean-Baptiste, de la Vierge
et de Notre-Seigneur. De sorte à laisser entrer le soleil levant, un grand
vitrail aux figures géométriques jaunes et orange avait été placé à l’est, à l’extrémité
de l’église. Il inondait la nef d’une suave lumière terre d’ombre, surnaturelle
et paisible, qui adoucissait la vive variété des couleurs. Les bâtisseurs
savaient créer une ambiance, aucun doute là-dessus.
    J’avançai lentement dans la nef. Le long des murs s’alignaient
des statues peintes de saints ainsi que divers petits reliquaires, dans
lesquels on

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