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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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votre main ?
    — Cela va de pair.
    — Ai-je votre parole ?
    — Vous l’avez.
    — Dans ce cas… Apprenez qu’une réunion va se tenir demain, à deux heures de l’après-midi. Sur les terres sinistrées du sieur Lanteaume. Ce rebelle sera d’ailleurs présent, en compagnie d’une poignée de fidèles.
    — Comment le savez-vous ?
    — Je le sais, parce que je l’ai entendu, je suis encore la mieux placée pour écouter aux portes.
    — Cette information est capitale.
    — J’en ai une autre. Voyez comme je vous dis tout. Fargis a bien fait empoisonner votre père. Pour cela, il avait employé les services d’une bohémienne, d’une apprentie criminelle nommée Valériane . Une fois la besogne accomplie, Fargis voulait éliminer la fille, pour plus de précaution. Mais elle lui a filé entre les doigts. Il l’a reconnue, ici, à Paris, avant que nous arrivions, mon mari et moi-même. Il l’a suivie, s’est arrangé pour lui mettre une mauvaise affaire sur le dos, la faire accuser, puis arrêter. Elle fut ainsi conduite à la potence. Je n’en sais pas davantage. Vous n’avez pas de preuve à fournir, mais vous pouvez être certain de votre bon droit.
    Un risque à prendre
    Edmond accuse le coup. Il garde un instant le silence, avant de répondre et de pousser son avantage :
    — Adélaïde, votre aide et votre confiance me touchent. Encore une fois, je saurai m’en souvenir, et je vous assure que le cardinal en tiendra compte. La balance penche maintenant de notre côté. Cependant, il nous en faut davantage encore… afin de mettre la cognée à l’arbre. Nous devons obtenir une liste. La liste des conjurés, avec leurs signatures, leurs sceaux, tout ce qui pourra confondre les coupables de manière irréfutable. Cette liste, vous devez faire en sorte, s’il ne l’a déjà, que votre mari l’obtienne.
    — Par quels moyens ? Je suis censée ne rien savoir des agissements occultes de mon époux.
    — C’est bien simple. Dites-lui une moitié de vérité. Dites-lui que vous avez surpris par mégarde une conversation privée, que vous savez. Et que vous songez à sa protection, à ses garanties. Dites-lui bien que vous êtes de son côté, que vous approuvez son projet.
    — Mais il pourrait me faire tuer, y songez-vous, de peur que je le trahisse !
    — Il n’en fera rien. Un tel incident attirerait trop l’attention du cardinal, qui se méfierait. Et puis, quoique vous disiez, quoique vous subissiez encore, il doit tenir à vous. Vous êtes si… séduisante.
    — Bien, j’essaierai. Comment vous tenir informé ?
    — La belle question ! Vous n’ignorez plus où je loge. Pour cela aussi, je vous fais entièrement confiance.
    Le passé enfoui d’un bourreau des cœurs pourrait servir les desseins ténébreux d’une cabale
    À l’heure de la séparation, dit don Juan, je laisse notre joli couple se dire adieu avec tendresse, et tout en prenant garde de rester en retrait, je marche sur les pas d’Edmond. Il est dans la cour. Je me place à côté de lui, le saluant au passage. Je passe inaperçu. En revanche, une femme, elle, m’a bien reconnu. Mes écarts de jeunesse vont nous mettre dans de sales draps, d’Artagnan.
     
    Mais voici la scène.
    Pour prendre pied dans le décor, et ne point paraître indiscret, je justifie assez bien ma présence en dévorant des yeux toutes ces jeunes femmes défilant devant moi. Je me découvre régulièrement, je souris avec gourmandise, mes rides rajeunissent, je baise des mains, mais dès qu’un échange courtois s’engage, je perds le fil, je me montre incapable de suivre une conversation et l’on m’abandonne d’un air amusé. Je suis trop courbé pour recevoir un soufflet, passé un certain âge, la concupiscence devient une coquetterie. Ma surdité, du reste, sans compter mon habit noir, ma fonction religieuse, me préservent de toute réprimande. Bref, je contemple, j’admire, et personne n’y voit le moindre mal.
    Edmond de Villefranche, lui, est des plus troublé.
    Et il n’a pas fini de l’être.
    Alors qu’il observe la scène sur laquelle Hercule vient de monter, qu’il songe certainement à cette conversation qu’il vient d’avoir avec Adélaïde de Gaillusac, au double jeu qu’il se voit contraint de mener, ne sachant plus sans doute que penser vraiment, à qui se vouer, alors qu’il doit se juger bien sévèrement, nous maudire, vous d’Artagnan, moi et le cardinal de l’avoir entraîné sur une telle pente, dans de

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