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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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de largeur et un de hauteur.
    « Voici donc les émeraudes, dis-je. Elles sont très
grosses. Le coffret aurait pu être dérobé pour son or et ses pierres précieuses,
non ?
    — Certes. Mais si un chrétien faisait cela il perdrait
son âme.
    — J’avais toujours cru que les larrons crucifiés en même
temps que le Christ avaient eu les mains attachées à la croix et non pas
clouées dessus, afin de prolonger leurs souffrances. C’est ainsi qu’on les
montre sur les tableaux religieux.
    — Personne ne le sait vraiment, soupira-t-il. Les
Évangiles disent que Notre-Seigneur est mort le premier, mais il avait été
torturé au préalable.
    — Quel pouvoir de tromper ont les peintures et les
statues !… Quelle ironie ! N’est-ce pas ?
    — Que voulez-vous dire, monsieur ?
    — Cette main appartenait à un voleur. Or sa relique, qu’on
pouvait voir, moyennant finance, jusqu’à ce que ce soit interdit comme pratique
usuraire, a été elle-même volée.
    — C’est peut-être ironique, répondit le frère Gabriel d’un
ton serein, mais pour nous il s’agit d’un grand malheur.
    — Un homme seul pourrait-il transporter le reliquaire ?
    — Il est porté par deux hommes pendant la procession de
Pâques. Un homme costaud pourrait le porter seul, mais pas très longtemps.
    — Jusqu’aux marais, peut-être ? »
    Il opina du chef.
    « Peut-être.
    — Alors je pense qu’il est temps que j’aille y jeter un
coup d’œil, si vous voulez bien m’indiquer le chemin.
    — Avec plaisir. Il existe une porte dans le mur de
derrière.
    — Merci, frère Gabriel. Votre bibliothèque est
impressionnante. »
    Il me reconduisit dehors et désigna le cimetière. « Suivez
le sentier qui le traverse, dépassez le verger et l’étang à poissons, et vous
verrez le portail. Il va y avoir beaucoup de neige.
    — J’ai mes protège-chaussures. Eh bien ! nous nous
reverrons sans doute au dîner. Vous aurez alors l’occasion de rencontrer à
nouveau mon jeune assistant. » Je fis un sourire narquois. Il rougit et
baissa les yeux.
    « Ah… oui ! En effet…
    — Très bien, mon frère, je vous remercie de votre aide
et de votre franchise. Bonne journée ! » J’inclinai la tête et le
quittai. Quand je me retournai il se dirigeait lentement vers l’église, le dos
courbé.

12
    J e
passai devant les ateliers et franchis la barrière du cimetière laïque. Il
paraissait plus petit en plein jour. Les pierres tombales des habitants du
village ayant payé pour être enterrés là, ainsi que celles des visiteurs morts
au monastère, étaient à moitié enfouies sous la neige. Il y avait trois autres
grands tombeaux familiaux de pierre semblables à la crypte des Fitzhugh où l’on
était entrés la veille. À l’autre bout, des rangées d’arbres fruitiers levaient
leurs bras dénudés vers le ciel.
    Ces cryptes, me dis-je, feraient d’excellentes cachettes. Marchant
péniblement dans la neige, je me dirigeai vers la plus proche tout en détachant
de ma ceinture le trousseau de clefs fourni par l’abbé. Mes doigts gelés et
gourds en cherchèrent une de la bonne taille et qui s’encastre dans la serrure.
    Je fouillai chaque crypte l’une après l’autre, mais rien n’était
dissimulé dans ces tombeaux de marbre blanc. Leur sol de pierre était couvert
de poussière et il n’y avait aucun signe qu’on y eût pénétré depuis des lustres.
L’une d’entre elles appartenait à une autre famille de Hastings de haute lignée
décimée durant les guerres civiles, me rappelai-je. Et cependant, tout ce qui
resterait des êtres enterrés là, me dis-je, en revoyant les moines en train de
psalmodier leurs messes privées, ce seraient des noms appris par cœur et lancés
chaque jour à la cantonade. Je secouai la tête et repris le chemin du verger, où
des corbeaux affamés croassaient dans les arbres squelettiques. Progressant
cahin-caha entre les tombes, je me réjouissais de m’être muni de mon bâton.
    J’entrai dans le verger par un portillon et avançai avec
précaution entre des arbres chargés de neige. Tout était calme et silencieux. En
plein air, j’eus le sentiment que j’avais enfin assez d’espace pour réfléchir.
    C’était étrange de se retrouver dans un monastère après tant
d’années. Quand j’étais élève à Lichfïeld je n’avais été qu’un petit infirme
insignifiant. Ici je détenais l’autorité d’un émissaire de lord Cromwell et
plus de

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